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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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enjoué mais un peu forcé:
    – Qu’au moins la République veille à notre confort car pour nos chagrins personnels, hélas, nous serons toujours seuls.
    Il s’éloigna et prit ses dispositions pour qu’on fît sauter les bouches des deux pièces. S'aidant de chevaux, on traîna ensuite les canons de bronze et leurs affûts vers la pièce d’eau où il paraissait douteux qu’on puisse venir les y rechercher.
    Enfin, tenant leurs chevaux par la bride, les six hommes prirent congé du baron, Valencey d’Adana résumant parfaitement les pensées et les sentiments de ses compagnons:
    – Baron, je n’oublierai jamais la qualité de votre accueil, ni votre aide si précieuse. Votre seul défaut…
    Il sourit d’une manière extraordinairement juvénile:
    – Ce défaut est de ne pas vous connaître vous-même, comme le recommandaient pourtant les philosophes grecs. Qu’avons-nous besoin d’un roi, d’un tyran et de son bon plaisir?… La République montre chaque jour que ce pays peut en faire l’économie et que le peuple en armes vaut toutes les armées du monde… Vous êtes républicain, monsieur, et le seul à l’ignorer encore. Salut et fraternité!
    Les six hommes se mirent en selle en même temps, en un ensemble parfait.
    L'air soucieux, le baron de Penchemel approcha et saisit la bride du cheval de Valencey d’Adana:
    – J’ignore qui vous êtes, monsieur, mais je m’enorgueillis de vous connaître… Le repaire principal de Blacfort se trouve toujours en forêt, il s’en est vanté devant moi. J’ai songé à la forêt de Maulévrier…

20
    Le bruit du canon porte loin, surtout la nuit, et Valencey d’Adana ne doutait pas qu’il fût parvenu jusqu’aux oreilles de Blacfort.
    Il conjectura que celui-ci, redoutant sans doute une rencontre, ne se déplacerait pas avec une simple avant-garde mais entraînerait l’ensemble de ses troupes. Dans cette hypothèse, il fallait lui accorder un certain temps car on ne met pas si facilement en route tout un régiment d’infanterie, soixante cavaliers et vingt canons.
    «Non, dix-huit, à présent…», corrigea-t-il mentalement.
    Il pouvait donc considérer comme très avancée la première partie de sa mission consistant à situer les principales bases de Blacfort, celles dont il partait pour lancer ses opérations brèves et vigoureuses contre les troupes de la République, se retirant toujours avant que celles-ci n’aient le temps de contre-attaquer.
    Il connaissait cette très vaste forêt de Maulévrier, à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Cholet en laquelle, de fait, les Bleus ne se risquaient guère. Il situait aussi les autres forêts.
    Suivant son propre plan, qu’il avait communiqué dans une missive à l’encre sympathique au chef de la police secrète, Pierre-François Gréville, il devait à présent rejoindre au plus vite l’île d’Aix.
    Voilà qui ne l’arrangeait pas du tout car il espérait bien retrouver Victoire avant cela. À ne se point farder la vérité, c’était même son but essentiel…
    Pas dupe de lui-même, et presque amusé, il se convainquit qu’il devait changer ses projets. En argumentant avec… plus ou moins de sincérité.
    Et par exemple, à tout prendre, s’il ne doutait pas des convictions républicaines de Gréville, et s’il pensait, à juste titre, que celui-ci le tenait en bonne estime mêlée de réelle amitié, il savait cependant qu’un homme si prudent, si avisé, et arrivé au sommet de la plus redoutable des polices, «La secrète», n’agissait pas ainsi qu’il le faisait de son propre chef ou se protégeait en en référant au Comité de salut public, c’est-à-dire à Robespierre et Saint-Just.
    La guerre sur mer lui avait appris très tôt que, s’il est des plus utiles d’échafauder des plans d’attaque très précis, il faut savoir également «laisser la porte entrouverte», et par là le capitaine de La Terpsichore entendait cette part d’improvisation suscitée par les développements parfois inattendus des situations de conflits.
    Voilà qui fournissait un début d’argument pour ne point rejoindre immédiatement l’île d’Aix, son navire et son équipage: il prétexterait, en cas de nécessité, qu’il voulait davantage de renseignements, ce qui n’était pas faux, avant la confrontation finale, ce qui lui permettrait peut-être de croiser la route de Victoire et de ses ravisseurs.
    Avec cette science des pistes qui lui venait des Indiens bravos et

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