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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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que beaucoup de dominicains voyagent avec un
arc ? demanda-t-il.
    — Thomas, répondit tristement le père Hobbe, je peux
dégrafer tes hauts-de-chausses et te tourner dos au vent, mais même avec l’aide
du Seigneur je ne peux pas pisser à ta place.
    — En d’autres mots, dit Skeat, il faut t’en sortir tout
seul. Tu t’es mis dans un sacré pétrin, Tom, sors-en par toi-même. J’ai été
content de t’avoir avec moi. Quand je t’ai vu pour la première fois, j’ai pensé
que tu ne serais bon à rien, et ça n’a pas été le cas, mais maintenant c’est le
cas. Je te souhaite bonne chance, mon garçon.
    Il tendit sa main et Thomas la serra.
    — Autant que tu ailles à Guingamp avec la comtesse, dit
Skeat pour terminer, ensuite tu trouveras ton chemin, mais le père Hobbe veut
d’abord s’occuper de ton âme, Dieu sait pourquoi.
    Le père Hobbe descendit de cheval et conduisit Thomas dans
l’église sans toit où les herbes folles poussaient entre les dalles. Il insista
pour entendre Thomas en confession et celui-ci se sentait suffisamment fautif
pour que sa contrition parût sincère.
    À la fin, le père Hobbe poussa un soupir.
    — Tu as tué un homme, Tom, dit-il, c’est un grand
péché.
    — Père, commença Thomas.
    — Non, non, Tom, pas d’excuses. L’Église dit que tuer
au cours d’une bataille est un devoir qu’un homme doit à son seigneur, mais
toi, tu as tué en dehors de la loi. Ce pauvre écuyer, quel mal t’avait-il
fait ? Et puis il avait une mère, Tom, pense à elle. Non, tu as péché
lourdement et je dois te donner une lourde pénitence.
    Thomas, à genoux, leva les yeux. Il vit une buse qui
glissait dans l’air entre de minces nuages au-dessus des murs ébréchés de
l’église. Le père Hobbe s’approcha et se pencha sur lui.
    — Je ne vais pas te demander de marmonner des pater
noster, Tom, mais quelque chose de difficile, quelque chose de très difficile.
    Il posa sa main sur les cheveux de Thomas.
    — Ta pénitence, c’est de tenir la promesse que tu as
faite à ton père.
    Il s’arrêta pour écouter la réponse de Thomas, mais le jeune
homme demeura silencieux.
    — Tu m’entends ? demanda le père Hobbe d’une voix
forte.
    — Oui, mon père.
    — Tu vas retrouver la lance de saint Georges, Thomas,
et la rapporter en Angleterre. Voilà ta pénitence. Et maintenant…
    Il passa à un exécrable latin.
    — Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je te
donne l’absolution.
    Il fit un signe de croix.
    — Ne gâche pas ta vie, Tom.
    — Je pense que c’est déjà fait, mon père.
    — Tu es jeune, tout simplement. C’est ainsi que les
choses paraissent quand on est jeune.
    Il aida Thomas à se relever.
    — Tu n’est pas encore suspendu à un gibet, n’est-ce pas ?
Tu es vivant, Tom, il y a encore en toi beaucoup de vie. J’ai le sentiment que
nous nous reverrons, ajouta-t-il avec un sourire.
    Thomas fit ses adieux, puis regarda Skeat prendre le cheval
de sir Simon Jekyll et conduire les hellequins vers l’est, abandonnant le
chariot et sa petite escorte dans le village en ruine.
    Le chef de l’escorte s’appelait Hugh Boltby. C’était l’un
des meilleurs hommes d’armes de Skeat. Il pensait qu’ils rencontreraient les
ennemis le lendemain quelque part du côté de Guingamp. Il leur confierait la
comtesse puis ferait demi-tour pour rejoindre Skeat.
    — Il vaudra mieux que tu ne sois pas habillé en archer,
Tom, précisa-t-il.
    Thomas marcha à côté du chariot que conduisait Pierre, le
vieux serviteur qui avait été « pressé » par sir Simon. Jeannette ne
l’invita pas à monter. En fait, elle fit comme s’il n’existait pas. Toutefois,
le lendemain matin, après qu’ils eurent campé dans une ferme abandonnée, elle
se mit à rire en le voyant vêtu d’une robe de moine.
    — Je suis désolé de ce qui est arrivé, lui dit Thomas.
    Jeannette haussa les épaules.
    — Ça vaut peut-être mieux ainsi. J’aurais sans doute dû
aller chez le duc Charles l’hiver dernier.
    — Pourquoi ne l’avez-vous pas fait, madame ?
    — Il n’a pas toujours été gentil avec moi, dit-elle
d’un air triste et rêveur. Mais je pense que cela pourrait changer.
    Elle s’était persuadée que l’attitude du duc avait pu se
modifier en raison des lettres qu’elle lui avait adressées, lettres qui
pouvaient lui être utiles lorsqu’il dirigerait ses troupes sur la garnison de
La Roche-Derrien. Elle était aussi

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