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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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trahis.
     
    L’alliance improbable de Jeannette et de Thomas adoucit le
climat d’hostilité qui régnait dans sa maison. À présent, les hommes de Skeat
allaient à la rivière pour leurs besoins au lieu d’utiliser la cour, et
Jeannette leur permit d’accéder à la cuisine, ce qui s’avéra bien utile car ils
apportaient leurs rations et la maisonnée put ainsi mieux s’alimenter qu’elle
ne l’avait fait depuis la prise de la ville. Malgré tout, elle ne put se
résoudre à essayer les harengs fumés avec leur couleur rouge vif et leur peau
couverte de moisissure. Le plus plaisant, ce fut le traitement réservé à deux
marchands importuns qui venaient exiger auprès de Jeannette le paiement de
leurs créances et qui furent tellement maltraités par les archers qu’ils durent
s’en aller en clopinant, sans leurs chapeaux, contusionnés et impayés.
    — Je les paierai lorsque je le pourrai, dit-elle à
Thomas.
    — Sir Simon aura probablement de l’argent sur lui,
dit-il.
    — Vraiment ?
    — Seuls les imbéciles laissent de l’argent là où les
serviteurs peuvent le trouver.
    Quatre jours après les coups reçus, son visage était encore
enflé et ses lèvres étaient noires de sang séché. Sa côte lui faisait mal et
son corps était une masse douloureuse, mais il avait affirmé à Skeat qu’il
était suffisamment remis pour aller à Lannion. Ils devaient partir l’après-midi
même. À midi, Jeannette le trouva dans l’église Saint-Renan.
    — Pourquoi priez-vous ? lui demanda-t-elle.
    — Je prie toujours avant un combat.
    — Il y en aura un aujourd’hui ? Je pensais que
vous ne partiez pas avant demain ?
    — J’aime les secrets bien gardés, dit Thomas avec
amusement. Nous partons un jour plus tôt. Tout est prêt, pourquoi
attendre ?
    — Où allez-vous ? demanda Jeannette qui le savait
déjà.
    — Là où on nous conduira, répondit Thomas.
    Jeannette dit une prière en silence pour que son message
soit parvenu au duc Charles.
    — Soyez prudent, dit-elle à Thomas, non parce qu’elle
se faisait du souci pour lui mais parce qu’il était son agent dans la revanche
qu’elle voulait prendre sur sir Simon Jekyll.
    — Peut-être sir Simon sera-t-il tué ?
suggéra-t-elle.
    — Dieu le préservera pour moi, dit Thomas.
    — Et s’il ne me suivait pas à Louannec ?
    — Il vous suivra comme un chien, dit Thomas, mais, pour
vous, ce sera dangereux.
    — Je vais récupérer l’armure, dit Jeannette, c’est tout
ce qui compte. Priez-vous saint Renan ?
    — Saint Sébastien, dit Thomas, et saint Guinefort.
    — J’ai interrogé le prêtre au sujet de saint Guinefort,
dit-elle sur un ton de reproche, il m’a répondu qu’il n’en avait jamais entendu
parler.
    — Il n’a probablement jamais entendu parler non plus de
sainte Wilgefortis.
    — Wilgefortis ? Qui est-il ? demanda
Jeannette en trébuchant sur ce nom inhabituel.
    — Elle, dit Thomas. C’était une jeune fille très pieuse
qui vivait en Flandre. Il lui poussa une longue barbe et chaque jour elle a
prié Dieu de la rendre aussi repoussante que possible afin qu’elle puisse
rester chaste.
    Jeannette ne put s’empêcher de rire.
    — Ce n’est pas vrai !
    — C’est vrai, madame, lui certifia Thomas. On a un jour
proposé à mon père un poil de sa sainte barbe, mais il a refusé de l’acheter.
    — Alors je vais prier la sainte barbue pour que vous
surviviez à votre expédition, dit Jeannette, mais seulement pour que vous
puissiez m’aider contre sir Simon. À part cela, je voudrais que vous mouriez
tous.
     
    À Guingamp, la garnison avait le même désir et pour le
réaliser un force importante d’arbalétriers et d’hommes d’armes fut rassemblée
afin de tendre une embuscade aux Anglais sur le chemin de Lannion, mais tout
comme Jeannette, les Français étaient persuadés que la garnison de La
Roche-Derrien effectuerait sa sortie le vendredi. Ils ne partirent donc que le
jeudi soir et, à ce moment, les forces de Totesham se trouvaient déjà à moins
de deux lieues de Lannion. La garnison diminuée de la ville ne savait pas que
les Anglais allaient venir parce que les capitaines du duc Charles, qui
commandaient ses soldats à Guingamp pendant que lui-même séjournait à Paris,
avaient décidé de ne pas prévenir la ville. Si trop de gens apprenaient que les
Anglais avaient été trahis, les Anglais eux-mêmes pourraient en être informés,
abandonner leur projet et

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