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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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paraissait indignée.
    — Que faites-vous pour messire Guillaume ?
    — Le nettoyage, et puis je trais les vaches de l’autre
côté de la rivière.
    Elle tressaillit en entendant des hommes pousser des cris de
colère sur la place.
    Thomas lui sourit.
    — Tout va bien, personne ne vous fera du mal. Tenez
bien l’arc. Si quelqu’un vous regarde, dites : «  I am an archer’s
woman. » Il le lui répéta lentement, puis lui fit redire la phrase
plusieurs fois.
    — C’est bien ! Quel est votre nom ?
    — Eléonore.
    Il doutait que cela serve à quelque chose de fouiller la
maison, pourtant il le fit mais la lance de saint Georges n’était cachée dans
aucune des pièces. Il n’y avait ni meubles, ni tapisseries, rien qui ait de la
valeur, à l’exception des broches, des marmites et des plats de la cuisine.
Tout ce qui était précieux, lui dit Eléonore, avait été envoyé au château une
semaine auparavant. Thomas regarda la vaisselle brisée sur les carreaux de la
cuisine.
    — Depuis combien de temps travaillez-vous pour
lui ?
    — Depuis toujours, dit Eléonore en ajoutant
timidement : j’ai quinze ans.
    — Et vous n’avez jamais vu une grande lance qu’il a
rapportée d’Angleterre ?
    — Non, dit-elle en ouvrant de grands yeux.
    Mais quelque chose dans son expression fit penser à Thomas
qu’elle mentait. Cependant il ne la brusqua pas. Il l’interrogerait plus tard,
lorsqu’elle aurait appris à lui faire confiance.
    — Vous feriez mieux de rester avec moi, dit-il à
Eléonore, ainsi on ne vous fera pas de mal. Je vous emmènerai à notre campement
et quand notre armée partira vous pourrez revenir ici.
    Ce qu’il pensait vraiment, c’est qu’elle pourrait rester avec
lui et devenir véritablement la femme d’un archer, mais cela, comme la lance,
pouvait bien attendre un jour ou deux.
    Elle acquiesça, acceptant son sort avec équanimité. Elle
avait dû prier pour que le viol qui mettait à la toiture la ville de Caen lui soit
épargné, et Thomas avait répondu à sa prière. Il lui donna son sac de flèches
afin qu’elle ait encore plus l’air d’une femme d’archer.
    — Il va nous falloir traverser la ville, dit-il à
Eléonore, restez près de moi.
    Il descendit les marches de la maison. La petite place était
encombrée d’hommes d’armes à cheval portant comme armoiries l’ours et le bâton.
Ils avaient été envoyés par le comte de Warwick pour mettre un terme au carnage
et au pillage. Ils jetèrent un regard dur à Thomas mais celui-ci leva les mains
pour montrer qu’il n’emportait rien. Ensuite il se faufila parmi les chevaux.
Il avait fait une dizaine de pas lorsqu’il se rendit compte qu’Eléonore n’était
plus avec lui. Terrifiée par la vue de ces cavaliers en cotte de mailles, leur
visage sombre bardé de fer, elle avait hésité sur le seuil de la maison.
    Thomas ouvrit la bouche pour l’appeler mais juste à ce
moment un homme d’armes poussa son cheval vers lui depuis la frondaison du
chêne. Thomas leva les yeux et le plat d’une épée vint le frapper sur le côté
de la tête. Il fut précipité en avant sur les pavés, une oreille en sang. Le
cimeterre lui échappa puis le cheval lui marcha sur le front et la vue de
Thomas fut éblouie d’éclairs.
    L’homme descendit de cheval puis appliqua son pied sur la
tête de Thomas. Celui-ci sentit la douleur, entendit que les autres hommes
d’armes protestaient, puis il ne sentit plus rien en recevant un deuxième coup
de pied. Mais juste avant de perdre conscience, il reconnut son agresseur.
    Malgré son accord avec le comte, sir Simon Jekyll voulait se
venger.

 
8
    Peut-être Thomas eut-il de la chance. Peut-être son saint
protecteur, fut-il homme ou chien, le protégeait-il, car s’il avait été
conscient il eût souffert le martyre. Si sir Simon avait bien apposé sa
signature à un accord avec le comte la nuit précédente, la vue de Thomas avait
chassé toute pitié de son esprit. Il se souvint de l’humiliation d’avoir été
pourchassé nu dans les bois et de la douleur provoquée par le carreau pénétrant
dans sa jambe. La blessure le faisait encore boiter, et ces souvenirs ne lui
faisaient souhaiter qu’une chose, torturer Thomas longtemps, lentement, au
point que l’archer hurlerait de douleur. Mais, Thomas avait été assommé par le
plat de l’épée et par les coups de pied dans la tête et il avait déjà perdu
conscience tandis que deux hommes

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