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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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rang, très détaché, avait été laissé aux mousses, longs rubans tricolores aux chapeaux. Cette rangée était composée de tambours de douze ans et de fifres à peine plus âgés dont les notes s’envolaient tels des alizés ou ces souffles qui caressent les îles Sous-le-Vent.
    Puis vinrent les troupes.
    Leur pas, et tous avaient exactement le même, ne ressemblait à rien qui fût connu jusqu’ici et sans doute Valencey d’Adana l’avait-il mis au point en fonction de la lourdeur du climat des Amériques en leur hémisphère du Sud. C'était un pas assez lent et long, qui effleurait le pavé, mettant en valeur les guêtres blanches assorties aux gants blancs tranchant sur les uniformes bleu marine et blanc à boutons dorés, le même pour tous à l’exception des sections spéciales.
    L'impression d’admirables petites poupées mécaniques fut générale, on eût aimé jouer avec, et ils furent quelques-uns, quelques-unes aussi, qui pensèrent qu’il ne fallait pas engager au combat des troupes si belles, si parfaites, que le canon allait hacher et qui s’en iraient pourrir dans les fosses communes.
    La seconde impression tout aussi émerveillée venait du fait qu’il n’était pas un canon de fusil, porté à la bretelle, qui ne fût garni d’œillets bleus, blancs et rouges si bien que, dépassant en hauteur les tricornes des marins, on avait l’impression d’un jardin fleuri leur faisant escorte.
    À présent, les sept cent quatorze hommes de la 123 e demi-brigade «Liberté, liberté chérie» prenaient vraiment pied sur la place.
    Émouvant clin d’œil à l’histoire, on vit d’abord une douzaine d’Américains porteurs des drapeaux des deux nations alliées.
    John O'Shea, commodore de la marine de guerre des États-Unis, marchait en précédant de trois pas ses volontaires et, comme le firent tous les officiers, il sortit son sabre en arrivant devant la tribune officielle et le tint perpendiculairement à sa marche en exécutant un «tête à droite».
    Toujours dans cet esprit qui voulait rappeler au peuple de Paris le souvenir de la guerre d’Indépendance, arrivèrent d’autres alliés d’hier, la douzaine d’Espagnols, d’une noblesse et d’un maintien incomparables. Ils précédaient la douzaine de militaires anglais ralliés par idéalisme et spécialement applaudis eux aussi.
    Avec un sens étonnant du spectacle et une esthétisation de l’art militaire, Valencey d’Adana avait veillé à laisser de larges espaces entre les diverses formations de sorte que le public pût apprécier chacun, et ses différences.
    Créant la stupéfaction, vinrent ensuite les Indiens mayas et bravos, une trentaine, dans un uniforme spécial créé à leur demande pour la jungle et qu’on ne connaissait pas: chemise grise aux manches courtes avec écussons tricolores sur l’épaule droite, pantalon vert foncé coupé à mi-cuisse, ceinturon où pendaient de terribles couteaux de pierre. Ils allaient pieds nus et ne portaient pas de chapeau, laissant au vent de longs cheveux noirs et lisses. Ils tenaient curieusement les fusils, à bout de bras et à deux mains, droit devant eux.
    Parmi les spectateurs où s’étaient mêlés des hussards, des dragons, des cuirassiers, des voltigeurs, des sapeurs, des «lignards» – l’infanterie de ligne – et des gardes nationaux, tous ressentirent semblable certitude: de tels hommes, si on ne les tuait du premier coup, devaient vous transpercer dix fois avec leurs terribles couteaux de pierre.
    Un officier du génie, admiratif, lança même à la cantonade:
    – Quelle troupe!… Je n’aimerais pas les combattre. Les Vendéens ne seront pas à la fête!
    Les Mayas et les Bravos demeuraient impassibles et seuls certains de leurs regards traduisaient un passager étonnement à défiler si loin de chez eux, sur cette place magnifique, accueillis par les acclamations d’un peuple en délire.
    Un espace les séparait de deux rangs de marins armés de redoutables biscaïens, ces mousquets de très gros calibre et à longue portée qui décimèrent les ponts des navires de George III d’Angleterre.
    Ménageant savamment ses effets, Valencey d’Adana avait coupé le défilé des troupes par le train des équipages.
    Rien moins que soixante chariots tirés chacun par deux magnifiques chevaux. Destinés à transporter vivres, munitions, matériel de rechange et troupes en cas d’attaques rapides, ils trouvaient place dans le défilé grâce à une astuce:

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