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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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s’était
rendue à la citadelle pour rencontrer le duc Charles. Elle était semblable à un
papillon qui vole vers la flamme la plus brillante. Elle s’était brûlé les
ailes une fois, mais la flamme continuait de l’attirer.
    L’armée avançait sur Caen en trois corps de bataille, chacun
comprenant environ quatre mille hommes. Le roi commandait le premier, le prince
de Galles le deuxième, tandis que le troisième se trouvait sous les ordres de
l’évêque de Durham, qui préférait de beaucoup le massacre aux sanctifications.
Le prince avait quitté le camp de bonne heure afin de placer son cheval sur le
bord de la route, ce qui lui permettait de regarder ses hommes passer dans
l’aube estivale. Il portait une armure noire, avec une crinière de lion sur son
heaume, et était escorté de prêtres et de cinquante chevaliers. En approchant,
Thomas vit Jeannette parmi ces cavaliers au blason vert et blanc. Elle portait
les mêmes couleurs, une robe en étoffe vert pâle avec des poignets et des bords
blancs, ainsi qu’un corsage blanc. Elle était montée sur un palefroi qui avait
un mors en argent, des rubans vert et blanc noués dans sa crinière et une
couverture de selle sur laquelle étaient brodés les lions d’Angleterre. Ses
cheveux avaient été lavés, peignés, coiffés et décorés de bleuets. En
approchant, Thomas vit à quel point elle était ravissante. Son visage était
éclairé d’un bonheur radieux et ses yeux brillaient. Elle était à côté du
prince, un pas en arrière. Thomas remarqua que le jeune homme se tournait
souvent pour lui parler. Les archers qui étaient devant Thomas ôtaient leurs
casques ou leurs bonnets pour saluer le prince dont les regards allaient de
Jeannette aux soldats et qui parfois faisait un signe de tête ou interpellait
un chevalier qu’il connaissait. Thomas, sur un cheval si petit que ses longues
jambes traînaient presque par terre, leva une main pour faire signe à
Jeannette. Elle regarda son visage souriant, puis se détourna d’un air
indifférent pour parler au prêtre qui, à l’évidence, était le chapelain du
prince. Thomas laissa retomber sa main.
    — Quand tu es un prince, tu as la crème, pas
vrai ? dit le voisin de Thomas. Nous avons les poux et lui, il a ça.
    Thomas ne répondit pas. L’attitude de Jeannette le laissait
en plein embarras. Ces dernières semaines avaient-elles été un rêve ? Il se
tourna sur sa selle pour la regarder encore et vit qu’elle riait à quelque
commentaire du prince. Tu es un imbécile, se dit-il à lui-même, rien qu’un
imbécile, et il se demanda pourquoi il se sentait blessé à ce point. Jeannette
ne lui avait jamais déclaré son amour et cependant son abandon lui faisait mal
comme une morsure de serpent. La route descendait dans un creux où poussait une
épaisse végétation de sycomores et de frênes. Thomas se retourna une nouvelle
fois, mais il ne pouvait plus voir Jeannette.
    — Il y aura plein de femmes à Caen, dit un archer avec
satisfaction.
    — Si toutefois nous y entrons, commenta un autre en se
servant des mots qu’on employait chaque fois que la ville était mentionnée.
    La nuit précédente, Thomas avait écouté les conversations
autour du feu de camp. Elles portaient toutes sur Caen. Il en retint que
c’était une ville énorme, l’une des plus grandes de France, et qu’elle était
protégée par un château massif et une haute muraille. Il semblait que les
Français aient adopté une stratégie qui consistait à se replier dans de
semblables citadelles plutôt que d’affronter les archers anglais en terrain
découvert. Les archers, eux, craignaient de se trouver immobilisés devant les
murs de Caen durant des semaines. On ne pouvait négliger cette ville, car sa
garnison importante était susceptible de menacer les lignes d’approvisionnement
anglaises. Il fallait donc que Caen tombe et personne ne pensait que ce serait
facile, même si certains pensaient que les nouvelles bombardes que le roi avait
transportées en France allaient abattre les remparts de la ville aussi
facilement que les trompettes de Josué avaient détruit les murs de Jéricho.
    Le roi lui-même devait être sceptique sur la puissance des
bombardes puisqu’il avait décidé de pousser la ville à se rendre en
l’intimidant par le simple déploiement de son armée. Les trois corps de
bataille avançaient vers l’est sur toute route, piste ou prairie qui permettait
le passage, mais une heure ou

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