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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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piller. Ainsi le voulaient les généraux de l’armée royale, mais la troupe de paysans-soldats catholiques partageait ce point de vue, considérant le pillage comme une horreur. Certes, à la faveur des combats, certains soldats de «l’armée Blacfort» pillaient et violaient mais c’était là pour l’essentiel le fait de sa garde du corps amenée des bas-fonds de Paris.
    Les républicains, eux, ne se privaient pas de voler et Blacfort, lors d’une réunion de généraux, avait longuement expliqué à un de ses homologues que par le pillage, les Bleus maintenaient le moral de leurs troupes. Faisant ce récit, et développant cette théorie, Blacfort se moquait bien de ce général et ne parlait en fait que pour Stofflet qu’il en voulait instruire mais rien n’y fit, le généralissime refusant d’en entendre davantage. À aucun prix.
    Blacfort s’en consolait par l’amour, cette comtesse de Juignet-Tallouart qui affolait ses sens et dont il ne se pouvait rassasier, oubliant – presque – les petites filles…
    Il l’avait aperçue avec feu son époux lors d’un de ces bals organisés dans un château à demi détruit. Elle lui parut magnifique et dangereuse. Oui, très dangereuse, mais il n’était pas de son destin de l’en croire. À moins qu’il ne souhaitât l’ignorer.
    Pour posséder et s’attacher cette odalisque, il organisa la mort du mari et fit valoir à Mme de Juignet-Tallouart combien il serait agréable et excitant de partager sa vie certes aventureuse, mais toujours très luxueuse.
    La comtesse, attendrie par la rivière de diamants qu’il offrit en gage de sérieux, ne fut dès lors point intraitable…
    Il était comme inévitable, cependant, que Blacfort ne s’apaiserait jamais, fût-ce en bénéficiant des voluptés de l’amour. Lorsqu’il se trouvait assouvi, regardant avec un mélange de fierté et de lassitude le corps blanc, plantureux mais ferme, généreux et désirable de la comtesse, ses pensées le ramenaient à Victoire qu’il n’avait su conquérir.
    «L'adorable créature!»… songeait-il alors en se souvenant du zozotement émouvant de l’exquise marquise, mais aussi, hélas, de son regard têtu et tendre posé sur Valencey d’Adana à chaque instant.
    Lui parlait-il, Valencey d’Adana n’avait qu’à arriver pour que le souffle de la jeune femme s’accélère, que son teint rosisse et qu’elle oublie qu’elle était en conversation.
    Un jour, Valencey d’Adana était apparu ainsi après une longue course sur sa monture préférée. Payant d’audace, elle lui avait dit:
    – J’aimerais tant, à l’instant même, courir la forêt à cheval.
    Valencey d’Adana, surpris, avait hésité puis, l’ayant longuement observée du regard de ses yeux gris-vert, répondit:
    – Monte avec moi en croupe, n’aie aucune peur et me tiens bien seulement.
    Et la jeune marquise de sauter derrière son prince en l’abandonnant, lui, Blacfort, comme on le ferait d’un palefrenier.
    Il chassa ces souvenirs désagréables et força son cheval.
    Excité, il observa l’arrière de la guerre, ce que les combattants ne voyaient jamais. À un kilomètre du front, sur la route, une interminable file de carrosses où attendaient les familles – et les maîtresses – des officiers, les chariots de l’intendance, de munitions et de bagages, les cochers et les conducteurs descendus eux aussi et regardant tous vers le front où se jouait leur survie.
    Blacfort adorait remonter cette longue file en faisant crier par un sous-lieutenant: «Place, place au général!» Quelle démonstration de la force du pouvoir ces dizaines de femmes et d’hommes s’écartant en grande hâte et culbutant parfois dans les fossés!… Il prenait en ces instants la mesure de son importance mais il ne lui venait jamais à l’esprit que, s’il lui en fallait sans cesse la preuve, la raison tenait peut-être à ce qu’il n’en était pas convaincu lui-même.
    Il arriva aux premières lignes et sauta de cheval.
    Un de ses colonels se présenta immédiatement au rapport tandis que ses vingt canons tiraient tous ensemble, foudroyant une barricade érigée en toute hâte par les Bleus dont les quatre canons, disloqués, avaient été renversés.
    – Eh bien?… demanda Blacfort.
    – C'est la fin, général. Les Bleus évacuent la ville par le sud, leurs meilleurs éléments se sacrifient sous vos yeux pour couvrir la retraite des leurs.
    – Fort bien!… commenta laconiquement Blacfort

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