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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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par-dessus la fenêtre et tendit la main à son ami qui la serra.
    – Ne lambine pas, Gustl, viens vite ! Tu vas voir, ça va être formidable !
    ***
    Le 8 février, August recevait une belle carte postale montrant la salle des armures du Kunsthistorisches Hofmuseum.
    Mon cher ami,
    J’attends avec impatience de tes nouvelles m’annonçant ton arrivée. Écris-moi vite, tout Vienne t’attend ! Je serai à la gare. Le beau temps vient d’arriver, j’espère qu’il durera. Comme convenu, tu habiteras d’abord avec moi, ensuite nous verrons. On peut obtenir des pianos au Dorotheum pour cinquante à soixante Kronen . Mon meilleur souvenir pour toi et tes parents,
    Adolf Hitler
    P.-S. : Je t’en prie, viens vite.
    ***
    – Reste toujours un honnête homme, dit son père en lui serrant vigoureusement la main, le regardant droit dans les yeux.
    Puis ce fut le tour de sa mère, qui l’embrassa sur les deux joues et le bénit en traçant une croix sur le front avec son pouce.
    Le cœur gros, refoulant ses larmes, August quitta ses parents et entra dans la gare, se dirigeant sans hésitation vers le quai où il avait accompagné Adolf à trois reprises : aujourd’hui, 22 février 1908, c’était lui qui partait. Il monta dans le compartiment de troisième classe et son billet numéroté à la main il chercha sa place en priant qu’elle ne fût pas occupée, se sachant par avance incapable de protester.
    Cinq heures trente plus tard, à la tombée de la nuit, le train entra dans la Westbahnhof. Intimidé par les gens, par le vacarme, par toutes ces lampes électriques qui illuminaient la gare comme en plein jour, August récupéra sa malle et resta planté sur le quai, décontenancé, songeant à faire demi-tour. Et puis Adolf apparut, souriant de loin et brandissant au-dessus de la foule sa canne à pommeau d’ivoire, tel Moïse ordonnant aux eaux de la mer Rouge de se séparer pour le laisser passer. Il était vêtu d’un chapeau sombre, d’un pardessus bien coupé qu’August ne lui connaissait pas, d’un pantalon noir au pli effilé, de chaussures impeccablement cirées.
    Son ami eut un geste large englobant la gare et la capitale impériale tout autour.
    – Tu vois, mon vieux Gustl, je te l’avais bien dit !
    Souriant de toutes ses dents, il se pencha vers August et l’embrassa sur la joue droite : une grande première dans leur relation.
    – D’abord, nous allons déposer ta malle dans ma chambre, et on se passe de porteur, la Stumpergasse n’est pas loin.
    Adolf prit l’une des poignées de la malle, August prit l’autre et ils sortirent de la Westbahnhof d’un même pas, avançant de profil afin de mieux trancher dans la foule. Les dizaines de fiacres qui attendaient le client, le tourbillon des bruits de toutes sortes, la hauteur des maisons, le va-et-vient de la circulation dans la Mariahilferstrasse, les tramways roulant dans les deux sens, les passants indifférents… et le tout électriquement illuminé d’abondance.
    – Dis-moi, Adolf, c’est tous les jours comme ça ?
    – Oui, sauf peut-être le dimanche.
    Arrivé devant le 31 Stumpergasse, August fut agréablement surpris par l’aspect bourgeois de la façade. Il déchanta après avoir traversé l’immeuble et une cour intérieure qui menait à un deuxième immeuble délabré. August fut soulagé de s’arrêter au deuxième étage. Son ami ouvrit la porte 7 avec sa clef et lui fit signe d’entrer dans ce qui était une cuisine : une odeur de pétrole tortilla les narines d’August. Ils traînèrent la malle à travers une pièce relativement grande puis dans une chambrette occupée par deux lits placés à l’opposé l’un de l’autre : entre eux une table et un tabouret. Adolf alluma la lampe à pétrole et regroupa les croquis et les dessins dispersés sur la table.
    – C’est le tien, dit-il en désignant le lit métallique pliant que lui avait prêté Frau Zakreys.
    – Qu’est-ce que c’est que ces boîtes ?
    – C’est pour empêcher les punaises de venir te manger vif pendant la nuit. Elles ne supportent pas le pétrole.
    – Et c’est efficace ?
    Adolf redressa sa mèche, puis se gratta la nuque.
    – Ça dépend, il leur arrive de trouver un moyen.
    Il montra le tabouret.
    – Prends-le, demain j’en demanderai un autre à Frau Zakreys. En attendant je vais m’asseoir sur le lit.
    August s’assit là où Adolf lui avait dit de s’asseoir.
    Étalant sur la table deux doubles

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