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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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maîtresse d’un noble général vendéen. Qui sait si passer des étreintes brutales des valets de ferme à celles d’un aristocrate ne lui semblait pas une sorte d’élévation en la société?…
    Il n’aurait pas le plaisir des cris, des hurlements, du viol… Tant pis!
    Blacfort observa les deux femmes aux attraits fort tentants mais fort différents.
    Il sourit.
    – Mes deux chères putains!
    Cet enfer permanent que lui semblait sa vie depuis… depuis toujours, réservait tout de même quelques bons moments. Fugitivement, il fut reconnaissant à la comtesse de ne se point montrer jalouse, au contraire, sachant par avance qu’elle formerait la gamine aux vices les plus raffinés.
    Il ignorait que Mme de Juignet-Tallouart, par ce zèle, ambitionnait surtout de se décharger sur la nouvelle venue d’une partie du fardeau qu’il représentait mais Blacfort se trouvait tout simplement dans l’incapacité d’envisager une hypothèse qui le desservît.
    La conférence d’état-major dura une partie de la nuit. Élargie, elle comprenait Valencey d’Adana, Victoire, Mahé, O'Shea, Hyppolite et une bonne quarantaine d’officiers.
    Chaque action, chaque mouvement, chaque salve furent passés en revue, analysés et éventuellement critiqués.
    Cette manière, fort différente de celle d’un Blacfort, pourrait apparaître rébarbative mais bien au contraire, elle captivait toujours les participants. Il régnait là une froide passion et l’intelligence y était de mise. Le général ne se montrait pas avare de compliments et, pour les fautes, un regard un peu appuyé suffisait. Il posait beaucoup de questions, ce qui donnait un caractère vivant aux réunions et, affirmait-il quelque chose, il s’appuyait sur des tracés d’itinéraires, des relevés de plans d’opérations et des travaux de topographie dans lesquels il excellait. Ici, la guerre était une science.
    Avant de lever la séance, on analysa le bilan des pertes sans cesse revu à la baisse: quatre morts, douze blessés dont trois très graves et quatorze disparus, mais cinq rallièrent en isolés les lignes républicaines au cours de la nuit quand les Mayas et les Bravos retrouvèrent deux grenadiers errant en forêt.
    Parmi les disparus, on nourrissait quelque inquiétude concernant un jeune sous-officier lequel, cerné, avait été vu levant les bras.
    On se sépara à trois heures du matin mais O'Shea retint le général en lui murmurant quelques mots à l’oreille. Joachim se tourna aussitôt vers Victoire:
    – Je te rejoins, je dois évoquer le cas de la prisonnière, tu sais, celle qui est si jolie.
    Elle lui sourit.
    – Et en pleine nuit, en plus?
    – Un général au service de la nation doit toujours être disponible pour les questions de service.
    – Mais qui rend service à qui?… demanda Victoire, qui s’amusait.
    – Ma chère âme, tu me prends tant, à mon grand plaisir, que je ne puis rien offrir à une autre, tu le sais mieux que quiconque.
    – Ce que j’aime, avec les hommes d’esprit, c’est leur tranquille mauvaise foi. Mais ne tarde pas trop.
    Victoire partie, il se tourna vers O'Shea:
    – Eh bien, John: encore et toujours cette Marie?
    – Ah, ce n’est pas pareil. Écoute ceci. On la ramène après le coup de main. Bien. Un de nos soldats est alors pris du Haut-Mal, comme ce pauvre La Mellerie. Marie, voyant le fusil abandonné, le ramasse et fait feu vers les Vendéens qui suivaient à distance. Joli coup de fusil!… Crois-tu au rachat, Joachim, à la rédemption?
    Valencey d’Adana eut un sourire las:
    – Crois-tu à l’âme, John, à la conscience, au «monde intelligible» de Platon? Il est trois heures du matin et je ne suis pas Pic de La Mirandole 1 mais un homme très fatigué. Tu es grand, elle est jolie, ce qu’elle fit, sous la violence, ce n’est pas elle, on ne juge pas là-dessus: agis comme il te plaira, damné Yankee, ce sera bien.
    – Merci, Joachim. Merci!
    Il soufflait un vent léger qui agitait doucement la toile de la tente.
    – Tu crois John amoureux?
    Victoire, épanouie, avait posé sa tête sur la poitrine nue de Joachim, lequel répondit:
    – Oui. Mais ce que j’aime, chez lui, c’est son absence de préjugés.
    – Cette jeune femme n’est pas responsable de ce qu’elle a subi.
    – Je sais. Mais combien d’hommes auraient la force de l’oublier, de passer outre?… Notre John, lui, est ainsi.
    Il prit entre ses mains le visage de Victoire et la regarda.
    – Comme

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