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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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français.
    — C’est une excellente idée, monsieur l’Anglais. Vous
serez considéré comme un meurtrier et l’on vous pendra. Ainsi, Dieu soit loué,
deux Anglais auront perdu la vie, dit-elle avec un sourire amer.
    — Que raconte-t-elle, Thomas ? demanda le père
Hobbe.
    — Elle pense que j’ai raison de pardonner à mes
ennemis, mon père.
    — Excellente femme, excellente femme, dit le père
Hobbe.
    — Vous voulez vraiment le tuer ? demanda Jeannette
avec froideur.
    Thomas frissonnait de douleur, mais il n’était pas blessé au
point de ne pouvoir sentir la proximité de Jeannette.
    Elle avait un caractère bien trempé, se disait-il, mais n’en
était pas moins aussi délicieuse que le printemps. Comme les autres hommes de
Will Skeat, il avait rêvé de mieux la connaître. Sa question lui en fournissait
l’occasion.
    — Je vais le tuer, lui assura-t-il, et je vous
rapporterai l’armure et l’épée de votre mari.
    Jeannette eut un froncement de sourcils.
    — Vous en êtes capable ?
    — Si vous m’y aidez.
    — Comment ?
    Alors Thomas le lui dit et à son grand étonnement elle ne
repoussa pas son idée avec horreur, mais d’un mouvement de la tête exprima son
acceptation réticente.
    — Cela pourrait marcher, dit-elle au bout d’un instant,
cela pourrait vraiment marcher.
    Ce qui signifiait que sir Simon avait uni ses ennemis et que
Thomas avait trouvé une alliée.
     
    Jeannette était entourée d’ennemis. Elle avait encore son
fils auprès d’elle, mais tous ceux qu’elle avait aimés étaient morts et ceux
qui restaient la haïssaient. Il y avait les Anglais, bien sûr, qui occupaient
la ville, mais aussi Belas, l’avocat, et les capitaines des navires, qui
l’avaient trompée, et les tenanciers qui se servaient de la présence des
Anglais pour ne pas verser leurs rentes, et les marchands de la ville qui lui
réclamaient de l’argent qu’elle n’avait pas. Elle était comtesse, pourtant son
rang ne comptait pour rien. La nuit, méditant sur ses malheurs, elle rêvait de
rencontrer un preux chevalier, un duc, peut-être, qui viendrait à La
Roche-Derrien pour punir ses ennemis un par un. Elle les voyait geindre de
terreur, implorer grâce et ne recevoir aucune pitié. Mais, chaque fois que le
jour se levait, aucun duc n’était là et ses ennemis ne désarmaient pas. Les
ennuis de Jeannette étaient demeurés inchangés jusqu’à ce que Thomas promette de
l’aider à tuer celui de ses ennemis qu’elle haïssait plus que tous les autres.
    Le lendemain de sa conversation avec Thomas, Jeannette se
rendit au quartier général de Richard Totesham. Elle y alla de bonne heure avec
l’espoir que sir Simon Jekyll serait encore au lit. Bien qu’il fut essentiel
qu’il apprenne le but de sa visite, elle ne voulait pas le rencontrer. Qu’il
apprenne donc par d’autres ce qu’elle avait en projet.
    Le quartier général, comme sa propre maison, faisait face à
la rivière Jaudy et dans la cour du côté de la berge, malgré l’heure matinale,
il y avait déjà bon nombre de solliciteurs cherchant à obtenir quelque faveur
des Anglais. Jeannette fut invitée à attendre avec les autres.
    — Je suis la comtesse d’Armorique, dit-elle à
l’appariteur.
    Celui-ci lui répondit en mauvais français qu’elle devait
attendre comme les autres. Puis il fit une nouvelle encoche sur la baguette qui
lui permettait de compter les gerbes de flèches que l’on déchargeait d’un
chaland venu du port en eau profonde de Tréguier. Un autre chaland contenait
des tonneaux de harengs fumés. La puanteur du poisson donna le frisson à
Jeannette. De la nourriture anglaise ! Ils ne vidaient même pas les
harengs avant de les fumer et quand on les sortait des tonneaux ils étaient couverts
d’une moisissure jaune et verte. Cela n’empêchait pas les archers de s’en
régaler. Elle essaya de s’écarter des poissons en traversant la cour jusqu’à un
endroit où une douzaine d’hommes de la région découpaient de longues pièces de
bois posées sur des chevalets. L’un des charpentiers était un homme qui avait
parfois travaillé pour le père de Jeannette, bien que la plupart du temps il
fût trop imprégné d’alcool pour travailler plus de quelques jours. Il était
nu-pieds, dépenaillé, avait une bosse et un bec-de-lièvre. Mais quand il était
à jeun, il était aussi bon travailleur qu’un autre.
    — Jacques ! Que fais-tu ? lui demanda-t-elle
en

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