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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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le gris terne des cottes de mailles. Il cria à Skeat
que des cavaliers étaient en vue.
    Skeat se pencha aux remparts.
    — Tu vois quelque chose, Tom ?
    C’était juste avant l’aube. Le paysage était imprégné de
grisaille et barré de bandes de brumes. Thomas regarda. Il apercevait à une
demi-lieue vers le sud un bois touffu et une crête peu élevée dont le profil
sombre émergeait de la brume. Puis il vit les bannières et les cottes de
mailles grises dans la lumière grise, et un buisson de lances.
    — Des hommes d’armes, dit-il. Ils sont nombreux.
    Skeat jura. Les hommes de Totesham se trouvaient soit dans
la ville soit étirés le long de la route de La Roche-Derrien, et ils étaient
déjà si loin qu’il n’y avait aucun espoir de les ramener derrière les murs de
Lannion. Et quand bien même cela eût été possible, cela n’aurait pas eu de sens
puisque toute la partie ouest de la ville était la proie d’un incendie furieux
et que les flammes s’étendaient vite. Se replier derrière les murs, c’était
risquer d’être rôtis vivants, mais les hommes de Totesham n’étaient pas en
condition de combattre. Beaucoup d’entre eux étaient ivres et tous étaient
chargés de butin.
    — La haie, dit laconiquement Skeat en désignant une
ligne d’épine noire et d’aulnes qui longeait la route où les charrettes
avançaient bruyamment.
    — Les archers, à la haie, Tom. Nous nous occuperons de
vos chevaux. Dieu sait comment nous allons arrêter ces cornards…
    Il fit un signe de croix.
    — Mais nous n’avons pas le choix.
    Thomas se fraya un chemin pour passer la porte encombrée et
il conduisit quarante archers par une pâture détrempée jusqu’à la haie qui
semblait une bien fragile protection contre l’ennemi qui s’amassait dans la
brume argentée. Il y avait là-bas au moins trois cents cavaliers. Ils ne
s’avançaient pas encore, mais ils se regroupaient avant la charge, et Thomas
n’avait que quarante hommes pour les arrêter.
    — Espacez-vous ! cria-t-il. Espacez-vous !
    Il mit brièvement un genou en terre et se signa.
« Saint Sébastien, pria-t-il, sois avec nous. Saint Guinefort,
protège-moi. » Il toucha la patte de chien desséchée, puis fit encore un
signe de croix.
    Une dizaine d’autres archers vinrent se joindre à ses
forces, mais c’était encore bien insuffisant. De jeunes pages montés sur des
poneys et armées d’épées d’enfants auraient pu massacrer ceux qui étaient sur
la route car la haie de Thomas ne constituait pas un véritable écran :
elle s’interrompait à un quart de lieue de la ville. Il suffisait que les
cavaliers passent par cette ouverture et rien ne pourrait les arrêter. Thomas
pouvait conduire ses hommes en terrain découvert, mais cinquante hommes étaient
incapables d’en immobiliser trois cents. Les archers étaient surtout efficaces
lorsqu’ils étaient massés et faisaient pleuvoir un déluge de pointes de fer.
Cinquante hommes regroupés risquaient d’être renversés et massacrés par les
cavaliers.
    — Les arbalétriers, grogna Jake.
    Thomas vit des soldats en jaquettes vert et rouge sortir des
bois derrière les hommes d’armes ennemis. La lumière de l’aube reflétée par les
cottes de mailles, les épées et les heaumes jetait un éclat froid.
    — Ces bâtards prennent leur temps, dit Jake
nerveusement.
    Il avait planté une poignée de flèches au pied de la haie,
laquelle était tout juste assez épaisse pour arrêter des cavaliers, mais pas
assez dense contre un carreau d’arbalète.
    Will Skeat avait rassemblé soixante de ses hommes d’armes à
proximité de la route, prêt à lancer une contre-charge sur les ennemis dont le
nombre augmentait à chaque instant. Les hommes du duc Charles et leurs alliés
français avaient pris la direction de l’est dans le but de s’avancer vers
l’ouverture au bout de la haie, à un endroit où se trouvait une tentante
étendue verte qui menait à la route. « Pourquoi diable
attendent-ils ? » pensa Thomas en se demandant s’il allait mourir à
cet endroit. Il n’y avait pas assez d’hommes pour arrêter les ennemis. À
Lannion, l’incendie continuait, déversant sa fumée dans le ciel pâle.
    Il courut le long de la partie gauche de la ligne et là il
trouva le père Hobbe un arc à la main.
    — Vous ne devriez pas être ici, père, dit-il.
    — Dieu me pardonnera, répondit le prêtre.
    Il avait coincé sa soutane dans sa ceinture et

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