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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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une autre fille.
    Thomas regarda la jeune fille. Elle était fine, avec des
cheveux blonds. Elle pleurait. Il se souvint de la douleur de Jeannette après
que le duc l’eut violée et ne put supporter l’idée de voir infliger une telle
souffrance à une autre fille, pas même à une fille de la maison de messire
d’Evecque.
    — Je pense que tu lui as fait assez de mal comme cela,
dit-il.
    Il fit le signe de croix en pensant aux péchés qu’il avait
lui-même commis en Bretagne.
    — Laisse-la partir, ajouta-t-il.
    L’archer, un homme portant la barbe, plus âgé que Thomas
d’environ dix ans, tira son épée. C’était une vieille arme, à lame large et
robuste, que l’homme brandissait avec assurance.
    — Écoute, mon gars, dit-il, je veux te voir franchir
cette porte et, si tu ne le fais pas, je vais étendre tes boyaux d’un mur à
l’autre.
    Thomas leva le cimeterre.
    — J’ai fait serment à saint Guinefort de protéger
toutes les femmes.
    — Pauvre andouille.
    L’homme bondit vers Thomas et donna un coup d’épée. Thomas
fit un pas en arrière et para le coup. En se heurtant, les deux lames sonnèrent
et firent jaillir des étincelles. Le barbu se reprit vite et frappa à nouveau.
Thomas fit un pas de côté et détourna l’épée avec son cimeterre. La fille les
regardait en ouvrant tout grands ses yeux bleus. Thomas balança sa large lame,
manqua son adversaire et faillit se faire transpercer par son épée, mais il
s’écarta juste à temps et lui donna un coup de pied dans le genou. L’homme
poussa un gémissement de douleur, après quoi, en un grand geste de fauchage,
Thomas asséna le cimeterre sur le cou de l’archer. Le sang jaillit dans la
chambre, et l’homme, sans un cri, s’effondra sur le sol. Le cimeterre lui avait
presque complètement coupé la tête. Tandis que Thomas s’agenouillait auprès de
sa victime, le sang continuait à jaillir par pulsation de la blessure béante.
    — Si quelqu’un vous pose la question, dit-il en
français à la jeune fille, c’est votre père qui a fait ça avant de s’enfuir.
    Il avait eu trop d’ennuis après avoir tué un écuyer en
Bretagne pour souhaiter y ajouter la mort d’un archer. Il prit quatre petites
pièces dans la bourse du mort et sourit à la jeune fille qui restait
étonnamment calme alors qu’elle avait devant les yeux un homme presque
décapité.
    — Je ne vais pas vous faire de mal, lui dit Thomas, je
vous le promets.
    Elle l’observait depuis la cheminée.
    — C’est vrai ?
    — Pas aujourd’hui, dit-il avec gentillesse.
    Elle se releva, secouant la tête pour chasser son
étourdissement, puis ramena à son cou sa robe déchirée et essaya d’en
rapprocher les bords avec les fils.
    — Vous n’allez peut-être pas me faire de mal, dit-elle,
mais d’autres le feront.
    — Pas si vous restez avec moi, dit Thomas. Tenez…
    Il prit le grand arc noir à son épaule et le lui jeta.
    — Prenez ça. Ainsi tout le monde saura que vous êtes la
femme d’un archer. Personne ne vous touchera.
    Le poids de l’arc lui fit froncer les sourcils.
    — Personne ne me touchera ?
    — Pas si vous le portez, lui promit Thomas. Est-ce votre
maison ?
    — Je travaille ici, dit-elle.
    — Pour messire d’Evecque ?
    Elle acquiesça.
    — Est-il ici ?
    — Je ne sais pas où il est.
    Thomas se dit que son ennemi se trouvait au château où il
essayait d’extraire la flèche de sa cuisse.
    — Est-ce qu’il avait une lance ? demanda-t-il, une
grande lance noire avec une pointe en argent ?
    Elle fit « non » d’un mouvement rapide de la tête.
Thomas fronça les sourcils. Il voyait que la jeune fille tremblait de tout son
corps. Elle s’était montrée brave mais peut-être le sang qui s’écoulait de la
tête de l’homme la mettait-il mal à l’aise. Il remarqua aussi que, malgré la
contusion sur son visage et ses cheveux en désordre, elle était jolie. Elle
avait un long visage auquel ses grands yeux donnaient un air sérieux.
    — Avez-vous de la famille ici ? demanda Thomas.
    — Ma mère est morte. Je n’ai personne, à part messire
Guillaume.
    — Et il vous a laissée seule ici ? demanda Thomas
sur un ton de mépris.
    — Non ! protesta-t-elle. Il pensait qu’on serait à
l’abri dans la ville, mais ensuite, quand votre armée est venue, les hommes ont
décidé de défendre plutôt l’île. Ils ont abandonné la ville ! Parce que
toutes les bonnes maisons sont ici.
    Elle

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