Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nathaniel Hawthorne
Vom Netzwerk:
regardait curieusement dans une flaque – miroir que la mer avait laissé en se retirant pour que la petite Pearl pût y voir son visage. Il la regardait du bord de la flaque, entouré de boucles brunes, avec un sourire de lutin dans les yeux – image d’une petite fille à qui Pearl, n’ayant d’autre compagne de jeux, faisait signe de venir courir avec elle la main dans la main. Mais la petite fille faisait de son côté le même signe comme pour dire : « On est mieux ici ! Viens, toi ! » Et Pearl, enfonçant dans la flaque jusqu’à mi-jambes, n’apercevait plus au fond que ses petits pieds blancs, tandis que de profondeurs plus lointaines, la lueur d’une sorte de morceau de sourire montait et flottait çà et là sur les eaux agitées.
    Sa mère, cependant, avait abordé le médecin :
    – Je voudrais vous dire un mot, commença-t-elle. Un mot très important pour nous deux.
    – Aha ! M me  Hester aurait un mot à dire au vieux Roger Chillingworth ? dit le médecin en se redressant de courbé vers le sol qu’il était. Je le vais écouter de tout cœur. Çà, dame Hester, j’entends de toutes parts dire grand bien de vous ! Pas plus tard qu’hier un pieux et sage magistrat me chuchota qu’au grand conseil il fut question de votre cas. On y débattit de savoir si, sans dam aucun pour la communauté, la lettre écarlate pouvait être enlevée de votre poitrine. Sur ma foi, Hester, je fis instances auprès de ce digne magistrat pour que la chose s’accomplît au plus tôt.
    – Il ne dépend pas du bon plaisir des magistrats de m’enlever cette marque, répondit Hester avec calme. Si j’étais digne d’en être quitte, elle s’effacerait d’elle-même ou se transformerait en une autre de signification différente.
    – Portez-la alors, si tel est votre goût, répliqua-t-il. Il faut qu’une femme suive sa fantaisie en ce qui touche sa parure. La lettre est gaiement brodée et fait fort bel effet sur votre poitrine !
    Depuis le début de leur entretien, Hester Prynne n’avait cessé de regarder fixement le vieil homme. Elle était péniblement impressionnée en même temps que frappée de stupeur par le changement qu’avaient opéré en lui les sept dernières années. Non tellement qu’il eût vieilli : si son aspect laissait voir les traces du passage du temps, il portait en effet vaillamment son âge et semblait conserver une grande vigueur nerveuse et un esprit alerte. Mais son apparence ancienne sous laquelle Hester se souvenait le mieux de lui – celle d’un homme tout tourné vers la vie des idées – s’était entièrement évanouie. L’expression d’autrefois, studieuse et paisible, avait été remplacée par un air avide, scrutateur, presque farouche et pourtant circonspect. On eût dit que cet homme voulait dissimuler son air sous un sourire, mais que ce sourire le trahissait, ne flottait sur son visage que pour se moquer de lui et faire ressortir sa noirceur. De temps à autre, aussi, une lueur rougeâtre brillait dans ses yeux comme si l’âme du vieil homme avait été en feu, était restée à se consumer sous la cendre, au ralenti, dans sa poitrine jusqu’à ce que le souffle de quelque élan de passion en fît jaillir une flamme. Il l’étouffait, cette flamme, aussi vite que possible et s’efforçait de donner l’impression que rien ne s’était passé.
    En un mot, le vieux Roger Chillingworth était une preuve évidente de la faculté qu’a l’homme, de se transformer en diable si pendant assez longtemps il joue un rôle de diable. Ce malheureux personnage avait subi pareille transformation en se consacrant pendant sept ans à l’analyse d’un cœur torturé, en tirant de cet office tout son bonheur, en attisant cette douleur dévorante dont il se repaissait passionnément.
    Hester sentit la lettre écarlate lui brûler la poitrine : il y avait là encore un désastre dont elle était en partie responsable.
    – Que voyez-vous sur mon visage, lui demanda le médecin, pour le considérer aussi attentivement ?
    – Quelque chose qui me ferait pleurer s’il y avait des larmes assez amères pour le déplorer, répondit-elle. Mais passons ! C’est de ce pauvre misérable que je veux parler.
    – Ah oui ? s’écria Roger Chillingworth avec empressement comme si le sujet lui plaisait et qu’il se saisît avec joie d’une occasion d’en parler avec la seule personne dont il pût faire une confidente. À ne vous rien cacher, dame Hester,

Weitere Kostenlose Bücher