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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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atteignirent Rennes dans l’après-midi. Sur le fond
sombre des nuages noirs qui se profilaient à l’est, la cité semblait plus
grande que toutes les villes que Thomas avait connues. Les murs étaient deux
fois plus hauts que ceux de Lannion ou La Roche-Derrien et ils étaient pourvus
de nombreuses tours aux toits pointus d’où les arbalétriers pouvaient tirer
leurs carreaux sur les assaillants. Au-dessus des murs, plus haute que les
tourelles, que les clochers des églises ou que la cathédrale, s’élevait la
citadelle, un bastion de pierre pâle où flottaient des bannières. L’odeur de la
ville dérivait vers l’ouest, poussée par un vent frais, une odeur fétide d’eaux
de vidange, de tanneries et de fumée.
    À la porte ouest, les gardes s’énervèrent lorsqu’ils
découvrirent les flèches dans le chariot, mais Jeannette les persuada qu’il
s’agissait d’un trophée qu’elle apportait au duc. Ensuite, ils prétendirent
lever une taxe d’octroi sur la belle armure et Jeannette dut encore faire usage
de son titre et mentionner le nom du duc. Finalement, les soldats cédèrent. Ils
laissèrent le chariot s’engager dans les rues étroites où les étals des
boutiques envahissaient la chaussée. Des mendiants suivaient le chariot en
courant et des soldats bousculaient Thomas qui marchait devant en conduisant le
cheval. La ville regorgeait d’hommes de guerre. La plupart des hommes d’armes
portaient les armoiries à l’hermine blanche couronnée, mais beaucoup avaient le
Graal vert de Gênes sur leur tunique. La présence de tant de troupes confirmait
que le duc était bien en ville et qu’il se préparait pour la campagne qui devait
chasser les Anglais de Bretagne.
    Ils trouvèrent une taverne que dominaient les tours jumelles
de la cathédrale. Jeannette souhaitait se préparer pour son audience avec le
duc et demanda une chambre mais ne put obtenir pour son argent qu’une petite
pièce pleine d’araignées sous les toits de la maison. Le tavernier, un individu
au teint cireux et affligé d’un tic, suggéra à Thomas qu’il serait plus à son
aise dans le monastère des dominicains qui se trouvait près de l’église
Saint-Germain, au nord de la cathédrale, mais Thomas lui déclara que sa mission
était d’être parmi les pécheurs et non parmi les saints, ce à quoi l’aubergiste
répondit à contre-cœur qu’il pouvait dormir dans le chariot de Jeannette, dans
la cour de la taverne.
    — Mais pas de prêche, mon père, pas de prêche, ajouta
l’homme. Il y en a assez comme cela dans la ville pour en épargner Les Trois
Clés.
    La servante de Jeannette brossa les cheveux de sa maîtresse,
puis ramena et épingla les tresses noires de façon à lui couvrir les oreilles.
Jeannette revêtit un corsage, orné de bleuets et de marguerites brodées, fermé
sur son cou, et une robe de velours rouge qui avait échappé au sac de sa
maison. Elle descendait de la poitrine jusqu’à ses chaussures rouges aux
boucles faites de corne. Les manches étaient larges et doublées de renard. Sa
coiffe, assortie à la robe, était doublée de la même fourrure et comportait un
voile en résille bleu noir.
    Elle nettoya le visage de son fils, puis le conduisit dans
la cour de la taverne.
    — Vous pensez que le voile est bien ?
demanda-t-elle à Thomas avec inquiétude.
    — Il me paraît bien mis.
    — Non, la couleur ! Est-ce que ça va avec le
rouge ?
    Il acquiesça, dissimulant son étonnement. Il ne l’avait
jamais vue habillée avec tant d’élégance. Elle avait vraiment l’air d’une
comtesse. Son fils portait une blouse propre et avait les cheveux bien peignés.
    — Tu vas rencontrer ton grand-oncle ! lui dit
Jeannette en lui passant un doigt sur la joue pour y ôter une poussière. Il est
le neveu du roi de France. Ce qui veut dire que tu es apparenté au roi !
Oui, tu l’es ! N’as-tu pas de la chance ?
    Charles s’écarta de sa mère et de son bavardage mais
celle-ci n’y prêta pas attention car elle était déjà occupée à donner ses
instructions à Pierre pour qu’il place l’armure et l’épée dans un grand sac.
Elle voulait que le duc voie l’armure.
    — Je veux qu’il sache, dit-elle à Thomas, que mon fils
combattra pour lui quand il en aura l’âge.
    Pierre souleva le sac et faillit s’effondrer sous son poids.
Thomas s’offrit à le transporter jusqu’à la citadelle, mais Jeannette ne voulut
pas en entendre parler.
    — Vous pouvez

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