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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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« Tribunal du Peuple » et furent condamnés à mort. Lorsque la sentence fut prononcée, Ursula riposta : « Le jour est proche où vous, nos juges et accusateurs, prendrez place à votre tour sur le banc des accusés, tandis que nos camarades seront vos juges. Et soyez certains que ce jour-là, vos têtes, elles aussi, rouleront sous la hache. »
    C'est ce qu'elle a répondu à ces juges nazis, et l'avenir lui donnera raison, s'il y a encore une justice en ce monde.
    J'ai pu lui rendre visite la veille de son assassinat, et elle m'a demandé de vous dire qu'elle mourrait avec votre nom sur les lèvres et la certitude de vous retrouver un jour au ciel, en priant Dieu de vous donner la foi.
    Son courage a impressionné jusqu'aux gardiens de sa prison, qui lui ont apporté, durant les derniers jours, une foule de choses interdites, bien qu'elle refusât d'accepter la moindre faveur d'hommes qui portaient l'uniforme abhorré.
    Un de mes amis a été le témoin de l'exécution de ces jeunes gens, et il m'a dit qu'ils avaient chanté plusieurs des chansons interdites, que les autres prisonniers entonnaient aussitôt avec eux, à toutes les fenêtres des cellules. Ni les coups, ni les menaces, ne purent les réduire au silence, et quand le dernier eut été exécuté, toute la prison hurla : « Vengeance ! Vengeance ! » et se mit à chanter Wedding Rouge (Chant révolutionnaire. Wedding est un quartier de Berlin).
    Brûlez cette lettre dès que vous l'aurez lue. Je vous l'adresse par l'intermédiaire d'un vieil ami qui doit remonter au front, dans le secteur de votre régiment. J'y joins un médaillon avec la photo d'Ursula et une mèche de ses cheveux.
    Mon cher beau-fils, la maman d'Ursula, dont le cœur est à jamais brisé, et moi-même, vous demandons de nous accorder, aussitôt que possible, la consolation de vous connaître. Nous vous considérerons comme notre propre fils et notre maison sera la vôtre. Nous vous embrassons affectueusement et souhaitons que tout aille bien pour vous, jusqu'au bout. Puissions-nous nous voir ici très prochainement!
    A vous de tout cœur...
    Un long silence régna lorsque le Vieux eut terminé sa lecture tandis que l'ombre s'épaississait dans la salle basse du chalet délabré. Je frissonnais sans cesse, car je voyais la tête d'Ursula tomber dans le panier de sciure, le sang jaillir en un flot épais du cou sectionné, engluant ses merveilleux cheveux noirs, et ses yeux grands ouverts, figés, inexpressifs, regardant ce ciel en quoi elle avait cru. Je voyais le dernier sursaut de son corps chaud et doux, sa chute anonyme dans quelque fosse commune.
    Oh! je savais si bien comment ça s'était passé. J'avais assisté tant de fois à de tels spectacles que j'en connaissais tous les détails.
    Avant que mes compagnons pussent m'en empêcher, je défis le cran de sûreté de mon revolver et pulvérisai le crucifix de bois et l'effigie de la Madone fixés au mur. Puis je portai la bouteille entamée à mes lèvres et la vidai sans reprendre haleine. Le Vieux essaya de me calmer, mais j'étais fou. Fou furieux. Il dut m'estourbir d'un solide coup de poing au menton.
    Quand je revins à moi, je me remis à boire. Je bus comme je n'avais jamais bu de ma vie. Pendant des jours, je ne dessaoulai pas. Je reprenais la bouteille en me réveillant et buvais jusqu'à retomber ivre mort. Finalement, le Vieux trouva que la comédie avait assez duré. Lui et Porta m'empoignèrent, me traînèrent à l'air libre et me flanquèrent dans l'abreuvoir de la ferme jusqu'à ce que j'eusse recouvré un semblant de lucidité. 
    Durant les jours qui suivirent, ils ne me laissèrent pas inoccupé une seule seconde. Quand j'allais me coucher le soir, j'étais crevé et plein de bleus, et dès que je me réveillais le matin, ils me rebalançaient dans l'eau froide de l'abreuvoir. Ils parvinrent à me tirer de ma transe. Progressivement, mes idées se clarifièrent. J'étais à nouveau vraiment lucide. Froid comme un cadavre. J'étais, en fait, un cadavre.
    Je me fis chasseur d'hommes. J'étais fou, malgré toute ma lucidité. Je passai des heures à l'affût, dans la tranchée, avec une carabine de précision à lunette de visée télescopique, prenant plaisir à descendre les Russes dans leur propre tranchée. Chaque fois que j'en voyais un sauter en l'air avec un de mes pruneaux dans la peau, je ressentais une sorte de ravissement. Un jour, Von Barring me surprit dans cette occupation. Je l'aperçus tout

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