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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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priver les hommes du duc d’une victoire rare et
complète.
    De leur côté, les Anglais s’attendaient à être victorieux.
C’était une nuit sans humidité et, vers minuit, la pleine lune fit son
apparition au coin d’un nuage aux bords argentés, révélant le relief découpé
des murs de Lannion.
    Cachés dans les bois, les attaquants observaient les
quelques sentinelles qui gardaient les remparts. Ces sentinelles avaient
sommeil. Au bout d’un moment, elles se rendirent dans les bastions où brûlaient
des feux. Elles ne virent donc pas les six groupes, chacun porteur d’une
échelle, se faufiler à travers champs dans la nuit, ni la centaine d’archers
qui les suivaient. Et ils dormaient encore pendant que les archers montaient
les barreaux des échelles et que les forces principales de Totesham sortaient
du bois, prêtes à faire irruption par la porte est que les archers allaient
ouvrir.
    Les sentinelles moururent. Un chien aboya dans la ville,
puis une cloche se mit à sonner et la garnison de Lannion s’éveilla, mais il
était trop tard, la porte était ouverte et les soldats de Totesham, revêtus de
leurs cottes de mailles, criaient au pillage dans les ruelles obscures pendant
que d’autres hommes d’armes et d’autres archers affluaient par l’étroite porte.
    Les hommes de Skeat formaient l’arrière-garde. Ils
attendaient à l’extérieur de la ville lorsque le sac commença. Les cloches des
églises sonnaient à toute volée tandis que les paroisses s’éveillaient en plein
cauchemar, mais peu à peu elles se turent.
    Will Skeat regarda les champs éclairés par la lune au sud de
Lannion.
    — J’ai entendu dire que c’est sir Simon qui a amélioré
ton apparence, dit-il à Thomas.
    — C’est lui.
    — Parce que tu lui as dit de se faire bouillir le
cul ? dit Skeat avec un sourire. Tu ne peux pas lui reprocher de t’avoir
corrigé, mais il aurait dû m’en parler d’abord.
    — Qu’aurais-tu fait ?
    — J’aurais fait en sorte que la correction ne soit pas
trop rude, dit Skeat pendant que son regard parcourait lentement le paysage.
    Thomas avait acquis la même habitude de vigilance, mais
au-delà de la ville, la campagne était tranquille. Une brume s’élevait des
terres basses.
    — Que vas-tu faire ? demanda Skeat.
    — T’en parler.
    — Je n’ai pas à épouser tes querelles, mon garçon. Que
vas-tu faire ?
    — Te demander de me laisser Jake et Sam, samedi. Il me
faut aussi trois arbalètes.
    — Des arbalètes, pourquoi donc ?
    Il vit que le reste des forces de Totesham était entré dans
la ville, aussi mit-il deux doigts dans sa bouche pour produire un sifflement
perçant qui donnait à ses hommes le signal d’avancer à leur tour.
    — Sur les murs ! cria-t-il aux hellequins qui
s’élançaient sur leurs chevaux. Sur les murs !
    L’arrière-garde avait pour mission de prendre possession des
défenses de la ville.
    — La moitié de ces sacrés corniauds va encore se
saouler, grommela Skeat, alors reste à côté de moi, Tom.
    La plupart des hommes de Skeat firent leur travail et
escaladèrent les marches de pierre qui conduisaient aux remparts, mais
quelques-uns s’esquivèrent en quête de butin et de boisson, aussi Skeat, Thomas
et une demi-douzaine d’archers entreprirent-ils de ratisser la ville pour les
trouver et les ramener sur les murs. Une vingtaine d’hommes d’armes de Totesham
faisaient la même chose, extrayant les pochards des tavernes pour leur confier
le soin de charger les nombreux chariots qui avaient été rassemblés à
l’intérieur de la ville dans l’intention de les mettre à l’abri des hellequins.
Totesham voulait surtout de la nourriture pour sa garnison. Ses meilleurs
hommes d’armes firent de leur mieux pour empêcher les soldats de boire, de s’en
prendre aux femmes ou de se livrer à toute autre activité qui ralentirait le
pillage.
    La garnison de la ville, surprise dans son sommeil, avait
essayé de résister, mais sa réaction venait trop tard et les corps des
défenseurs gisaient dans les rues éclairées par la lune. Mais, dans la partie
ouest de la ville, près des berges de la rivière Léguer, les combats se
poursuivaient et le bruit de la bataille attira Skeat de ce côté-là. Dans leur grande
majorité, les soldats n’y faisaient pas attention, trop occupés à enfoncer les
portes à coups de pied et à piller les magasins, mais Skeat était convaincu que
nul n’était en sécurité dans

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