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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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des chevaliers et des nobles, sont très bien. Quand ils ont combattu
pendant quelque temps avec les archers, ils apprennent à nous considérer, du
fait que nous sommes les canailles crottées qui leur permettent de rester en
vie, mais il y a toujours quelques idiots. Ce n’est pas le cas de notre Billy.
    Il se retourna pour regarder le comte de Northampton qui
allait et venait sur la berge en faisant signe aux Français de venir se battre.
    — C’est un vrai gentilhomme, il sait comment tuer ces
foutus Français.
    Le lendemain matin, les ennemis étaient partis. Le seul
signe de leur présence était un nuage de poussière blanche en suspension
au-dessus de la route qui conduisait à Abbeville. Les Anglais partirent vers le
nord, ralentis par la faim et par les chevaux boiteux que les hommes
répugnaient à abandonner. L’armée remonta des marais de la Somme jusqu’à une
région très boisée dépourvue de céréales, de bétail et de possibilité de butin.
Le temps, qui avait été jusque-là sec et doux, devint froid et humide au cours
de la matinée. La pluie venait de l’est. Elle dégoulinait des arbres sans
discontinuer, augmentant le malaise des hommes. Ce qui leur avait paru au sud
de la Seine une campagne victorieuse ressemblait à présent à une retraite
ignominieuse. Et c’était bien ce qu’elle était puisque les Anglais fuyaient
devant les Français et tous les hommes le savaient, comme ils savaient que
s’ils ne trouvaient pas bientôt de la nourriture, leur faiblesse ferait d’eux
une proie facile pour les ennemis.
    Le roi avait envoyé des forces solides au petit port du
Crotoy, à l’embouchure de la Somme, où il espérait que l’attendaient des
renforts et des vivres. Mais au lieu de cela, il apparut que la ville était
tenue par une garnison d’arbalétriers génois. Les murs étaient en mauvais état,
les assaillants affamés, de sorte que les Génois périrent sous une grêle de
flèches et dans un ouragan d’hommes d’armes. Les Anglais vidèrent les magasins
et ils trouvèrent un troupeau de bœufs destiné à l’armée française, mais
lorsqu’ils montèrent sur le clocher de l’église, ils constatèrent qu’aucun
navire n’était amarré dans l’estuaire et qu’aucune flotte n’attendait en mer.
Les flèches, les archers et le grain qui auraient redonné vigueur à l’armée
étaient toujours en Angleterre.
    La première nuit où l’armée campa dans la forêt, la pluie se
mit à tomber plus fort. On disait que le roi et les principaux seigneurs
s’étaient installés dans un village en bordure de forêt, mais les hommes
étaient contraints de s’abriter sous les arbres qui dégoulinaient de pluie et
de manger le peu qu’ils pouvaient trouver.
    — Ragoût de glands, grommela Jake.
    — On a mangé pire, dit Thomas.
    — Il y a un mois, on mangeait dans des plats d’argent,
dit Jake en recrachant toute une bouchée. Mais pourquoi on n’attaque pas ces
salauds ?
    — Parce qu’ils sont trop nombreux, dit Thomas d’un ton
las, parce qu’on a tout juste ce qu’il faut de flèches, parce qu’on est
épuisés.
    Jake, comme une douzaine d’autres archers de Skeat, n’avait
plus de bottes. Les blessés clopinaient à cause du manque de charrettes et les
malades étaient laissés en arrière quand ils ne pouvaient plus marcher ni se
traîner. Les vivants puaient.
    Thomas avait aménagé pour Eléonore et lui-même un abri de
branchages et de terreau. L’intérieur de la petite hutte était sec et un petit
feu dégageait une épaisse fumée.
    — Qu’est-ce que je deviendrai si vous perdez ? lui
demanda Eléonore.
    — Nous ne perdrons pas, répondit Thomas d’une voix sans
conviction.
    — Qu’est-ce que je deviendrai ? répéta-t-elle.
    — Remercie les Français qui te trouveront et dis-leur
que tu as été emmenée de force. Ensuite envoie chercher ton père.
    Eléonore réfléchit un moment à cette réponse mais ne parut
pas rassurée. Elle avait bien vu à Caen qu’après la victoire les hommes ne sont
pas accessibles à la raison mais n’obéissent qu’à leurs instincts.
    — Et toi, que deviendras-tu ?
    — Si je survis ? Je serai prisonnier. On nous envoie
aux galères dans le Sud, à ce qu’on m’a dit. Quand ils nous laissent vivre.
    — Pourquoi ne le feraient-ils pas ?
    — Ils n’aiment pas les archers. Ils les haïssent.
    Il poussa un tas de fougères humides près du feu afin
d’essayer de les sécher avant

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