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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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pénétrâmes, à leur suite, dans de belles pièces où les attendaient d'immenses tables surchargées de victuailles photographiées en gros plan, et sous tous les angles imaginables. Beaucoup d'entre nous salivaient et mastiquaient dans le vide sans s'en rendre compte et je crois que, si la projection s'était prolongée, tout le 27 e Régiment Blindé se fût précipité à l'assaut de l'écran.
    La scène suivante se passait dans une chambre luxueuse dominée par la présence d'un grand lit de milieu. Une jolie fille se déshabillait lentement devant un fantassin allemand. Elle ôtait vêtement après vêtement, ondulant et pivotant gracieusement en face du soldat, et suivit alors une séance de pornographie dont il serait bien difficile d'égaler la perversité. Un silence étranglé planait sur les tranchées allemandes. Beaucoup soupiraient ou émettaient inconsciemment des sons étranges. C'était à la fois horrible et pitoyable.
    — Bravo, Ivan, bravo ! Remets-nous la même chose ! Bis ! Bis !
    Toute la tranchée hurlait et applaudissait en cadence.
    Puis les haut-parleurs crépitèrent et tout le monde se tut:
    — Camarades ! Ne vous laissez pas assassiner pour une cause qui n'est pas la vôtre. Que les SS et les héros en chambre de Goering, qui mènent la belle vie dans les pays occupés, viennent combattre à votre place pour Hitler et sa clique ! Vous autres vétérans authentiques de l'armée allemande méritez mieux que cette ignominie. Venez nous rejoindre, venez avec nous ! Ceux d'entre vous qui désireront s'engager dans l'Armée Rouge et combattre pour leurs droits véritables seront incorporés dans nos rangs avec leur grade actuel... Mais il faut pour cela, qu'ils viennent maintenant ! N'attendez pas qu'il soit trop tard...
    Parfois encore, ils nous démontraient, objectivement et sans commentaires, de quelle façon Hitler avait rompu, l'une après l'autre, toutes ses belles promesses. Ou bien un médecin russe nous expliquait comment simuler, voire contracter vraiment certaines maladies.
    — Camarades, jetez vos armes et venez nous rejoindre ! Continuer à combattre serait une absurdité. Les pourceaux nazis se servent de vous. Ne savez-vous pas qu'un tiers de la Wehrmacht se la coule douce dans les pays occupés, pour la quatrième année consécutive, et mange à s'en faire claquer la sous-ventrière pendant que vous crevez ici de faim et de froid ? Ne savez-vous pas que le second tiers de la Wehrmacht reste tranquillement en Allemagne, à dormir avec vos femmes et vos maîtresses, pendant que vous endurez toutes les privations possibles dans la grande patrie de vos camarades russes.
    — Ecoutez ça ! Ecoutez ça !
    Et tous les casques allemands jaillissaient dans les airs, pour montrer notre accord enthousiaste avec une déclaration aussi véridique.
    Toute une division saxonne changea de bord, sous la conduite de son colonel. Dans le secteur voisin du nôtre, un régiment de réserve originaire de Thuringe passa le no man's land avec tous ses officiers.
    Il arrivait aussi, d'ailleurs, que des déserteurs russes vinssent à nous, ou que des prisonniers allemands rejoignent nos lignes après s'être évadés, comme je l'avais fait moi-même. Pas question de grands hôtels dans leurs récits, bien entendu, ni de vastes colonies de vacances. La plupart d'entre eux, tout comme moi, en avaient vu de toutes les couleurs, parfois traités humainement, parfois incroyablement rudoyés. Dans certains camps, les Russes avaient vraiment cherché à réaliser l'objectif de leur propagande et à convertir les prisonniers de guerre à l'idéal et à la doctrine du socialisme. 
    Dans certains autres, ils n'avaient pas fait le moindre effort de ce genre et dans certains autres encore, ils s'étaient montrés réellement barbares, souvent animés d'un désir de vengeance que je ne puis trouver en moi la force de condamner. La façon dont les Russes étaient massacrés, par exemple, quand les SS entraient en action, défie toute raison, toute description, et quand sonna, pour le Nazi vaincu, l'heure de passer à la caisse, les vainqueurs durement éprouvés eurent à se payer sur sa peau d'une somme considérable de souffrances et de tortures multiples. 
    Je ne cherche, ni à embellir certaines tragédies, ni à trouver des excuses ou des explications. Je veux signaler, simplement, qu'il n'est pas difficile d'accumuler des preuves de ce qu'on nomme, par euphémisme, les « mœurs russes », mais

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