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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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sur
le crâne. Salopard !
    Thomas faillit s’étrangler mais il ne parvint pas à rejeter
la boue.
    Sir Simon se pencha sur lui :
    — Nous devons t’enseigner les bonnes manières, lui
dit-il avant de surveiller le transport du chaudron fumant dans la cour de la
forge.
    Puis la porte s’ouvrit et quelqu’un entra dans la cour.
    — Au nom du ciel, que se passe-t-il ici ? demanda
l’homme.
    Thomas aurait chanté un Te Deum en l’honneur de saint
Sébastien si sa bouche n’avait pas été remplie de boue, car son sauveur était
le père Hobbe qui avait dû entendre les cris frénétiques et était accouru
jusque dans l’impasse pour en savoir plus.
    — Que faites-vous ? demanda-t-il à sir Simon.
    — Ce n’est pas votre affaire, père.
    — Thomas, est-ce bien toi ?
    Le prêtre se tourna vers sir Simon.
    — Dieu du ciel ! Qui donc croyez-vous être, par le
diable ?
    Le père Hobbe avait du caractère et, dans la situation
présente, il ne se contrôlait plus.
    — Prends garde, prêtre ! menaça sir Simon.
    — Moi ? Prendre garde ! J’enverrai votre âme
en enfer si vous ne partez pas sur-le-champ.
    Le petit homme saisit l’énorme tisonnier du forgeron et le
brandit comme une épée.
    — J’enverrai vos âmes en enfer ! Partez !
Partez tous ! Hors d’ici ! Dehors ! Au nom de Dieu,
sortez ! Sortez !
    Sir Simon recula. C’était une chose de torturer un archer,
c’en était une autre, bien différente, d’engager un conflit avec un prêtre dont
la voix avait suffisamment de portée pour attirer l’attention. Sir Simon
grommela que le prêtre était un sale gêneur mais il n’en battit pas moins en
retraite.
    Le père Hobbe s’agenouilla auprès de Thomas et retira la
boue de sa bouche en même temps que des caillots de sang et une dent cassée.
    — Pauvre garçon, dit le père Hobbe en aidant Thomas à
se relever. Je vais te ramener chez toi, Tom, te ramener et te nettoyer.
    D’abord, Thomas dut vomir, ensuite, retenant ses
hauts-de-chausses, il rentra en titubant à la maison de Jeannette, soutenu
pendant tout le chemin par le prêtre. Une dizaine d’archers l’accueillirent,
désireux de savoir ce qui s’était passé, mais le père Hobbe les écarta.
    — Où se trouve la cuisine ? demanda-t-il.
    — Elle ne veut pas qu’on y entre, dit Thomas d’une voix
à peine audible à cause de sa bouche enflée et de ses gencives saignantes.
    — Où est-ce ? insista le père Hobbe.
    L’un des archers indiqua la porte. Le prêtre l’ouvrit et
aida Thomas à entrer. Il l’assit sur une chaise et posa les lanternes sur le
coin de la table pour pouvoir examiner le visage de Thomas.
    — Mon Dieu, dit-il, que t’ont-ils fait ?
    Il tapota la main de Thomas et alla chercher de l’eau.
    Jeannette entra dans la cuisine, pleine de fureur.
    — Vous êtes censés ne pas entrer ici ! Veuillez
sortir !
    Puis elle vit le visage de Thomas et perdit sa voix. Si
quelqu’un lui avait dit qu’elle allait voir un archer anglais sévèrement battu,
elle s’en serait réjouie, mais à sa grande surprise, elle sentait en elle un
élan de sympathie.
    — Que s’est-il passé ?
    — C’est sir Simon Jekyll, parvint à articuler Thomas.
    — Sir Simon ?
    — C’est un homme méchant, un être mauvais, mauvais, dit
le père Hobbe qui avait entendu la question en revenant de l’arrière-cuisine
avec un grand bol d’eau. Avez-vous des vêtements ? demanda-t-il en anglais
à Jeannette.
    — Elle ne parle pas anglais, dit Thomas.
    Des gouttes de sang tombaient de son visage.
    — Sir Simon s’en est pris à vous, pourquoi ?
demanda Jeannette.
    — Parce que je lui ai dit d’aller se faire bouillir le
cul.
    Thomas reçut la récompense d’un sourire.
    — C’est bien, dit-elle.
    Elle ne proposa pas à Thomas de rester dans la cuisine, mais
elle ne lui donna pas non plus l’ordre de s’en aller. Elle resta debout à
observer le prêtre qui lava son visage puis lui ôta sa chemise pour panser la
côte brisée.
    — Dis-lui qu’elle pourrait m’aider, murmura le père
Hobbe.
    — Elle est trop fière pour cela, répondit Thomas.
    — C’est un monde triste et coupable, déclara le prêtre
en s’agenouillant.
    — Reste tranquille, Tom, dit-il, ça va te faire
diablement mal.
    Il prit dans ses doigts le nez cassé et on entendit un bruit
de cartilage avant que Thomas se mette à hurler de douleur. Le père Hobbe
appliqua sur le nez un linge imprégné

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