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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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portée, avait fait l’amour avec elle
et voilà que sans un mot elle le mettait à l’écart. Scoresby et ses hommes,
frustrés d’une pendaison, s’en étaient allés au village et Thomas se demandait
ce qu’il était censé faire.
    « Bon Dieu ! » dit-il à haute voix. Il se
faisait l’effet d’un imbécile dans sa robe déchirée. « Bon
Dieu ! » répéta-t-il. Une colère, épaisse comme la bile noire qui
pouvait rendre un homme malade, monta en lui. Mais que pouvait-il faire ?
Il était un imbécile dans une robe en loques et le prince était le fils d’un
roi.
    Le prince avait emmené Jeannette vers l’étendue herbeuse où
s’élevaient les grandes tentes en une rangée colorée. Chacune avait un mât et
sur le plus grand flottait la bannière du prince de Galles qui portait les
lions dorés de l’Angleterre sur ses deux quartiers rouges et des fleurs de lys
dorées sur les deux quartiers bleus. Les fleurs de lys signifiaient que le roi
prétendait au trône de France et la bannière, qui était celle du roi
d’Angleterre, était barrée d’un trait blanc pour indiquer qu’elle appartenait
au fils aîné du roi. Thomas fut tenté de suivre Jeannette et de demander l’aide
du prince, mais à ce moment l’une des plus petites bannières, celle qui était
le plus éloignée, fut soulevée par une brise tiède et se déploya lentement. Il
se mit à la regarder.
    Elle avait un champ bleu barré diagonalement d’une bande
blanche. Trois lions jaunes rampants étaient emblasonnés de chaque côté de la
bande, elle-même décorée d’étoiles rouges avec des centres verts. C’était une
bannière que Thomas connaissait bien, mais il avait peine à croire qu’elle se
trouvait ici, en Normandie, car c’étaient les armes de William Bohun, comte de
Northampton. Or celui-ci était le représentant du roi en Bretagne. Pourtant on
ne pouvait pas se tromper, c’était bien sa bannière. Thomas se dirigea dans
cette direction, avec la crainte de découvrir des armoiries proches de celles
du comte et cependant différentes.
    Mais c’était bien sa bannière. Sa tente, contrairement aux
majestueux pavillons qui s’alignaient sur l’herbe, était toujours le même abri
crasseux fait de deux voiles usagées. Une demi-douzaine d’hommes d’armes
portant les armoiries du comte barrèrent la passage à Thomas quand celui-ci
s’approcha de la tente.
    — Venez-vous pour entendre Sa Seigneurie en confession
ou pour lui planter une flèche dans le ventre ? lui demanda l’un d’eux.
    — Je voudrais parler à Sa Seigneurie, dit Thomas qui
avait du mal à dissimuler la colère engendrée par l’abandon de Jeannette.
    — Mais lui, voudra-t-il vous parler ? demanda
l’homme, amusé par les prétentions de cet archer en guenilles.
    — Oui, répondit Thomas avec une assurance qu’il
n’éprouvait pas entièrement. Dites-lui que l’homme qui lui a donné La
Roche-Derrien est ici.
    L’homme d’armes parut étonné. Il fronça les sourcils, mais
juste à ce moment la porte de la tente s’ouvrit et le comte en personne
apparut, nu jusqu’à la ceinture et montrant un torse musclé couvert d’une
épaisse toison rousse. Tout en mâchant un pilon d’oie, il leva les yeux vers le
ciel comme s’il craignait l’arrivée de la pluie. L’homme d’armes se tourna vers
lui en indiquant la présence de Thomas et en haussant les épaules pour
signifier qu’il n’était pas responsable du fait que ce dément se présentait
sans s’annoncer.
    Le comte regarda Thomas.
    — Bonté divine ! dit-il après un silence. Es-tu
entré dans les ordres ?
    — Non, monseigneur.
    Avec ses dents, le comte arracha de l’os un morceau de
chair.
    — Thomas, c’est bien ça ?
    — Oui, monseigneur.
    — Je n’oublie jamais un visage, et j’ai une bonne
raison de me souvenir du tien, mais je ne m’attendais pas à te trouver ici.
Es-tu venu à pied ?
    Thomas acquiesça.
    — Oui, monseigneur.
    Il y avait quelque chose de troublant dans l’attitude du
comte, comme s’il n’était pas vraiment surpris de voir Thomas en Normandie.
    — Will m’a parlé de toi, dit le comte, il m’a tout dit.
Ainsi, Thomas, mon modeste héros de La Roche-Derrien, est un meurtrier ?
dit-il d’un air sévère.
    — Oui, monseigneur, répondit Thomas avec humilité.
    Le comte jeta l’os d’oie puis fit claquer ses doigts et un
serviteur lui lança une chemise depuis la tente. Il l’enfila et la rentra

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