La lance de Saint Georges
laissèrent tomber
les armes brisées après avoir dépassé leurs adversaires. Ils tirèrent sur les
rênes et sortirent leurs épées. Pour les archers qui observaient le combat, il
était clair que l’ennemi avait eu l’avantage. Les deux cavaliers démontés
étaient anglais et les hommes de messire Geoffroy étaient mieux alignés, si
bien que quand ils tournèrent pour revenir l’épée à la main, ils formaient un
groupe discipliné qui aborda les cavaliers de sir Simon dans un grand bruit de
lames qui s’entrechoquent. Un Anglais se retira de la mêlée avec une main en
moins. Les sabots projetaient de la terre et de l’herbe. Un cheval sans
cavalier s’éloigna. Les épées frappaient comme des marteaux sur une enclume et
en assénant leurs coups les combattants poussaient des cris sourds. Un énorme
Breton, sans blason sur son écu, maniait un cimeterre, mi-épée, mi-hache, avec
une terrible habileté. L’un des Anglais en eut le heaume fendu, et le crâne
avec. Il s’éloigna du combat en agitant les bras, perdant son sang sur sa cotte
de mailles. Son cheval s’arrêta à peu de distance de la mêlée et, lentement,
très lentement, l’homme s’inclina puis tomba de sa selle. L’un des pieds resta
pris dans l’étrier mais le cheval, indifférent, se mit à brouter l’herbe,
traînant son cavalier mort.
Deux des hommes de sir Simon se rendirent et furent gardés
prisonniers par les écuyers français et bretons. Sir Simon, quant à lui, se
battait comme un beau diable, faisant face à deux adversaires. Il en mit un
hors de combat en lui endommageant le bras et, avec son épée volée, frappa
l’autre de coups rapides. Les Français avaient encore quinze combattants et il
n’en restait plus que dix aux Anglais quand la grande brute armée du cimeterre
décida d’en finir avec sir Simon. Il rugit en chargeant, mais sir Simon arrêta
le cimeterre avec son écu et plongea son épée dans la cotte de mailles, sous
l’aisselle du Breton. Il retira l’épée et de la déchirure jaillit du sang qui
se déversa sur la cotte de mailles et la tunique en cuir de l’ennemi. Le gros
homme vacilla sur sa selle, alors sir Simon lui asséna son épée sur l’arrière
de la tête, puis il fit tourner son cheval pour repousser un autre assaillant
avant de revenir enfoncer son arme dans la pomme d’Adam du Breton. L’homme
laissa tomber son cimeterre, s’étreignit la gorge et se sauva.
— Il se bat bien, n’est-ce pas ? dit Skeat. Il a
de la graisse de rognon à la place de la cervelle mais il sait se battre.
Pourtant, malgré les prouesses de sir Simon, l’ennemi
prenait le dessus et Thomas voulait faire avancer les archers. Il leur
suffisait de progresser de trente pas environ pour avoir les ennemis déchaînés
à leur portée, mais Will Skeat ne l’approuva pas :
— Ne tue jamais deux Français quand tu peux en tuer
douze, Tom.
— Les nôtres ont le dessous, protesta Thomas.
— Ça leur apprendra à être de fieffés crétins, pas
vrai ? dit Skeat en souriant. Patience, mon gars, patience, nous allons
écorcher le chat bien proprement.
Les Anglais refluaient et seul sir Simon se battait avec
conviction. Il avait mis l’énorme Breton hors de combat et maintenant il
affrontait quatre adversaires avec férocité, mais le reste de ses hommes,
voyant que la bataille était perdue et qu’ils ne pouvaient plus rejoindre sir
Simon parce qu’il était entouré de trop d’ennemis, tournèrent bride et
s’enfuirent.
— Sam, cria Skeat par-delà la route, à mon signal,
prends douze hommes et sauve-toi ! Tu m’entends, Sam ?
— Je me sauverai, cria Sam en réponse.
Les cavaliers anglais, certains perdant du sang et l’un
d’entre eux tombant presque de sa haute selle, passèrent sur la route dans un
tonnerre de sabots en direction de La Roche-Derrien. Les Français et les
Bretons avaient encerclé sir Simon, mais messire Geoffroy de Pont Blanc, qui
avait l’esprit chevaleresque, refusa de prendre la vie d’un adversaire
courageux. Aussi ordonna-t-il à ses hommes d’épargner le chevalier anglais.
Sir Simon, suant comme un porc sous sa carapace de cuir et
de fer, releva la visière de son heaume.
— Je ne me rends pas, dit-il à messire Geoffroy.
Sa nouvelle armure était abîmée et son épée ébréchée, mais,
par leur qualité, toutes deux l’avaient bien aidé durant le combat.
— Je ne me rends pas, répéta-t-il. Continuons !
Messire Geoffroy
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