La lance de Saint Georges
droite. Ils avaient l’air de
vouloir se livrer à une charge sauvage, aussi désirait-il leur planter quelques
flèches dans le ventre avant qu’ils aient atteint le bord de l’eau.
Une vingtaine d’hommes d’armes français avaient été tués ou
blessés. Leur chef cria aux autres de resserrer les boucliers. Une douzaine
d’hommes d’armes de l’arrière étaient descendus de cheval et couraient
renforcer la première ligne.
— Du calme, les gars, du calme, lança John Armstrong,
ne tirez pas trop vite.
Les boucliers ennemis étaient hérissés de flèches. Les
Français comptaient sur ces écus suffisamment épais pour arrêter les flèches,
et ils se tenaient à l’abri, attendant que les Anglais soient à court de
flèches ou que leurs hommes d’armes se rapprochent. Thomas constata que
certaines flèches avaient traversé les boucliers et infligé des blessures, mais
que la plupart se perdaient. Jetant un coup d’œil derrière lui, il vit que
l’infanterie n’avançait toujours pas. Les archers anglais tiraient moins,
attendant que l’ennemi se découvre. Le comte de Northampton devait s’impatienter,
ou bien il devait craindre que la marée monte car il cria à ses hommes
d’avancer.
— Saint Georges ! Saint Georges !
— Étirez la ligne ! hurla Will Skeat, qui voulait
que ses hommes se trouvent sur les flancs de l’attaque du comte de façon à
pouvoir tirer quand les Français se redresseraient pour recevoir l’assaut.
Mais l’eau devenait vite plus profonde et Thomas, qui
marchait vers l’amont, ne put aller aussi loin qu’il l’aurait voulu.
— Tuez-les ! Tuez-les ! criait le comte en
remontant sur la berge opposée.
— Gardez les rangs ! criait Reginald Cobham.
Les hommes d’armes français poussèrent une acclamation, car
la charge des Anglais signifiait que les archers ne pourraient plus tirer.
Pourtant Thomas parvint à tirer encore deux flèches au moment où les défenseurs
se relevaient, avant que les deux groupes de combattants ne se heurtent au bord
de la rivière dans un grand choc d’épées contre les boucliers. Chacun poussait
son cri de guerre, « Saint Denis » s’opposant à « Saint
Georges ».
— Attention à droite ! cria Thomas car
l’infanterie s’était mise en mouvement.
Il leur envoya deux flèches, puisant dans son sac aussi vite
qu’il pouvait.
— Visez les cavaliers ! ordonna Will Skeat.
Thomas changea de cible pour envoyer une flèche par-dessus la
tête des combattants sur les cavaliers français qui s’avançaient vers la berge
afin d’aider leurs camarades. Quelques cavaliers anglais s’étaient engagés dans
le gué, mais ils ne pouvaient rejoindre les Français parce que la mêlée des
hommes d’armes bloquait le passage.
Les hommes frappaient d’estoc et de taille. Les épées se
heurtaient aux haches, les cimeterres fendaient les heaumes et les crânes. Le
bruit était celui d’une forge du diable et le sang se mêlait à la marée dans
les hauts fonds. Un Anglais se mit à hurler lorsqu’il fut taillé en pièces dans
l’eau, et hurla encore lorsque deux Français le frappèrent aux jambes et au
ventre avec leurs haches. Le comte frappait d’estoc avec son épée sans tenir
compte des coups qui martelaient son écu.
— Serrez les rangs ! cria Reginald Cobham.
Un homme trébucha sur un corps, ce qui fit une ouverture
dans la ligne anglaise. Trois Français hurlants tentèrent de l’exploiter mais
ils furent accueillis par un homme armé d’une double hache qui asséna son coup
si fort que la lourde lame fendit le casque et le crâne jusqu’au cou.
— Par les flancs ! beugla Will Skeat.
Ses archers s’approchèrent de la berge afin d’envoyer leurs
flèches sur les côtés de la formation française. Deux cents chevaliers français
combattaient quatre-vingts ou quatre-vingt-dix hommes d’armes anglais, ce qui
faisait un tintamarre monstrueux. Les hommes ahanaient en frappant. Les deux
rangées face à face étaient désormais soudées, boucliers contre boucliers.
C’étaient les hommes de la deuxième rangée qui tuaient en balançant leurs armes
par-dessus les hommes du premier rang. La plus grande partie des archers
dirigeaient leurs flèches sur les flancs des Français, tandis qu’un petit
nombre, conduit par John Armstrong, s’était approché des hommes d’armes afin de
tirer de face sur l’ennemi.
L’infanterie française, croyant que la charge anglaise
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