La Légion Des Damnés
pour instruments légers...
Sur quoi deux douzaines de petits mortiers et de mitrailleuses réduisaient en pièces le parapet de notre tranchée, nous aspergeant de terre et de cailloux.
— Et maintenant, mes chers auditeurs, voici une fantaisie pour orgues de Staline...
Et là, c'était un vacarme de fin du monde, tandis que les obus-fusées des fameuses « orgues » pleuvaient sur nous en hurlant, dans un tonnerre de déflagrations assourdissantes.
— Et pour terminer ce festival en apothéose, nous vous offrons maintenant un pot-pourri d'airs variés par l'ensemble de notre orchestre symphonique...
Oh ! cette voix souriante, insinuante !
Tout le secteur tremblait d'épouvante pendant toute la durée de l'ouragan qui s'abattait alors sur nos têtes. Tassés dans le fond des tranchées, nous tenions à l'œil nos plus proches voisins, prêts à les assommer au premier signe de démence.
Il y avait plusieurs unités de volontaires russes dans l'Armée Allemande. En plus de la célèbre division de traîtres du général Vlassov, nous possédions aussi quelques régiments de Cosaques qui se livraient à de terrifiantes atrocités sur la personne des Russes que le hasard des batailles faisait tomber entre leurs mains. L'unité la plus horrible de toutes, cependant, était un bataillon féminin. Ces harpies déshabillaient leurs prisonniers, les attachaient sur un lit ou sur une table et les excitaient jusqu'à ce qu'ils fussent en état, bon gré, mal gré, de satisfaire les soifs sexuelles bestiales de leurs tortionnaires. Puis, au terme de la débauche, elles coupaient généralement le pénis de leur victime pour le lui fourrer dans la bouche, on lui écrasaient les testicules à coups de marteau. Porta fut témoin d'une de ces scènes et, la nuit même, descendit sept des affreuses bacchantes à l'aide de sa carabine de franc-tireur.
Quand les Russes mettaient la main sur un de ces Cosaques ou sur une de ces Flintenweiber, ils leur rendaient, avec usure, la monnaie de leur pièce. Les exemples de sadisme les plus effrayants fleurissaient et gagnaient de proche en proche comme une invasion de champignons vénéneux. Il y avait aussi de nombreux Ukrainiens enrôlés dans des bataillons indépendants de SS, et d'autres incorporés individuellement dans des unités allemandes, et connus sous le nom de « Hiwis », abréviation de « Hilfswillige » : volontaires. Et plus la guerre tirait à sa fin inévitable et, pour eux, particulièrement effrayante, plus ces gaillards devenaient sauvages et difficiles à manier. Par calcul ou par conviction, ils avaient misé sur le mauvais cheval, et la découverte tardive de leur erreur les transformait progressivement en bêtes enragées.
Il arrivait, naturellement, que certains de ces déserteurs russes, las de la discipline allemande, tentassent de réintégrer les rangs de l'armée soviétique. Ce qu'ils devenaient alors, nous ne sommes jamais parvenus à le découvrir. Sans doute étaient-ils pendus, à mesure, pour haute trahison. Puis les Russes mirent une fin radicale à ce trafic. Ils nous retournèrent tous les déserteurs russes et ukrainiens en survolant tout bonnement les lignes allemandes et en balançant les indésirables pardessus bord, mais sans parachute ! Dans la poche de chacun, se trouvait une enveloppe de service jaune contenant un « bon de livraison » ainsi libellé :
La section de police militaire n° 174 retourne, par la présente :
Le volontaire SS Boris Petrovitch Turgoiski, né à Tiflis le 18 mars 1919 qui a :
Déserté le 27 décembre 1943 à Le bed, du 18 e bataillon SS. Eté capturé par le 12 e Régiment de Fusiliers de l'Armée Rouge.
Ce déserteur est retourné à l'Armée Allemande par les soins du lieutenant Bavoritch, pilote des Forces Aériennes de l'Armée Rouge.
REÇU
Ce reçu constate la bonne livraison du déserteur :
Grade......
Nom......
Unité......
Prière de détacher, remplir et retourner ce reçu à la plus proche unité de l'Armée Rouge.
De telles atrocités avaient sur notre moral l'effet d'un soporifique. Moi-même, je me sentais gagné, rapidement, par la morne résignation de mes copains, leur conviction que nous étions tous foutus, et que plus rien n'avait d'importance, puisque tous les hommes, sans exception, étaient des animaux féroces.
Le capitaine von Barring se mit à boire.
Ils n'avaient démonté que les mitrailleuses... Nous cherchâmes le dernier et lui demandâmes comment diable ce
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