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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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minable : un lit de fer, un matelas affaissé, une chaise bancale, une table à l’avenant, un bougeoir avec un rogaton de bougie fiché dessus : l’unique fenêtre s’ouvrait sur les entrepôts de la Westbahnhof. L’absence d’odeur de pétrole l’inquiéta.
    – Il y a des punaises ici ?
    La logeuse lui rit au nez.
    – Parce que vous connaissez un endroit à Vienne où y en a pas ?
    Adolf ouvrit sa malle et commença le rituel de possession des lieux en sortant le portrait encadré de Klara, puis ceux de Bismarck, Richard, Arthur et Winnetou.
    – Et oubliez pas d’aller vous inscrire au commissariat, ordonna Frau Riedl.
    Adolf obéit le jour même, mais cette fois, en place d’artiste peintre, il se déclara écrivain.
    Renonçant provisoirement à la peinture, il décida d’écrire un roman social : l’histoire d’un orphelin rejeté de tous et qui finit par se venger d’une manière wagnérienne en diable. Puis il écrivit une nouvelle futuriste sur un jeune scientifique viennois qui devient un héros national en découvrant le remède absolu qui anéantit la totalité des punaises de la capitale et de ses alentours (en une nuit).
    ***
    Le 1 er  mai 1909, dix jours après son vingtième anniversaire, Adolf se rendit à la poste collecter sa pension d’orphelin ; comme chaque mois, le fonctionnaire lui compta ses vingt-cinq Kronen , mais cette fois il le prévint qu’elle lui était versée pour la dernière fois.
    – Pourquoi ? Mais parce que depuis le 20 avril vous êtes majeur, jeune homme.
    Ces vingt-cinq Kronen ajoutées aux quatre Kronen et soixante Heller qui occupaient le fond de sa poche faisaient qu’il possédait, en tout et pour tout, vingt-neuf Kronen et soixante Heller … desquels il devait soustraire les six Kronen du loyer à venir. Combien de jours allait-il tenir ainsi ? Qu’arriverait-il lorsqu’il ne pourrait plus payer son loyer ? Une perspective qui le terrifiait… et l’enveloppe du pactole Tricotin était vide depuis décembre dernier.
    Renonçant à chercher un travail, Adolf se fit parcimonieux avec le peu d’argent qui lui restait. Épargner devint une obsession de chaque instant qui lui causa des aigreurs d’estomac, des maux de crâne persistants et même une inattendue poussée d’acné juvénile… sans oublier son météorisme de
type vétéran qui, à l’approche du jour du loyer, échappait à tout contrôle humain.
    ***
    Le 17 juin, un jour ensoleillé, Adolf entra pour la première fois dans le Dorotheum (le Crédit municipal) et ressortit sans la montre-bracelet que lui avait offerte sa mère le jour de sa confirmation. Le préposé au guichet lui en avait donné quatre Kronen .
    Le mois suivant, contre sept Kronen et cinquante Heller , il déposa son chevalet en acajou, ses pinceaux en poils de martre, ses couleurs, sa belle règle en T, ses trois dernières toiles vierges, et le grand carton contenant les quarante-quatre aquarelles et huiles rejetées par le jury. L’employé du Dorotheum refusa ces dernières, expliquant que l’établissement n’acceptait pas les œuvres d’art inconnues.
    Et puis, le 16 août, arriva au courrier la lettre lui ordonnant de se présenter au conseil de révision de Linz, et cela avant le 1 er  septembre.
    – Alors là, ils peuvent courir vite !
    ***
    Le 20 août, Adolf quitta la Felberstrasse pour louer une chambrette à une Krone par semaine dans un taudis au 58 de la Sechshauserstrasse, premier étage, porte 21. Sa logeuse, Antonia Oberhauser, était la veuve d’un commis aux écritures, décédé d’un cancer du pancréas qui l’avait foudroyé en trois mois et quelques jours. Frau Oberhauser avait surtout l’avantage de ne pas exiger de ses locataires un enregistrement au commissariat de l’arrondissement.
    La chambrette avait un aspect désolant : le papier peint était constellé de chiures de mouches, un morceau de carton remplaçait une vitre de la fenêtre et l’immeuble vibrait dangereusement chaque fois qu’un tramway s’engageait
dans la rue. Chaque samedi, la logeuse tambourinait contre sa porte jusqu’à ce qu’il ouvre et s’acquitte de son loyer : aucun retard n’était toléré.
    Adolf reprit le chemin du Dorotheum et y abandonna ses vingt-huit derniers livres contre trois Kronen et soixante-dix Heller . Le préposé hésita sur un seul volume : Trois essais sur la théorie de la sexualité .
    – Ce n’est pas ce que vous croyez, c’est un livre

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