La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
eût reçu des nouvelles plus certaines, et il s’occupa à finir une cotte de mailles qu’il avait dessein de rendre la mieux trempée et la mieux polie que ses mains habiles eussent jamais fabriquée. Les travaux de sa profession lui étaient plus agréables qu’aucune autre occupation qu’il aurait pu choisir, et ils lui servaient d’excuse pour se renfermer dans sa boutique et éviter la société, où les bruits vagues qui circulaient tous les jours n’auraient servi qu’à l’inquiéter et à le troubler. Il résolut de se fier à l’amitié éprouvée de Simon, à la foi de sa fille et à la protection du prévôt, qui, pensait-il, après tous les éloges qu’il avait donnés à sa valeur lors de son combat contre Bonthron, ne l’abandonnerait jamais dans la situation critique où il se trouvait. Cependant les jours se passaient, le temps s’écoulait, et ce ne fut que lorsque le dimanche des Rameaux était sur le point d’arriver que sir Patrice Charteris, étant allé à Perth pour prendre quelques arrangemens relativement au combat qui allait avoir lieu, songea à faire une visite à l’armurier du Wynd.
Il entra dans l’atelier avec un air de compassion qui ne lui était pas ordinaire, et qui fit sur-le-champ soupçonner à Henry qu’il lui apportait de mauvaises nouvelles. L’armurier prit l’alarme, et le marteau levé resta suspendu sur le fer rouge, tandis que le bras agité qui le tenait, auparavant fort comme celui d’un géant, perdit sa vigueur au point qu’il put à peine déposer son instrument par terre, au lieu de le laisser échapper de sa main.
– Mon pauvre Henry, dit sir Patrice, je vous apporte des nouvelles peu agréables, mais elles ne sont pas certaines, et quand elles seraient vraies, elles sont de telle nature qu’un homme aussi brave que vous ne devrait pas les prendre trop à cœur.
– Au nom du ciel ! milord prévôt, j’espère que vous ne m’apportez pas de mauvaises nouvelles de Simon Glover ou de sa fille ?
– Relativement à eux, non ; ils sont en sûreté et se portent bien ; mais c’est relativement à vous, Henry, que mes nouvelles ne sont pas si bonnes. Henshaw vous a sans doute appris que j’avais cherché à placer Catherine sous la protection d’une honorable dame, la duchesse de Rothsay : mais cette dame a refusé de s’en charger, et a envoyé Catherine auprès de son père dans les montagnes. Vous pouvez avoir entendu dire que Gilchrist Mac Ian est mort, et que son fils Eachin, qui était connu dans Perth comme l’apprenti du vieux Simon, sous le nom de Conachar, est maintenant chef du clan de Quhele, et j’ai appris d’un de mes domestiques que le bruit court parmi les Mac Ian que le jeune chef recherche la main de Catherine. Mon domestique l’a appris (comme un secret pourtant) pendant qu’il était dans le Breadalbane pour prendre quelques arrangemens relativement au combat qui va avoir lieu. Ce fait n’a rien de certain, mais il a une forte apparence de probabilité.
– Le domestique de Votre Seigneurie a-t-il vu Simon Glover et sa fille ? demanda Henry pouvant à peine respirer, et toussant pour cacher au prévôt l’excès de son agitation.
– Non. Les montagnards semblaient avoir quelque méfiance, ils lui refusèrent la permission de parler au vieillard, et il craignit de les alarmer en leur demandant à voir Catherine. D’ailleurs il ne parle pas leur langue et celui qui a donné ces détails ne sait l’anglais que fort imparfaitement, de sorte qu’il peut y avoir quelque méprise. Cependant il est certain que ce bruit court, et j’ai pensé qu’il valait mieux que vous en fussiez informé. Mais-vous pouvez être bien sûr que le mariage ne peut avoir lieu avant que l’affaire du dimanche des Rameaux ne soit décidée ; et je vous conseille de ne faire aucune démarche avant que nous soyons instruits de toutes les circonstances de cette affaire ; car la certitude est toujours désirable, même quand elle est pénible. – N’allez-vous pas vous rendre à l’assemblée du conseil de la ville ? ajouta-t-il après un moment de silence : On va y parler des préparatifs de la lice dans le North-Inch, et l’on sera charmé de vous y voir.
– Non, milord.
– Je vois par cette réponse laconique, Smith, que cette affaire vous chagrine ; mais après tout, les femmes sont des girouettes ; c’est une vérité incontestable ; Salomon et bien d’autres l’ont éprouvé avant nous.
Et sir
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