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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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et qu'il les lui a repassés...
    Meier, comme toujours, acheva de se ridiculiser en envoyant chercher Fleischmann. Lequel Fleischmann expliqua très sérieusement qu'il existait entre lui et Porta un pari permanent à qui pouvait pester et vociférer avec le maximum de compétence. La présence des poux dans sa famille était un fait authentique et indiscutable. Elle remontait à la guerre de 14-18. Son père les avait attrapés à Verdun et depuis cette époque, toute la famille Fleischmann en était infestée.
    — Mes enfants, commença Joseph Porta, un après-midi que nous nous trouvions sur une voie de garage, entre Kilsu et Czestochowa, voilà je ne sais combien de semaines que nous vivons dans ce palace roulant, et nous ne savons toujours pas ce qu'il peut y avoir derrière cette porte !
    Il désignait la porte de gauche de notre wagon. Jusque-là, nous n'avions ouvert que la porte de droite.
    — Nous savons qu'au-delà de cette porte, continua Porta, désignant cette fois la porte de droite, s'étend l'immense Pologne. Mais quels mystères nous dérobe cette porte fermée, ça, nous ne le savons pas. Peut-être y trouverons-nous...
    Ici, il entreprit de déboucler la porte.
    — Peut-être y trouverons-nous la Victoire elle-même, qui doit bien se cacher quelque part, puisque notre Führer a dit qu'elle était à nous ! Ou peut-être encore, derrière cette porte mystérieuse et jamais ouverte, peut-être allons-nous découvrir une foule de belles filles...
    Il avait baissé la voix, mais pour la première fois de sa vie, peut-être, elle lui manqua totalement lorsqu'il eut, d'un geste grandiose, écarté la porte à glissières. Car il y avait là, effectivement, non pas une foule, mais trois jeunes et plutôt jolies filles, qui nous regardaient maintenant avec des sourires incertains. Nous en bavions des ronds de chapeau.
    La femme, pour le soldat en guerre, est un être remarquable et remarquablement compliqué. C'est le but éthéré, lointain et romantique de désirs torturants, matérialisé par les rêves solitaires d'une vie civile évanouie, écrasée, estompée jusqu'à l'irréalité par le fracas, la pagaye, la contrainte, de la vie militaire ; et c'est aussi l'objectif très précis de la salacité accumulée, refoulée en eux-mêmes par ces hommes sans femmes. Un soldat n'est plus exactement un homme, mais un uniforme parmi beaucoup d'autres, et c'est ainsi qu'il se laisse aller à exprimer des vérités d'ordre sexuel que dans la vie normale, parmi des gens normaux, il n'oserait jamais énoncer. Son uniforme est un bouclier contre l'identification, une garantie d'anonymat. Il secoue tous ses complexes, à sa petite manière misérable. Il est toute une compagnie, et se sent en sécurité au milieu de ses camarades.
    Tout le monde sauta à terre, en débitant des propos grivois à faire dresser les cheveux sur la tête. Nous ne pensions pas à mal, nous n'avions aucun désir d'offenser les trois jeunes femmes et j'ai remarqué, du reste, que les femmes s'offusquent assez peu des facéties plus ou moins corsées d'un groupe de soldats. Lorsque Porta lui-même eut épuisé son répertoire, la plupart d'entre nous remontèrent dans le wagon, car il faisait un froid de canard; mais Porta, Pluton, Hans et moi restâmes à la traîne. Nous regardions les trois filles et les trois filles nous regardaient, et c'est seulement alors que nous mesurâmes dans toute son ampleur le caractère insolite de la situation. Certes, nous en étions parfaitement conscients depuis le début, mais la surprise de rencontrer des femmes en cet endroit perdu, au moment où nous nous y attendions le moins, avait fait le vide dans nos esprits.
    Les trois filles portaient des vêtements rayés de prisonnières, et deux bons mètres cinquante de clôture barbelée s'élevaient, rébarbatifs, entre elles et nous.
    Toutes trois venaient de France, et séjournaient dans ce camp depuis plus de quatorze mois. L'une d'elles était juive. Quand elles apprirent que nous étions en instance de départ pour la Russie, elles nous demandèrent de les emmener. En plaisantant, naturellement.
    — C'est pas possible, mes enfants, riposta Hans. La Gestapo nous ferait fusiller.
    L'une d'elles, une grande blonde au regard pétillant d'intelligence, nous lança d'un ton de défi :
    — Vous avez peur ? Montrez-nous que vous êtes des hommes.
    Et brusquement, sans que nul d'entre nous l'eût réellement souhaité, nous nous aperçûmes que

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