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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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beaucoup plus d’hommes,
mais la rive de sable ne le permettait pas et les sentiers qui traversaient les
marécages étaient étroits et dangereux, ce qui rendait difficile l’arrivée de
renforts.
    — Vous savez ce que vous avez à faire, dit le comte à
Skeat et Armstrong.
    — Nous le savons.
    — Encore deux heures, peut-être ?
    C’était l’estimation du comte pour la marée. Ces deux heures
s’écoulèrent lentement. Les Anglais ne pouvaient rien faire d’autre qu’observer
à travers la brume de plus en plus légère comment l’ennemi formait ses lignes
de bataille sur l’autre rive. L’eau qui descendait permit à d’autres hommes de
s’avancer sur la berge, mais les forces du comte restaient pitoyablement
faibles – peut-être deux cents hommes –, alors que les Français en
disposaient de deux fois plus rien qu’en hommes d’armes. Thomas entreprit de
les compter du mieux qu’il put selon une méthode que Will Skeat lui avait
enseignée : diviser l’ennemi en deux, diviser encore en deux puis compter
la petite unité et multiplier par quatre. Il aurait préféré ne pas avoir eu à
faire ce travail car l’ennemi était terriblement nombreux. En plus des hommes
d’armes, il devait y avoir cinq ou six cents fantassins, probablement levés au
nord d’Abbeville. Ils ne constituaient pas une menace sérieuse car, comme la
plupart des troupes d’infanterie, ils devaient être mal entraînés et pauvrement
armés d’armes anciennes ou d’outils de ferme, mais ils pouvaient néanmoins
faire du dégât si les hommes du comte se trouvaient en difficulté. Le seul
motif d’espoir que Thomas put découvrir dans cette aube brumeuse, c’est que les
Français semblaient disposer de très peu d’arbalétriers, mais ils n’en avaient
vraiment pas besoin étant donné le nombre d’hommes d’armes qu’ils comptaient
parmi eux. Et de surcroît cette force formidable qui se rassemblait sur la rive
nord allait combattre avec la claire conscience que s’ils repoussaient
l’attaque anglaise leur adversaire serait coincé contre la mer et que l’armée
française, si importante, pourrait alors l’écraser.
    Deux chevaux de bât apportèrent des gerbes de ces précieuses
flèches qui furent distribuées aux archers.
    — Laissez tranquilles ces foutus paysans, dit Skeat à
ses troupes, tuez les hommes d’armes. Je veux entendre ces salauds appeler les
chèvres qui leur servent de mère.
    — Il y a de la nourriture de l’autre côté, dit John
Armstrong à ses hommes affamés. Ces bâtards ont de la viande, du pain et de la
bière, et tout cela sera à vous si vous les enfoncez.
    — Ne gaspillez pas vos flèches, gronda Skeat, tirez
soigneusement. Visez bien, les gars, visez. Je veux les voir saigner !
    — Prenez garde au vent ! cria John Armstrong, il
déportera les flèches vers la droite.
    Deux cents hommes d’armes français se tenaient à pied sur la
berge, et deux cents autres attendaient à cheval à cent pas derrière. La
populace de l’infanterie était divisée en deux masses sur chacun des flancs.
Les hommes d’armes à pied étaient là pour arrêter les Anglais sur la berge et
les cavaliers devaient charger si leur ligne était franchie, tandis que
l’infanterie servait à donner l’apparence du nombre et pourrait aider au
massacre qui suivrait une victoire française. Les Français devaient se sentir
en confiance car ils avaient arrêté toutes les autres tentatives de passer la
Somme.
    Si ce n’est qu’aux autres gués, l’ennemi avait disposé
d’arbalétriers qui avaient été capables de maintenir les archers en eau
profonde, là où il ne pouvaient pas se servir correctement de leurs arcs, de
crainte d’en mouiller la corde. Or, à ce gué, il n’y avait pas d’arbalètes.
    Le comte de Northampton, à pied, comme ses hommes, cracha vers
la rivière.
    — Il aurait dû laisser ses hommes en arrière et placer
devant une centaine d’arbalétriers, fit-il remarquer à Will Skeat, nous aurions
été en difficulté.
    — Ils auront quelques arbalétriers, dit Skeat.
    — Pas assez, Will, pas assez.
    Le comte portait un vieux heaume sans visière. Il était
accompagné par un homme d’armes à la barbe grise dont le visage était sillonné
de rides profondes et qui portait une cotte de mailles raccommodée en de
nombreux endroits.
    — Tu connais Reginald Cobham, Will ? demanda le
comte.
    — J’ai entendu parler de vous, maître Cobham, dit

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