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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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où, éperonnant leurs montures, ils
auraient piqué l’ennemi à l’unisson avec leurs lances. C’était ainsi que les
chevaliers s’entraînaient à la charge, et leurs destriers subissaient le même
entraînement rigoureux. L’instinct d’un cheval, face à une ligne serrée de
fantassins ou de cavaliers, était de s’en écarter. Mais les grands étalons
étaient dressés à continuer leur course, à foncer sur l’ennemi, à le piétiner,
à le mordre et à revenir sur lui. Une charge de chevaliers devait être un tonnerre
de sabots semant la mort, un fléau de métal propulsé par le poids des hommes,
des chevaux et des armures et, correctement exécutée, elle faisait un grand
nombre de veuves.
    Mais les hommes de l’armée de Philippe, qui avaient rêvé de
découper l’ennemi en lanières et de massacrer les survivants abasourdis,
avaient compté sans les archers et sans les trous. Lorsque la première charge
française indisciplinée atteignit les hommes d’armes anglais, elle s’était
scindée en petits groupes et avait été ralentie au point d’aller au pas parce
que la longue pente douce s’était transformée en une course d’obstacles
constitués par les chevaux morts, les chevaliers démontés, les flèches qui
sifflaient et les trous dissimulés dans l’herbe. Seule une poignée d’hommes parvint
jusqu’aux ennemis.
    Ils éperonnèrent leurs chevaux pour franchir les derniers
pas en dirigeant leurs lances sur les hommes d’armes anglais à pied, mais les
cavaliers se trouvèrent face à des lances plus nombreuses, bien calées dans le
sol et orientées de manière à percer le poitrail des chevaux. Les étalons se
précipitèrent sur les lances, se cabrèrent et leurs cavaliers tombèrent. Ils
furent achevés à coups de hache et d’épée par les hommes d’armes anglais qui
s’étaient avancés.
    — Restez dans la ligne ! cria le comte de
Northampton.
    D’autres chevaux franchissaient les trous et il n’y avait
plus d’archers pour les arrêter. C’étaient des cavaliers du troisième ou
quatrième rang de la charge française. Ils avaient moins souffert des flèches
et venaient porter secours à ceux qui attaquaient la ligne anglaise toujours
hérissée de lances. Les hommes lancèrent leurs cris de guerre et assénèrent des
coups d’épée et de hache. Les chevaux blessés retenaient les lances à terre si
bien que les Français purent enfin s’approcher des hommes d’armes. L’acier
sonna contre l’acier et frappa le bois, mais chaque cavalier devant faire face
à deux ou trois hommes d’armes, les Français furent tirés hors de leurs selles
et hachés menu sur le sol.
    — Pas de prisonnier ! hurla le comte de
Northampton.
    C’étaient les ordres du roi. Faire un prisonnier pouvait
apporter la richesse, mais cela supposait un échange courtois pour savoir si
l’ennemi se rendait vraiment. Or les Anglais n’avaient pas de temps à perdre en
civilités. Il fallait qu’ils tuent les cavaliers qui continuaient à affluer sur
la colline.
    Le roi observait le combat sous les ailes ferlées du moulin
qui craquaient à cause du vent. Il vit que les Français n’avaient enfoncé les
archers que sur la droite, là où combattait son fils, où la ligne se trouvait
la plus proche des Français et où la pente était la plus douce. La première
grande charge avait été brisée par les flèches, mais un nombre bien suffisant
de cavaliers avait survécu et ces hommes se précipitaient vers l’endroit où
sonnaient les épées. Quand la charge française avait commencé, elle s’était
étendue sur toute la ligne de bataille, mais à présent elle s’était rétrécie,
ceux qui faisaient face aux Anglais sur la gauche s’étant écartés des archers
pour apporter leur concours aux chevaliers et aux hommes d’armes qui
attaquaient les troupes du prince de Galles. Des centaines de cavaliers
s’agglutinaient dans le fond boueux de la vallée, peu désireux d’affronter une
nouvelle pluie de flèches, mais les maréchaux français les remettaient en ordre
et les envoyaient vers la mêlée qui s’était formée sous les bannières d’Alençon
et du prince de Galles.
    — Laissez-moi descendre là-bas, sire, demanda au roi
l’évêque de Durham qui avait l’air gauche avec sa lourde cotte de mailles et sa
grosse masse garnie de pointes.
    — Les lignes tiennent bon, répondit calmement le roi.
    Il y avait quatre rangs d’hommes d’armes. Seul le

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