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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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les greniers ou sous les
escaliers. Les femmes furent entraînées dans la rue, dénudées et exposées comme
des trophées. La femme d’un marchand, monstrueusement grosse, fut attelée toute
nue à une petite charrette et fouettée tandis qu’elle montait et redescendait
la rue principale de l’île. Au moins une heure durant, les archers la firent
courir, certains d’entre eux riant aux larmes à la vue de ses énormes
bourrelets de graisse. Quand ils se furent lassés du spectacle, ils la jetèrent
dans la rivière où elle s’accroupit en pleurant et en réclamant ses enfants,
jusqu’à ce qu’un archer, qui essayait une arbalète sur deux cygnes, lui envoie
un carreau dans la gorge. Des hommes chargés de vaisselle en argent
traversaient le pont en chancelant, d’autres cherchaient toujours des richesses
et trouvaient de la bière, du cidre ou du vin, et les excès empirèrent. Un
prêtre fut pendu à l’enseigne d’une taverne après avoir tenté d’arrêter un
viol. De rares hommes d’armes essayèrent d’endiguer l’horreur mais ils durent
céder au nombre et furent ramenés au pont. L’église Saint-Jean, dont on disait
qu’elle possédait les phalanges de saint Jean, un sabot du cheval que montait
saint Paul sur le chemin de Damas et l’un des paniers qui avaient contenu les
pains et les poissons du miracle, fut transformée en lupanar. Les femmes qui
s’y étaient réfugiées furent vendues à des soldats hilares. Des hommes paradaient
dans des vêtements de soie et de dentelle et jouaient aux dés les femmes dont
ils avaient volé les atours.
    Thomas ne prit aucune part à cela. Ce qui se produisait ne
pouvait être arrêté, ni par un homme, ni même par cent. Il aurait fallu une
autre armée pour empêcher les viols, mais Thomas savait que finalement ce
serait la stupeur de l’ivresse qui y mettrait un terme. Il préféra chercher la
demeure de son ennemi, allant de rue en rue, jusqu’à ce qu’il trouve un
Français en train de mourir. Il lui donna à boire avant de lui demander où
habitait messire Guillaume d’Evecque. L’homme roula des yeux, ouvrit la bouche
pour respirer et parvint à dire que la maison se trouvait dans la partie sud de
l’île.
    — Vous ne pouvez pas la manquer, elle est en pierre,
tout en pierre, et il y a trois faucons sculptés au-dessus de la porte.
    Thomas partit vers le sud. Des groupes d’hommes d’armes du
comte de Warwick venaient en force afin de rétablir l’ordre, mais ils étaient
encore aux prises avec les archers du côté du pont. La partie sud de l’île
n’avait pas autant souffert que le quartier voisin du pont. Thomas aperçut la
maison de pierre par-dessus les toits de quelques boutiques pillées. Les autres
constructions étaient à colombage avec des toits de chaume, mais la demeure de
messire d’Evecque était presque une forteresse. Ses murs étaient en pierre, son
toit en tuile et ses fenêtres étroites. Cependant, des archers avaient réussi à
y pénétrer car on entendait des cris à l’intérieur. Thomas traversa une petite
place où un grand chêne s’élevait au milieu des pavés, monta les marches de
l’entrée et franchit la porte surmontée des trois faucons. La violente colère
que lui donna la vue de ces armoiries l’étonna lui-même. C’est la vengeance
pour Hookton, se dit-il.
    Après avoir traversé l’entrée, il trouva un groupe d’archers
et de hobelars en train de se quereller au milieu des marmites de la cuisine.
Deux serviteurs étaient étendus morts près de l’âtre dans lequel des bûches
continuaient à se consumer. L’un des archers avertit Thomas qu’ils étaient
entrés les premiers dans la maison et que son contenu leur appartenait, mais
avant de pouvoir répondre Thomas entendit un cri à l’étage au-dessus. Tournant
les talons, il escalada le grand escalier en bois. Au premier étage, il y avait
deux portes. Il en ouvrit une et vit un archer aux couleurs du prince de Galles
en lutte avec une jeune fille. L’homme avait à moitié arraché sa robe bleu
pâle, mais elle se défendait comme une diablesse en lui griffant le visage et
en lui donnant des coups de pied dans les tibias. Juste au moment où Thomas
entrait dans la pièce, l’homme parvint à lui assener un grand coup de poing sur
la tête. La fille ouvrit la bouche et tomba à la renverse dans la grande
cheminée vide. Alors l’archer se retourna vers Thomas et lui dit
brutalement :
    — Elle est à moi, va chercher

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