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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’armes le tiraient vers le chêne. Tout
d’abord, les hommes du comte de Warwick essayèrent de protéger Thomas de sir
Simon, mais quand celui-ci leur assura que l’homme était un déserteur, un
voleur et un meurtrier, ils changèrent d’avis. Ils allaient le pendre.
    Et sir Simon les laisserait faire. Si ces hommes pendaient
Thomas pour désertion, personne ne pourrait accuser sir Simon d’avoir exécuté
l’archer. Il aurait tenu sa parole et le comte de Northampton devrait toujours
lui verser sa part de la prise de guerre. Thomas serait mort et sir Simon
serait à la fois plus heureux et plus riche.
    Après avoir appris que Thomas était un voleur meurtrier, les
hommes d’armes se montrèrent pleins de bonne volonté. Ils avaient ordre de
pendre suffisamment d’insurgés, de voleurs et de violeurs pour que les ardeurs
de l’armée soient calmées, mais cette partie de l’île, la plus éloignée de la
vieille cité, n’avait pas connu les mêmes atrocités que la partie nord, de sorte
qu’ils avaient été privés de l’occasion d’utiliser les cordes que le comte leur
avait fournies. Ils avaient désormais une victime, aussi l’un des hommes
envoya-t-il la corde par-dessus une branche du chêne.
    Thomas n’avait pas vraiment conscience de ce qui se passait.
Il ne sentit rien quand sir Simon le fouilla et coupa sa bourse sous sa
tunique. Il ne se rendit compte de rien quand la corde lui fut passée autour du
cou, puis il perçut vaguement une odeur d’urine de cheval et soudain il y eut
quelque chose qui lui serrait la gorge et sa vision qui commençait à lui
revenir fut recouverte d’un voile rouge. Il se sentit hissé en l’air, essaya de
respirer à cause de l’affreuse douleur qui lui étreignait la gorge, mais il
pouvait à peine respirer. Il sentait brûlure et étouffement chaque fois que
l’air enfumé entrait dans sa gorge. Il voulait crier de terreur mais ses
poumons ne semblaient capables que de lui causer une douleur atroce. Il eut un
instant de lucidité quand il comprit qu’il se balançait, gigotait, tournoyait
mais bien qu’il s’agrippât à la corde qui lui serrait le cou, il ne parvenait
pas à desserrer son étreinte. Puis, de terreur, il se pissa dessus.
    — Lâche ! siffla sir Simon en frappant Thomas avec
son épée.
    Le coup ne fit qu’entamer la chair à la taille et augmenter
le balancement de son corps au bout de la corde.
    — Laissez-le donc, dit l’un des hommes d’armes, il est
mort.
    Ils attendirent que les mouvements de Thomas deviennent
spasmodiques. Alors, ils se remirent à cheval et partirent. Un groupe d’archers
observait également la scène depuis l’une des maisons de la place et leur
présence inquiétait sir Simon qui craignait que ce ne soient des amis de
Thomas ; aussi, quand les hommes du comte quittèrent la place, se
joignit-il à eux. Ses propres hommes étaient en train de fouiller une église
proche et sir Simon n’était venu sur la place que parce qu’il avait aperçu la
grande maison en pierre et s’était demandé si elle ne contenait pas des objets
de valeur. Au lieu d’objets, il avait trouvé Thomas qui à présent était pendu.
Ce n’était pas la vengeance dont il avait rêvé, mais elle lui avait fait
plaisir et constituait une compensation.
    Thomas ne sentait plus rien. Tout n’était que ténèbres et douleur.
Il dansait au bout de la corde, la tête sur le côté, le corps oscillant encore
doucement, les jambes agitées de mouvements convulsifs et les pieds inclinés
vers le bas.
     
    L’armée resta cinq jours à Caen. Quelque trois cents
Français bien nés, tous capables de fournir une rançon, avaient été faits
prisonniers. Ils furent emmenés vers le nord pour être conduits par bateau en
Angleterre. Les soldats anglais et gallois blessés furent transportés à
l’abbaye aux Dames, où on les installa dans les cloîtres. Leurs blessures
dégageaient une telle puanteur que le prince et son entourage partirent pour
l’abbaye aux Hommes où le roi avait ses quartiers. On enleva des rues les corps
des habitants qui avaient été massacrés. Un prêtre de la maison du roi tenta d’enterrer
les morts décemment, comme il convient de le faire pour des chrétiens, mais la
fosse commune qui fut creusée dans le cimetière de Saint-Jean ne put contenir
que cinq cents corps. Or personne n’avait assez de temps ni ne disposait
d’assez de bêches pour enterrer les autres. Quatre mille cinq cents

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