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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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menaçait, les cavaliers bifurquèrent et partirent en
direction de l’est.
    Thomas attendit qu’ils aient disparu, puis il conduisit
Jeannette en terrain découvert, traversant un bois pour arriver jusqu’à
l’endroit où une ferme brûlait. Dans le soleil éclatant les flammes semblaient
pâles. On ne voyait personne. Il n’y avait que la ferme en train de brûler et
un chien étendu près d’une mare aux canards entourée de plumes. Comme le chien
geignait – il avait une blessure au ventre –, Jeannette appela Thomas.
Celui-ci s’accroupit auprès de l’animal, lui caressa la tête et les oreilles,
et le chien agonisant lui lécha la main en tentant de remuer la queue. Thomas
lui enfonça son couteau dans le cœur pour qu’il meure rapidement.
    — Il n’aurait pas survécu, dit-il à Jeannette.
    Elle ne répondit pas, tournée vers le chaume et les poutres
qui brûlaient. Thomas retira son couteau et tapota la tête de l’animal.
    — Va voir saint Guinefort, dit-il en essuyant la lame.
    Il se tourna vers Jeannette.
    — Quand j’étais enfant, je voulais avoir un chien, mais
mon père ne pouvait pas les supporter.
    — Pourquoi ?
    — Parce qu’il était bizarre.
    Il rengaina le couteau et se leva. Les traces de sabots
remontaient vers le nord. Ils les suivirent avec précaution entre des haies où
fleurissaient les bleuets, les marguerites et les cornouillers. Ils se
trouvaient dans une région de petits champs, de hauts talus, de bois et de
tertres épars. Un pays fait pour les embuscades. Mais ils ne virent personne
jusqu’au moment où, depuis le sommet d’une colline basse, ils distinguèrent
dans la vallée une petite église trapue et les toits intacts d’un village.
Ensuite, ils aperçurent les soldats. Ils étaient des centaines qui campaient
dans les champs au-delà des maisons, et ils étaient encore plus nombreux dans
le village. De grandes tentes avaient été dressées près de l’église et les
bannières des chevaliers flottaient devant elles.
    Thomas hésitait encore, répugnant à mettre un terme aux
jours heureux qu’il venait de passer avec Jeannette. Il savait pourtant qu’il
n’avait pas le choix. Il mit l’arc à son épaule et descendit avec elle jusqu’au
village. Quand les soldats les virent approcher, un groupe d’archers conduits
par un homme à forte carrure portant un haubert vinrent à leur rencontre.
    — Qui diable êtes-vous ?
    Telle fut la première question de l’homme. Ses archers
arborèrent des sourires carnassiers en regardant les haillons de Jeannette.
    — Vous êtes ou bien un imbécile de prêtre qui a volé un
arc, continua l’homme, ou bien un archer qui a chapardé une robe de prêtre.
    — Je suis un Anglais, répondit Thomas.
    Le gros homme ne parut pas impressionné.
    — Au service de qui ?
    — J’étais avec Will Skeat en Bretagne.
    — En Bretagne !
    L’homme fronça les sourcils, ne sachant s’il devait croire
ou non Thomas.
    — Dis-leur que je suis une comtesse, le pressa
Jeannette en français.
    — Qu’est-ce qu’elle dit ?
    — Rien, répondit Thomas.
    — Alors, que faites-vous par ici ? demanda
l’homme.
    — J’ai été séparé de mon groupe en Bretagne et j’ai marché,
dit Thomas qui n’avait pas préparé de meilleure histoire.
    C’était une bien piètre explication que le gros homme traita
avec le mépris qu’elle méritait.
    — Ce que tu veux dire, mon gars, c’est que tu es un
foutu déserteur.
    — Si je l’étais, je ne serais pas venu ici, vous ne
croyez pas ? dit Thomas d’un air provocant.
    — Si tu t’étais simplement perdu, tu ne serais pas venu
de Bretagne jusqu’ici, fit remarquer l’homme en crachant par terre. Il faudra
que tu ailles voir Scoresby, c’est lui qui décidera de ce que tu es.
    — Scoresby ? demanda Thomas.
    — Tu en as entendu parler ? demanda l’homme d’un
air belliqueux.
    Thomas avait entendu parler de Walter Scoresby, lequel, tout
comme Skeat, était à la tête d’une bande d’hommes d’armes et d’archers, mais il
n’avait pas la bonne réputation de Skeat. On le disait d’humeur sombre.
Pourtant, à l’évidence, c’était lui qui allait décider du sort de Thomas, car
les archers l’entourèrent et l’emmenèrent avec Jeannette au village.
    — C’est ta femme ? demanda l’un d’eux.
    — C’est la comtesse d’Armorique.
    — Et moi, je suis le comte de Londres, rétorqua
l’archer.
    Jeannette

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