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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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fermeture Eclair, oh ! cette fermeture Eclair... Là !
    — Comme vos mains sont calmes, mon garçon ! Si sûres d'elles-mêmes ! Et cette deuxième chaussure ? C'est pour demain ? Non, non, la chaussure d'abord !
    — Non. Les bas d'abord !
    Je lui ôtai aussi sa seconde chaussure.
    — Tâche de ne pas accrocher une maille avec tes ongles, c'est ma dernière paire... Oh! tu ne disais pas que tu étais fatigué ?
    Je ne répondis pas. J'avais ma poupée, pour jouer, et elle avait la sienne. Nous étions prêts tous les deux. Moi, prêt pour elle. Elle, prête pour moi. Sans complications, sans impatience, sans réticence. Tout le temps du monde devant nous...
    Admirer des yeux au fond desquels va et vient une vague. Etre si bons amis que les dieux vous prêtent l'acuité de leurs propres sens et vous permettent de sentir une pression d'un milligramme, un frémissement ténu d'une fraction de millimètre. Union totale des corps et des âmes.
    — Remonte un peu, veux-tu ? C'est ça. Là !
    Dans un souffle.
    — Oui ? Et quoi encore ?
    Pas besoin de répondre. La vague était sur nous et nous emportait dans son maelstrom.
    Elle reposait maintenant près de moi. Un frisson la parcourait à intervalles réguliers et je frissonnais de même. Nous étions ébranlés jusqu'en notre substance, vaincus, l'un et l'autre. A quoi bon parler ? Il n'y avait rien à dire. Je ramenai sur nous les couvertures avant que le froid pût nous atteindre.
    « ... les armées soviétiques utilisées pour cette attaque. L'offensive est déclenchée, de l'Océan Arctique à la mer Noire, et déjà l'on nous communique des rapports sur les gains de terrain et les nombreuses victoires remportées par les forces combinées allemandes, italiennes, roumaines...
    J'avais rallumé la radio, en sourdine. J'appelai doucement Ursula. Elle dormait. Dieu merci. Et merci de m'avoir laissé connaître, avant l'audition de ces nouvelles, ce qu'il est convenu d'appeler un bonheur total. Ceux-là souriront sans doute qui chérissent des idées bien arrêtées sur l'âme et le corps, l'esprit et la matière et la supériorité de l'une et de l'un sur les autres. Laissez-les dire. Laissez-les rire. Tout le mal que je leur souhaite, c'est d'accéder un jour à cette sorte de bonheur et peut-être comprendront-ils alors ! Peut-être !
    Notre mariage eut lieu le lendemain, au petit monastère. Paul Stege servit de garçon d'honneur à Ursula. Il lui apporta un énorme bouquet de roses blanches qui lui fit venir les larmes aux yeux. Le prêtre aux cheveux blancs n'était pas très chaud pour nous marier, en raison de ma qualité de « disciplinaire ». Mais lorsqu'il apprit que j'étais un Auslandsdeutscher (Allemand de l'extérieur) d'ascendance austro-danoise et pratiquement naturalisé Scandinave, il y consentit aussitôt.
    — J'ai passé quelques années de ma jeunesse dans ce petit pays du Nord. Une oasis au cœur de l'Europe. Espérons que la guerre l'épargnera et, si tel est le cas, retournez vous y établir dès que cela redeviendra possible...
    Des trésors d'origine roumaine garnirent la « corbeille » d'Ursula : une chemise de nuit toute en soie avec de la vraie dentelle, deux parures diaphanes, cinq paires de bas de soie et une bague que Porta m'avait procurée. Une bague en or avec un gros saphir cerné de minuscules diamants. Le tout représentait une fortune, au marché noir.
    Je n'ai du dernier jour que des souvenirs fragmentaires :
    — En quoi cette guerre idiote nous concerne-t-elle ? Maintenant que nous sommes l'un à l'autre...
    — Non, non, non, il faut que tu me le promettes. Si quelque chose se passe, il faut que tu te débarrasses de tout ça aussi vite que possible. Il faut attendre la fin de la guerre pour voir à quoi ressemblera le pays...
    — Chéri ! Tu te souviens qu'à Vienne tu ne pouvais rien dire d'autre que « Chérie ». Et maintenant, c'est moi qui dis « Chéri » et rien d'autre que « Chéri »...
    — Promets-moi de faire bien attention à toi. De ne plus jamais te porter volontaire pour quoi que ce soit. Promets-moi de m'écrire très, très souvent... Oh! Sven, Sven !
    — Allons, allons, il ne faut pas pleurer maintenant. Allons, allons...
    — Au revoir, Sven. Tu te rappelleras...
    Ursula, Ursula. Un visage blême qui s'estompe. De plus en plus vite. Ursula, Ursula. Tactactac...tactac-tac... Le train qui roule. Les poteaux télégraphiques qui fuient dans l'autre sens. Dans le mauvais sens. Le

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