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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Simon exige trop d’argent pour ton âme de misérable.
    — J’essaierai de rembourser Votre Seigneurie, dit
Thomas.
    — Rembourse-moi en nous faisant entrer dans Caen, mon
garçon. Tu nous as fait entrer dans La Roche-Derrien, mais c’est une petite
place comparée à Caen. Caen est un gros morceau. Nous y allons demain, mais je
doute que nous puissions voir l’intérieur de ses murs avant un mois ou plus, si
toutefois nous y parvenons. Fais-nous entrer dans Caen, Thomas, et je te
pardonnerai une vingtaine de meurtres.
    Il se leva, fit un geste pour donner congé à Thomas et
rentra dans sa tente.
    Thomas ne bougea pas. Caen, pensait-il, Caen. C’était la
ville où habitait Guillaume d’Evecque. Il fit un signe de croix car il
comprenait que c’était le destin qui avait tout arrangé. Le destin avait fait
en sorte que son carreau manque sir Simon Jekyll et il l’amenait aux abords de
Caen. Le destin voulait qu’il accomplisse la pénitence que le père Hobbe avait
exigée. C’était Dieu, se dit Thomas, qui lui avait enlevé Jeannette parce qu’il
avait tardé à tenir sa promesse.
    Désormais le temps de tenir ses promesses était venu,
puisque Dieu avait conduit Thomas à Caen.

 
DEUXIÈME PARTIE
La Normandie

 
7
    Le comte de Northampton avait été appelé de Bretagne pour
être l’un des conseillers du prince de Galles. Celui-ci n’avait que seize ans
et pourtant John Armstrong considérait que le jeune homme était aussi vaillant
qu’un homme fait.
    — Il n’y a rien à redire sur le jeune Edouard,
confia-t-il à Thomas. Il connaît les armes. Tête dure, peut-être, mais brave.
    C’était un grand compliment, dans l’esprit de John
Armstrong, homme d’armes de quarante ans qui commandait les archers du comte.
Il faisait partie de ces hommes du commun, durs à la tâche, que le comte aimait
tant. Armstrong, à l’instar de Skeat, venait du nord de l’Angleterre. On disait
de lui qu’il avait commencé à combattre les Écossais dès son sevrage. Son arme
personnelle était un cimeterre, une épée courbe avec une lame aussi large que
celle d’une hache, mais il pouvait aussi tirer à l’arc comme le meilleur de ses
archers. Il avait également sous ses ordres trois groupes de vingt hobelars,
des cavaliers légers montés sur des poneys à long poil et armés de lances.
    — Ils n’ont pas grande allure, dit-il pendant que
Thomas regardait les petits cavaliers qui avaient des cheveux longs et des
jambes arquées, mais ils sont d’une rare efficacité dans les patrouilles de
reconnaissance. On a envoyé des essaims de ces coquins-là dans les collines
écossaises à la recherche de l’ennemi. Sans eux, on serait morts.
    Armstrong s’était trouvé à La Roche-Derrien et se souvenait
de la façon dont Thomas avait tourné la difficulté en passant par la rivière.
C’est pourquoi il l’accepta facilement. Il lui donna un hoqueton capitonné,
débarrassé de ses poux, qui pouvait le protéger des coups d’épée superficiels,
et un court surcot appelé jupon, qui portait les lions et les étoiles du comte
sur la poitrine et la croix de saint Georges sur la manche droite. Hoqueton et
jupon, de même que les braies et le sac de flèches qui complétaient
l’équipement de Thomas, avaient appartenu à un archer mort de la fièvre peu
après son arrivée en Normandie.
    — Tu te trouveras quelque chose de mieux à Caen, si
toutefois nous y entrons, lui dit Armstrong.
    On donna à Thomas une jument grise ensellée qui avait la
bouche dure et une démarche maladroite. Il fit boire la bête, la frotta de haut
en bas avec de la paille puis partagea des harengs rouges et des haricots secs
avec les hommes d’Armstrong. Ayant découvert un cours d’eau, il lava sa
chevelure qu’il assembla en une natte nouée au moyen d’une corde d’arc.
Ensuite, il emprunta un rasoir et se rasa, puis ramena les mèches folles dans
la natte afin que personne ne puisse y trouver à redire. Il lui parut étrange
de passer la nuit dans un campement de soldats et de dormir sans Jeannette. Il
éprouvait toujours de l’amertume à son sujet et, lorsqu’il se réveilla dans le
cœur ténébreux de la nuit, cette amertume forma dans son âme comme une pointe
de fer. Quand les archers entamèrent leur marche, il se sentit seul, frileux et
privé d’affection. Il pensait à Jeannette dans la tente du prince et se
souvenait de la jalousie qu’il avait éprouvée à Rennes lorsqu’elle

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