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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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sa vie, mais elle suivit Thomas d’assez bonne grâce quand il
se mit en route vers le nord. La route, où les chariots avaient creusé de
profondes ornières, était glissante à cause de la boue due à la pluie de la
veille. Elle s’enfonçait en serpentant dans une épaisse forêt dont les feuilles
laissaient encore tomber des gouttes d’eau. Jeannette avança d’abord
péniblement puis se mit à pleurer.
    — Il faut que je retourne à Rennes, insista-t-elle, je
veux retrouver mon fils.
    Thomas tenta d’argumenter, mais elle ne se laissa pas
fléchir. Finalement, il céda, mais quand il fit demi-tour pour aller vers le
sud, elle se mit à pleurer encore plus fort. Le duc avait dit qu’elle n’était
pas une mère convenable. Elle répétait, criant vers le ciel : « Pas
convenable ! Pas convenable ! Il a fait de moi sa
putain ! » Puis elle tomba à genoux sur le bord du chemin et se mit à
sangloter d’une manière incontrôlable. Elle tremblait à nouveau et Thomas se
dit que si elle ne mourait pas de fièvre, le chagrin la tuerait sûrement.
    — Nous allons retourner à Rennes, lui dit Thomas pour
tenter de l’apaiser.
    — Je ne peux pas, gémit-elle. Il me prostituera !
Me prostituera !
    Elle cria ces derniers mots puis se mit à se balancer
d’avant en arrière et à pousser des cris d’une voix suraiguë. Thomas essaya de
la faire lever et marcher, mais elle s’opposa à lui. Elle voulait mourir,
disait-elle, c’était tout ce qu’elle désirait.
    — Une putain, hurla-t-elle en arrachant le rebord en
renard de sa robe rouge. Une putain ! Il a dit que je ne devais pas porter
de fourrure. Il a fait de moi une putain.
    Et elle jeta la fourrure dans les broussailles.
    Le matin avait été sec mais des nuages de pluie se formaient
vers l’est et Thomas se sentait nerveux en voyant l’âme de Jeannette se
désintégrer devant ses yeux. Comme elle refusait de marcher, il la prit dans
ses bras et la porta. Il suivit un sentier bien tracé qui s’enfonçait dans les
bois et parvint à une maisonnette si basse et si couverte de mousse qu’il crut
d’abord que ce n’était qu’un monticule parmi les arbres. Puis il vit de la
fumée s’échapper d’un trou du toit. Thomas était préoccupé par les bandits qui
hantaient cette forêt, mais il se remettait à pleuvoir et la petite maison
constituait le seul refuge à la ronde. Ayant posé Jeannette, il appela par l’entrée
qui ressemblait à un terrier. Un vieillard aux cheveux blancs, aux yeux rouges
et à la peau noircie par la fumée s’approcha pour regarder Thomas. L’homme
parlait un français tellement imprégné d’accent et de vocabulaire local que
Thomas le comprenait à peine, mais il comprit tout de même que c’était un
bûcheron qui vivait ici avec sa femme. Le forestier jeta un regard avide sur
les pièces de monnaie que Thomas lui présenta avant de lui dire que l’abri du
cochon était disponible. L’endroit puait la paille pourrie et les excréments
mais le chaume protégeait de la pluie et Jeannette ne paraissait se soucier de
rien. Thomas jeta dehors la vieille paille et aménagea pour Jeannette un lit de
fougères. Une fois l’argent dans sa main, le bûcheron parut ne plus s’intéresser
à ses visiteurs, mais au milieu de l’après-midi, alors que la pluie avait
cessé, Thomas entendit la femme s’adresser à son mari et, quelques instants
plus tard, le vieil homme s’en alla dans la direction de la route, mais sans
aucun de ses instruments. Il n’emportait ni sa hache, ni sa serpette, ni sa
scie.
    Jeannette dormait, épuisée. Alors Thomas enleva le trèfle
qui dissimulait son arc, dégagea la tige d’if et replaça les embouts en corne.
Il tendit l’arme, plaça une demi-douzaine de flèches dans sa ceinture et suivit
le vieil homme jusqu’à la route. Là, il attendit, dissimulé dans un bosquet.
    Le forestier revint vers le soir accompagné de deux hommes
dont Thomas devina qu’ils étaient de ces bandits contre lesquels on l’avait mis
en garde. Le vieil homme avait dû comprendre que Thomas et la femme étaient des
fugitifs car, bien que possédant argent et bagage, ils avaient cherché un lieu
où se cacher et cela suffisait à éveiller les soupçons de n’importe qui. Un
moine n’a pas besoin d’une cache au fond des bois et une femme portant une robe
avec des restes de fourrure ne recherche pas l’hospitalité d’un bûcheron. Il ne
faisait pas de doute que le forestier

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