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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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belle écriture serrée du baron s’envolaient, sa mallette de chirurgien gisait brisée, les instruments éparpillés dans l’herbe.
    On avait fouillé le corps, volé le tricorne et l’habit d’officier aux épaulettes dorées, retourné les poches.
    – Les officiers auront abandonné le corps à leurs hommes!… remarqua tristement Dumesnil.
    – Des chiens enragés, ces brigands de la Vendée!… lança haineusement le commodore O'Shea.
    Valencey d’Adana et Mahé s’étaient accroupis près du cadavre:
    – Cinq coups de sabre, il est mort avec bravoure, il ne méritait pas qu’on traitât ainsi son cadavre!… constata Mahé.
    Valencey d’Adana ne répondit pas.
    Utilisant les instruments de chirurgie, les Vendéens avaient coupé les oreilles et le nez du baron de Saint-Frégant, lui enfonçant son «brûle-gueule» dans le palais. Ils avaient également tranché ses parties sexuelles.
    Valencey d’Adana se redressa.
    – Aidez-moi à placer son corps en travers de mon cheval et ne perdons pas de temps: La Mellerie est peut-être encore vivant.
    Nul ne demanda le moyen de retrouver le marquis car Valencey d’Adana regardait déjà chaque buisson, chaque fourré. Il prenait la piste, formé par les Indiens mayas et bravos et c’était un peu comme si les Vendéens, quelque prudence qu’ils manifestent, avaient laissé derrière eux un chemin fléché.
    – En avez-vous la certitude, baron?
    M. de Penchemel observa la jeune marquise avec indulgence:
    – Le courrier est rapide. Lettres et gazettes de Paris arrivent très rapidement.
    – Pas encore assez!
    Le baron se tourna vers Jean-Baptiste.
    – Puisque vous n’étiez pas présent au début de cette conversation, je vais vous exposer les deux points de vue. L'avis de la marquise est que vous partiez à l’instant sur les routes tels des aveugles pour y chercher le prince d’Adana… qui justement semble éviter les routes. Ce faisant, vous vous exposez à toutes sortes de mauvaises rencontres, ce qui multiplie les risques et les périls car j’estime que jusqu’ici, la chance fut de votre côté.
    – Alors pourquoi nous quitterait-elle, cette chance?… répondit Victoire non sans une certaine mauvaise foi.
    – La chance n’aime pas qu’on tire trop souvent sur sa sonnette.
    – C'est là une supposition, baron.
    Le baron soupira et s’adressa de nouveau au jeune homme, très flatté qu’on le place en position d’arbitre, si bien qu’il écoutait avec attention, décidé à justifier la confiance qu’on plaçait en lui.
    – Ce que je pense, ayant moi-même une expérience militaire, c’est que le prince d’Adana effectue une longue et minutieuse reconnaissance. L'homme est trop intelligent pour ambitionner de combattre l’armée Blacfort à six!… Il l’aiguillonne, tâte ses défenses et il est peu douteux que, lorsque son idée sera arrêtée, c’est à Paris qu’il se rendra.
    Il ne crut pas nécessaire d’avouer qu’il avait livré à Valencey d’Adana le principal repaire de Blacfort.
    – Qu’y ferait-il?… demanda Victoire.
    – Et, c’est que je n’en sais rien et ne fais que supposer en ancien militaire et en homme d’un certain âge.
    – Vous ne répondez point…
    – Selon toute vraisemblance, il fera rapport au Comité de salut public.
    – Et qu’arrivera-t-il alors?… questionna Victoire, inconsciente qu’en sa manière, elle harcelait le baron de Penchemel décidément d’une infinie patience.
    – J’y ai songé. Si j’étais Saint-Just, c’est sans hésiter que j’offrirais au prince une troupe spécialisée dans ce genre de guerre. Mais comment la former: cela, je ne le sais!
    Il sourit puis reprit:
    – En tout cas, dès qu’il arrivera dans la capitale, on ne tiendra plus les gazettes. Le retour à Paris du prince d’Adana après treize ans d’exil sera un événement qui passionnera la France, et même l’étranger. Et nous en serons très vite informés. Dès lors, par le chemin le plus court, il vous sera aisé de gagner Paris.
    L'air désolé, Jean-Baptiste se tourna vers Victoire:
    – Madame la marquise…
    – «Citoyenne», ou tu nous feras prendre!
    – Citoyenne, monsieur le baron a raison. Si vous voulez revoir le prince, c’est le moyen le plus certain.
    – Mais c’est aussi le plus long, peut-être.
    – Ma compagnie vous est-elle donc si désagréable?… demanda le baron.
    Elle lui sourit.
    – C'est entendu, j’attendrai chez vous, baron, mais je vous rendrai un

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