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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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pas!… s’entêta le Vendéen.
    D’un geste rapide, Dumesnil lui brisa la main d’un coup de crosse sous le regard désapprobateur de son chef. Puis, un mauvais sourire aux lèvres, il serra d’une forte poigne cette main meurtrie.
    Tous les petits os cassés entrant dans les chairs arrachèrent un hurlement de douleur à l’officier.
    – Sais-tu?…. Tu peux terriblement souffrir à ce petit jeu!… suggéra O'Shea d’un ton de grande indifférence qu’il simula.
    – Ah c’est entendu, je vais parler. Nous sommes trois cents qui venons du nord de la Vendée pour aller grossir l’armée Blacfort.
    – Où?
    – Je… Si je vous voulais tromper, je dirais en forêt de Maulévrier car telle est la consigne de répandre ce bruit. Mais nous l’avons dépassée depuis longtemps. L'ordre est de marcher plus au sud, de forêt en forêt.
    – Ton regard cherche à me tromper. Quoi encore?… Qu’est-ce que tu ne dis pas?
    – Pour notre offensive, nous attendons cinq cents hommes de Bretagne, des chouans, tous volontaires.
    – Amenez-vous des canons?
    – Deux seulement.
    – Et les chouans?
    – Je l’ignore.
    Mahé entraîna Valencey d’Adana à l’écart.
    – C'est très grave, ils seront ainsi deux mille. C'est le double du chiffre de Gréville. Que vas-tu faire?
    Le commandant de La Terpsichore haussa les épaules.
    Il entendit vaguement la jeune fille dire à Dumesnil:
    – J’ai une chose à vous montrer, monsieur l’officier.
    Mahé, un instant distrait lui aussi, répondit:
    – Donc, nous ne modifions rien à nos projets?
    – Rien. Du moins, pour l’instant.
    L'air grave, et la jeune fille sur les talons, Dumesnil revint avec une épaulette d’officier républicain à la main en disant:
    – Saint-Frégant. Son épaulette était attachée à la queue du cheval de ce gueux.
    Les quatre hommes jetèrent au Vendéen des regards si méprisants qu’il se cacha les yeux de sa main valide, n’entendant pas même la jeune fille qui lui soufflait:
    – Vous n’auriez point dû parler ainsi de mon cul que vous avez pourtant beaucoup besogné, monseigneur!… Vous, un officier, un gentilhomme!
    Soudain très las, Valencey d’Adana fit face à Dumesnil qui sortait un couteau affûté en disant:
    – C'est dans la viande de ses épaules que je vais découper des épaulettes, moi!
    – Nous avons engagé notre parole!… grogna froidement Valencey d’Adana sur un ton qu’on ne discutait pas.
    O'Shea, qui n’avait pas bougé, souffla au Vendéen:
    – La balle va passer de l’œil au cerveau, tu ne sentiras rien.
    Le Vendéen, dont les paupières tremblaient telles des ailes de papillon, hocha la tête en pleurant.
    La résolution d'O'Shea faiblit, tant l’homme lui inspirait de pitié ainsi qu’à Mahé et Valencey d’Adana car dans l’attente de la balle, la peur lui donnait un visage de petit enfant.
    Agacé, Dumesnil sortit son pistolet et visa mais la main ferme de son chef lui fit baisser le bras.
    – Le diable l’emporte, nous, nous ne sommes pas ce genre d’hommes qui tuent même lorsque cela devient impossible.
    Mahé attrapa le jeune homme par les cheveux et lui leva la tête.
    – Tu as beaucoup de chance, ne la défie pas: émigre à Coblence avec les gens de ta sorte, tu n’es pas fait pour cette guerre.
    – Et nous, monsieur mon frère?… questionna Valencey d’Adana avec amertume.

28
    Ce gros village mort inquiétait Valencey d’Adana qui subodorait quelque piège, soupçon qui se trouvait renforcé par l’absence de tout décorum républicain.
    C'est en approchant d’une église plus importante que la première qu’il commença à comprendre: on entendait des chants liturgiques.
    Il arrêta un jeune garçon peu craintif qui courait vers l’édifice religieux.
    – Dis-moi, je parierais qu’on célèbre un mariage, n’est-ce pas?
    – C'est bien un mariage, monsieur l’officier des patauds. La Céleste et l’Antonin, je crois.
    – Comment, tu ne le sais donc pas?
    – J’étais aux champs. C'est mon ami Toinou qui m’a prévenu. Ce mariage n’était point prévu.
    Valencey d’Adana le laissa filer et, se tournant vers ses camarades:
    – Voilà un mariage bien vite organisé. Tous doivent savoir les événements récents, comme ils ont dû accueillir à bras ouverts les brigands de la Vendée qui nous ont précédés. Regardez autour de vous, nous avons connu des villages autrement fiers de fêter la République.
    Et chacun de revoir des endroits où la

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