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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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premier
rang prenait part au combat, et il le faisait bien. Le plus grand avantage d’un
cavalier sur l’infanterie était la vitesse, mais la charge française avait
perdu toute vélocité et devait se mettre au pas pour éviter les cadavres et les
trous. Au-delà, il n’y avait pas assez d’espace pour se mettre au trot face à
la défense redoutable que constituaient les haches, les épées, les masses
d’armes et les lances. Les Français frappaient de haut en bas, mais les Anglais
tenaient haut leurs boucliers et enfonçaient leurs épées dans les ventres des
chevaux ou bien leur coupaient les jarrets. Les destriers tombaient, hennissaient
et agitaient leurs jambes, brisant les membres des hommes dans leurs mouvements
désordonnés, mais chaque cheval abattu constituait un obstacle supplémentaire.
Aussi violent que fût l’assaut français, il ne parvenait pas à rompre les
lignes. Aucune bannière anglaise n’était tombée. Cependant le roi craignait
pour le brillant étendard de son fils qui se trouvait là où le combat était le
plus acharné.
    — Avez-vous vu l’oriflamme ? demanda-t-il à son
entourage.
    — Elle est tombée, sire, répondit un chevalier de sa
maison.
    L’homme désigna sur la pente un entassement de chevaux et de
cavaliers morts. C’étaient les restes de la première attaque.
    — Elle est quelque part par là, sire. Les flèches.
    — Que Dieu bénisse les flèches, dit le roi.
    Un conroi de quatorze Français parvint à passer les trous
sans dommage. « Montjoie saint Denis ! » crièrent-ils avant
d’abaisser leurs lances pour se précipiter dans la mêlée. Ils trouvèrent en
face d’eux le comte de Northampton et douze de ses hommes.
    Le comte se servait d’une lance brisée en guise de pique. Il
la poussa sur le poitrail d’un cheval, sentit que l’arme glissait sur l’armure
dissimulée par la housse et leva instinctivement son bouclier. Une masse
s’écrasa sur l’écu. L’une des pointes traversa le cuir et le bois, mais le
comte portait son épée maintenue par une lanière. Abandonnant la lance, il
saisit la garde de son épée et en frappa le boulet du cheval, ce qui fit faire
un écart à la bête. Le comte dégagea son écu de la masse d’armes et donna un
coup d’épée que le chevalier para. Puis un homme d’armes saisit l’arme du
Français et tira dessus. Celui-ci résista mais le comte vint aider à tirer. Le
Français tomba aux pieds des Anglais en criant. Une épée s’enfonça au défaut de
l’armure, dans son aine. Il se plia de douleur. Puis une masse écrasa son
heaume et il fut laissé là, agité de mouvements convulsifs. Le comte et son
homme d’armes montèrent sur son corps pour frapper un autre cavalier.
    Le prince de Galles, que l’on reconnaissait au filet d’or
qui ornait son heaume noir, se jeta dans la mêlée. Âgé de seize ans, il était
bien bâti, fort, de haute taille et très bien entraîné. Il dévia une hache avec
son écu et transperça de son épée la cotte de mailles d’un cavalier.
    — Éloignez le cheval ! lui cria le comte de
Northampton.
    Il courut jusqu’au prince, saisit la bride et tira le cheval
à l’écart du combat. Un Français se précipita, essayant de frapper le prince
dans le dos avec sa lance, mais un homme d’armes revêtu de la livrée vert et
blanc frappa la bouche du destrier avec son écu, ce qui écarta l’animal.
    — S’ils voient un homme à cheval, ils vont penser que
c’est un Français, cria-t-il au prince.
    Celui-ci acquiesça. Les chevaliers de sa maison l’avaient
rejoint et l’aidaient à descendre de sa selle. Il ne dit rien. S’il s’était
senti offensé par le comte, il le dissimula en retournant vers la mêlée.
« Saint Georges ! Saint Georges ! » Le porte-étendard du
prince luttait pour rester auprès de son maître car la vue du drapeau richement
brodé attirait un plus grand nombre de Français.
    — Restez en ligne ! cria le comte.
    Mais les chevaux morts et les hommes tués formaient un
obstacle que ne pouvaient franchir ni les Français ni les Anglais. Pour
atteindre les ennemis, les hommes d’armes conduits par le prince devaient
marcher sur les corps. Un cheval éventré traîna ses boyaux vers les Anglais,
puis s’affaissa sur ses jambes de devant en projetant son cavalier devant le
prince. Celui-ci frappa le heaume de son épée, brisant la visière et faisant
sortir du sang par l’ouverture des yeux.
    — Saint Georges !

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