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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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la fièvre.
    — Pauvre garçon, dit sir Simon avec une fausse
sympathie.
    Puis, sur un ton péremptoire, il ordonna à un clerc de
rédiger un sauf-conduit pour la comtesse.
    — Vous n’allez pas voyager seule, madame ?
demanda-t-il.
    — J’emmènerai des serviteurs.
    — Il vaudrait mieux emmener des soldats. Il y a des
bandits partout.
    — Je ne crains pas les gens de mon pays, sir Simon.
    — Pourtant vous le devriez, répondit-il abruptement.
Combien de serviteurs ?
    — Deux.
    Sir Simon dit au clerc de le préciser sur le sauf-conduit,
puis il revint à Jeannette.
    — Il serait vraiment plus sûr pour vous d’avoir une
escorte de soldats.
    — Dieu me protégera, dit Jeannette.
    Sir Simon regarda le clerc sabler l’encre sur le
sauf-conduit et verser sur le parchemin un peu de cire chaude. Il apposa son
sceau sur la cire puis tendit le document à Jeannette.
    — Je devrais peut-être vous accompagner, madame ?
    — Je préférerais ne pas faire ce voyage, répondit
Jeannette en refusant de prendre le sauf-conduit.
    — Dans ce cas, je délègue mes devoirs à Dieu, dit sir
Simon.
    Jeannette prit le sauf-conduit, se força à le remercier et
s’enfuit. Elle s’attendait un peu à ce que sir Simon la poursuive, mais il la
laissa partir intacte. Elle se sentait salie, mais aussi triomphante parce que
désormais le piège était tendu. Bel et bien tendu.
    Elle ne rentra pas directement chez elle mais se rendit à la
maison de l’avocat, Belas, lequel était encore en train de manger du boudin et
du pain pour son petit déjeuner. L’odeur du boudin éveilla l’appétit de
Jeannette mais elle refusa l’assiette que lui proposait l’homme de loi. Elle
était comtesse et ne voulait pas déchoir en partageant la table d’un robin.
    Belas rajusta sa robe, s’excusa du froid qui régnait dans la
pièce et lui demanda si elle s’était décidée à vendre sa maison.
    — Ce serait le plus sage, madame, vos dettes
augmentent.
    — Je vous ferai connaître ma décision, lui dit-elle. Je
suis venue pour une autre affaire.
    Belas ouvrit les volets.
    — Les affaires coûtent de l’argent, madame, et vos
dettes, pardonnez-moi de le redire, s’accroissent.
    — Il s’agit d’une chose qui concerne le duc Charles,
dit Jeannette. Avez-vous toujours une correspondance avec ses hommes
d’affaires ?
    — De temps à autre, répondit Belas sur ses gardes.
    — Comment faites-vous ?
    Belas se méfiait de la question, mais finalement il se dit
qu’il pouvait répondre.
    — Les messages vont à Paimpol par bateau, puis un
courrier les emporte à Guingamp.
    — Combien de temps cela prend-il ?
    — Deux ou trois jours, selon que les Anglais sont ou non
dans la campagne entre Paimpol et Guingamp.
    — Alors écrivez au duc pour lui dire que les Anglais
vont attaquer Lannion à la fin de cette semaine. Ils sont en train de fabriquer
des échelles pour escalader les murs.
    Elle avait décidé d’envoyer son message par l’intermédiaire
de Belas car ses propres courriers étaient deux pêcheurs qui ne venaient vendre
leurs produits à La Roche-Derrien que le jeudi. Son message arriverait trop
tard si elle le leur confiait. Envoyé par Belas, il parviendrait assez tôt à Guingamp
pour que les plans anglais soient mis en échec.
    Belas ôta un morceau d’œuf de sa fine barbe.
    — En êtes-vous sûre, madame ?
    — J’en suis sûre, évidemment !
    Elle lui parla de Jacques, des échelles, du contremaître
anglais indiscret et lui dit comment sir Simon l’avait obligée à attendre une
semaine avant de lui permettre d’aller du côté de Lannion.
    Belas la raccompagna jusqu’à la porte de la maison.
    — Le duc vous en sera reconnaissant, lui dit-il.
    Le jour même, Belas fit partir le message. S’abstenant de
préciser qu’il venait de la comtesse, il s’en attribua tout le crédit. Il
confia la lettre à un capitaine qui appareillait dans l’après-midi et le
lendemain matin un cavalier partit de Paimpol. Il n’y avait pas de hellequins
dans la contrée dévastée qui s’étendait entre le port et la capitale du duc, et
ainsi le message arriva sans encombre. Peu après, à Guingamp, le quartier
général du duc Charles, les maréchaux-ferrants vérifièrent les sabots des
chevaux, les arbalétriers graissèrent leurs armes, les écuyers frottèrent les
cottes de mailles pour les faire briller et un millier d’épées furent affûtées.
    Les Anglais avaient été

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