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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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cheval.
    Deux officiers vendéens à écharpes blanches avaient empêché leurs hommes de massacrer La Mellerie cloué au sol. Ils regardaient venir le républicain avec curiosité.
    Lorsqu’il fut à une quinzaine de mètres, Saint-Frégant, à peine troublé par les fusils braqués sur lui, descendit de cheval et sortit son sabre du fourreau.
    Un des officiers, surpris, demanda:
    – Que faites-vous donc, monsieur?
    – Baron Florent de Saint-Frégant, chirurgien du bord de La Terpsichore . Je viens, monsieur, libérer mon ami Bernardin des Essarts, marquis de La Mellerie, lui aussi officier sur La Terpsichore .
    Les deux Vendéens firent signe à leurs hommes de baisser les fusils puis, d’un ton incertain, le plus jeune questionna:
    – Mais La Terpsichore est ce vaisseau légendaire de la guerre d’Amérique qui continua seul pendant treize ans la guerre contre l’Angleterre?
    Saint-Frégant s’inclina légèrement et, avec beaucoup de grâce:
    – Très flatté, monsieur, qu’au milieu de votre sédition, vous ayez suivi nos périlleuses aventures.
    Les deux officiers vendéens s’écartèrent un instant pour conférer entre eux. Discussion assez vive quoiqu’ils fussent d’accord sur l’essentiel: deux officiers, des aristocrates républicains, marins de La Terpsichore , ce symbole de liberté: la prise se révélait exceptionnelle et il fallait les prendre vivants.
    Devinant l’enjeu de la conversation, Saint-Frégant ruina leurs espoirs:
    – Messieurs, j’attaque donc pour délivrer mon ami. Au sabre, bien entendu.
    Devant la quasi-paralysie des Vendéens, Saint-Frégant, d’un coup violent, tua le paysan le plus proche.
    Le combat s’engagea, sans espoir. Les attaques fusaient de partout mais ce n’est qu’au cinquième coup de sabre que Saint-Frégant, en sang, tomba à genoux.
    Il mourut curieusement, sans lâcher une parole mais l’air préoccupé, très concentré, tel qu’aurait fait un médecin découvrant un nouveau fléau: sa propre mort, sans doute, et dont il ne pouvait noter les ultimes effets.
    Sans aucun ménagement pour son dos brisé, lui arrachant un inhumain cri de douleur, on plaça La Mellerie par le travers d’un cheval.
    Le jour se levait dans un flamboiement de rouge, de pourpre et d’orange…

27
    Valencey d’Adana n’avait pas attendu une journée, ni même une heure, dans les ruines de l’abbaye de Nonécourt.
    Il connaissait parfaitement Saint-Frégant et La Mellerie, tous deux excellents cavaliers. Après tout au plus vingt minutes, l’air préoccupé, il lança à ses trois compagnons:
    – Il est arrivé quelque chose. Refaisons le chemin par le côté qu’ils ont dû emprunter.
    Un sombre pressentiment étreignait son cœur. Il avait beau savoir depuis le premier instant que cette guerre serait ruineuse en vies humaines, que la mort moissonnerait largement parmi ses amis et que lui-même pouvait être tué à chaque instant, il n’en souffrait pas moins profondément.
    En outre, la qualité, ou plus exactement le manque de qualité de ses adversaires ajoutait à sa colère. S'il appréciait peu les Anglais, au moins ceux-là observaient-ils généralement certaines règles. Ce n’était pas le cas des généraux vendéens, ces brutes tels Stofflet, Marigny et Blacfort.
    Il ne reconnaissait aux Vendéens qu’une qualité, leur façon unique de faire la guerre: frapper, harceler, se retirer avant l’affrontement, utiliser avantageusement le terrain. On y usait les beaux régiments républicains…
    Au reste, c’est parce que lui-même connaissait parfaitement ce genre de guerre, l’ayant pratiquée au Nouveau Monde contre les Anglais, qu’on l’avait fait venir.
    «Pourvu qu’il ne soit rien arrivé de fâcheux», se dit Valencey d’Adana sans y croire un seul instant. Chaque minute qui passait sans qu’apparaissent La Mellerie et Saint-Frégant amoindrissait les chances de les revoir vivants.
    Valencey d’Adana en voulait au destin de se montrer si cruel: quoi, ses amis disparaissaient à l’instant où, connaissant les repaires de Blacfort, ayant vu défiler son «armée», il allait se rendre à Paris, faire venir ses marins qui attendaient à l’île d’Aix et se mettre en campagne avec un régiment d’élite?… Cruel, en effet, mais le mot ne lui sembla pas assez fort.
    Il ne fut pas étonné de découvrir un corps étendu près du moulin, bras en croix, demi dévêtu.
    Le havresac avait été pillé, des lettres couvertes de la

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