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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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s’inclina sur sa selle.
    — Je salue votre courage, sir Simon, dit-il avec
magnanimité, vous êtes libre de vous en aller en tout honneur.
    Il fit signe à ses hommes de s’écarter et sir Simon,
miraculeusement vivant et libre, partit la tête haute. Il avait conduit ses
hommes au désastre et à la mort mais il s’en était sorti avec honneur.
    Au-delà de sir Simon, messire Geoffroy aperçut la longue
route encombrée d’hommes d’armes en fuite et, plus loin, le bétail capturé
ainsi que les chariots emplis de butin qu’escortaient les hommes de Skeat.
Alors Will Skeat cria un ordre à Sam et soudain messire Geoffroy put voir une
bande d’archers pris de panique qui partaient à cheval vers le nord aussi vite
qu’ils le pouvaient.
    — Il va tomber dans le piège, dit Skeat d’un air
entendu, tu vas voir.
    Au cours des dernières semaines, messire Geoffroy avait
prouvé qu’il n’était pas bête, mais ce jour-là il perdit ses moyens. Il pensa qu’il
avait une occasion d’écraser les hellequins, ces archers maudits, et de
reprendre trois chariots de butin. Il demanda donc aux trente hommes d’armes
restés en réserve de se joindre à lui et, laissant les quatre prisonniers et
les neuf chevaux pris à l’adversaire à la garde de ses arbalétriers, il fit
signe aux chevaliers de le suivre. Cela faisait des semaines que Will Skeat
attendait ce moment-là.
    Sir Simon se retourna avec inquiétude en entendant le bruit
des sabots. Presque cinquante hommes en armures montés sur de lourds destriers
chargeaient. Un instant, il crut qu’ils allaient essayer de le capturer, aussi
piqua-t-il des deux en direction des bois. Mais les cavaliers français et
bretons le dépassèrent au grand galop. Il se réfugia sous les branches et lança
à Will Skeat un juron que celui-ci ignora, trop occupé à observer l’ennemi.
    En menant la charge, messire Geoffroy de Pont Blanc ne
songeait qu’à la gloire. Il avait oublié les archers cachés dans les bois ou
bien il avait cru qu’ils avaient fui après la défaite des hommes de sir Simon.
Il s’attendait à une grande victoire. Il allait récupérer le butin et, mieux
encore, il conduirait les hellequins vers le sort qu’ils méritaient, sur la
place du marché à Lannion.
    — Allez-y ! cria Skeat, les mains en porte-voix.
Allez-y !
    Les archers étaient disposés des deux côtés de la route. Ils
émergèrent du feuillage printanier et commencèrent à tirer. Avant même que la
première flèche de Thomas ait atteint son but, la seconde était déjà partie.
« Regarde et tire, se disait-il, ne réfléchis pas », et il était
d’ailleurs inutile de viser car l’ennemi formait un groupe compact. Tout ce que
les archers eurent à faire, ce fut de déverser leurs longues flèches sur les
cavaliers. En un clin d’œil, la charge fut réduite à un enchevêtrement
d’étalons qui reculaient, d’hommes qui tombaient, de chevaux qui hennissaient
et de sang qui giclait. L’ennemi n’avait aucune chance. À l’arrière,
quelques-uns parvinrent à faire demi-tour et à s’enfuir au galop, mais pour la
plupart ils étaient pris au piège, encerclés par les archers dont les flèches
traversaient sans pitié les cottes de mailles et le cuir. Tout homme qui
bougeait encore recevait trois ou quatre flèches. Le tas de fer et de chair
était constellé de flèches et pourtant d’autres flèches venaient encore,
traversant les cottes de mailles ou s’enfonçant profondément dans la chair des
chevaux. Seuls survécurent une poignée d’hommes à l’arrière et un seul en tête.
    Cet homme était messire Geoffroy. Il s’était trouvé à dix pas
devant ses compagnons et c’est peut-être pourquoi il fut épargné. Peut-être
aussi les archers avaient-ils été impressionnés par la façon dont il avait
traité sir Simon, mais quelle qu’en fût la raison, il échappa au carnage comme
par enchantement. Pas une seul flèche ne le frôla, il entendit seulement les
cris et le fracas derrière lui. Il ralentit son cheval et fit demi-tour, face à
l’horrible spectacle. Un instant, il le contempla, incrédule, puis il conduisit
son étalon vers ce qui avait été ses hommes.
    Skeat cria à une partie des archers de se retourner pour
faire face aux arbalétriers ennemis, mais ceux-ci, voyant le sort des
chevaliers, ne se sentaient pas d’humeur à affronter les flèches anglaises. Ils
se replièrent vers le sud.
    Une étrange tranquillité

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