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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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toujours pas. Oskar se mit à gamberger comme le feraient de nombreux Allemands au fur et à mesure que la guerre s’approcherait de son terme.
    —  Les ennuis sont derrière nous, dit-il. Le monde a recouvré la raison. L’Allemagne peut désormais s’allier avec l’Ouest contre les Russes.
    Les espérances de Garde étaient plus modestes. Au pire, il souhaitait retrouver un ghetto qui serait un vrai ghetto, comme au temps de François-Joseph.
    Au fur et à mesure qu’ils buvaient, que la musique s’éternisait, il leur semblait de plus en plus probable que les ondes allaient leur annoncer la mort qui permettrait à l’Europe de recouvrer la santé. Ils seraient à nouveau citoyens à part entière du vieux continent. Il n’y aurait plus de prisonniers et de Herr Direktor. La radio continuait de promettre un prochain message, et, plus elle promettait, plus Oskar se sentait transporté d’allégresse.
    A minuit, nouvelle promesse. Mais ils n’y prêtèrent guère attention. Ils se sentaient déjà plus légers dans cette Cracovie post-hitlérienne. Ils envisageaient que demain, on danserait dans toutes les rues, et que personne n’oserait troubler la fête. La Wehrmacht arrêterait Frank dans son château de Wawel et encerclerait l’immeuble des SS dans la rue Pomorska.
    Peu avant 1 heure du matin, Hitler prononça un message en provenance de Rastenburg. Oskar était tellement persuadé que jamais plus il n’entendrait cette voix-là qu’il ne la reconnut pas, en dépit du ton qui lui était pourtant familier. Il pensait qu’il s’agissait simplement d’un membre quelconque du parti. Mais Garde avait bien écouté le discours, dès le premier mot, et il savait qui le prononçait.
    — Camarades allemands, disait la voix, si je vous adresse aujourd’hui la parole, c’est d’abord pour que vous entendiez ma voix, que vous sachiez que je ne suis pas blessé et que je vais bien. C’est aussi pour vous mettre au courant d’un crime sans précédent dans toute l’histoire allemande.
    Le discours, qui dura environ quatre minutes, se termina par une mise en garde contre les conspirateurs. « Cette fois-ci, nous allons régler nos comptes avec eux de la manière dont nous, nazis, avons l’habitude de le faire. »
    Adam Garde, ce soir-là, ne s’était pas laissé aller à gamberger aussi fort qu’Oskar. Hitler était plus qu’un homme. C’était tout un système avec de multiples ramifications. Même s’il venait à mourir, rien ne prouvait que le système changerait profondément. De plus, mourir en l’espace d’une soirée, ce n’était pas dans la nature d’un phénomène tel qu’Hitler.
    Oskar s’était tellement convaincu de la mort du Führer qu’il semblait abasourdi.
    —  J’ai bâti des châteaux en Espagne, dit-il.
    Il remplit les deux verres de cognac, poussa la bouteille en direction de Garde et ouvrit une boîte de cigarettes.
    —  Prenez la bouteille et les cigarettes, dit-il. Et puis, essayez de vous reposer. Nous devrons attendre encore un peu de temps avant d’être libres.
    Garde, un peu sonné par le cognac et les nouvelles contradictoires qui avaient émaillé la soirée, n’avait pas relevé qu’Oskar parlait d’être « libres », comme si Oskar et lui étaient tous deux dans le même pétrin et qu’ils dussent attendre tous deux passivement d’être libérés. Mais de retour sur sa paillasse, Garde se mit à réfléchir. Il trouvait étonnant que Herr Direktor lui ait tenu ces discours. Lui, d’habitude si rationnel, si serein, se mettait à avoir un comportement pathologique. Il trouvait ça bizarre.
    A la fin de l’été, des rumeurs commencèrent à circuler rue Pomorska et dans les camps autour de Cracovie sur de nouveaux réaménagements. Amon avait appris de façon indirecte que les camps seraient désaffectés. Oskar se posait des questions.
    En fait, la conférence sur les problèmes de sécurité n’avait que très peu à voir avec l’éventualité d’une attaque des mouvements de résistance. Il s’agissait surtout de la fermeture des camps. Amon avait convoqué Oskar, Madritsch et Bosch pour se sentir épaulé. Il serait plus à l’aise pour traiter de certains problèmes avec Wilhelm Koppe, le nouveau chef SS de la police du quartier général de Cracovie.
    Quand il se trouva dans le bureau de Koppe, Amon joua le jeu de l’homme soumis à une terrible tension nerveuse. Son visage reflétait le poids de ses préoccupations. Il

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