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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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complètement traumatisé, se rappelait une lettre qu’Amon lui avait fait taper au début de l’été. Elle était adressée à son père, l’éditeur viennois, qui avait souffert d’une allergie au cours du printemps. La lettre, pleine de bons sentiments filiaux, souhaitait au vieil homme une meilleure santé. Pemper se rappelait cette lettre parmi tant d’autres parce que, une demi-heure à peine avant qu’il eût été appelé chez le commandant pour la taper, Amon avait exécuté une archiviste. Pour lui, une exécution n’avait pas plus de poids qu’une allergie. Et quand il lui prenait l’idée de dire à un dactylo de laisser un blanc pour y inscrire ultérieurement son nom, il allait de soi que le dactylo s’exécutait docilement.
    Pemper resta plus d’une heure devant sa machine à écrire et finit par laisser l’espace en blanc. Ne pas le faire aurait été de toute façon suicidaire. Quelques jours plus tôt, Stern et ses amis avaient fait circuler des rumeurs comme quoi Schindler avait en tête de faire transférer d’autres prisonniers dans son camp, une sorte d’opération de secours, avaient-ils dit. Mais les rumeurs en provenance de Zablocie ne signifiaient désormais plus rien. Mietek tapait les rapports. Mietek laissait dans chaque rapport un espace en blanc pour qu’on puisse y inscrire son nom. Tout ce qu’il avait pu engranger sur les actions criminelles d’Amon ne lui servirait désormais plus à rien.
    Quand les rapports, tapés de façon irréprochable, furent enfin prêts, il retourna à la villa. Il se tint debout près d’une fenêtre pendant qu’Amon relisait le tout. Pemper se demandait si l’on accrocherait une pancarte sur son cadavre :
    « Ainsi meurent tous les juifs bolcheviques ! »
    —  Vous pouvez aller vous coucher, finit par dire Amon.
    —  Herr Kommandant ?
    —  J’ai dit que vous pouviez aller vous coucher.
    Pemper quitta la villa. Ses jambes se dérobaient sous lui. Amon ne pouvait pas le laisser vivant. Mais peut-être le commandant pensait-il qu’il avait tout le temps pour le tuer. En attendant, un jour de plus à vivre, c’était toujours ça de gagné.
    L’espace en blanc était en fait destiné à un vieux prisonnier qui avait trempé dans des combines avec John et Hujar et leur avait laissé entendre qu’il avait un petit sachet plein de diamants planqué à l’extérieur du camp. Tandis que Pemper dormait du sommeil de l’homme qui vient d’échapper à la mort, Amon fit chercher le vieil homme et lui offrit la vie sauve contre les diamants. Quand il les eut récupérés, il exécuta le prisonnier et ajouta son nom sur les rapports où il prétendait avoir tué la rébellion dans l’œuf.

CHAPITRE 30
     
    Les ordres de l’OKH (le haut commandement) avaient été déposés sur le bureau d’Oskar : vu la situation, Plaszow et ses camps annexes, dont Emalia, devraient être désaffectés. Les prisonniers d’Emalia se rendraient à Plaszow en attendant d’être regroupés ailleurs. Oskar allait être obligé de fermer son entreprise de Zablocie aussi rapidement que possible, ne laissant sur place que les quelques techniciens nécessaires au démantèlement de l’usine. Il pourrait obtenir des instructions supplémentaires en s’adressant aux services du redéploiement, OKG, Berlin.
    Oskar commença par piquer une rage… Le ton de la missive donnait la mesure de celui qui l’avait mitonnée : un quelconque fonctionnaire qui se souciait comme d’une guigne de ce qui se passait à l’Est. Berlin se foutait pas mal de savoir qu’Oskar et ses prisonniers avaient tissé des liens basés sur la confiance, le respect, et, plus que tout, le pain, acheté au marché noir. Voilà qu’aujourd’hui Oskar devait ouvrir ses portes, laisser filer ses gens. Et filer où ? Cela, la lettre ne le disait pas. Et c’était le pire. Frank, le gouverneur général, avait eu le mérite de la franchise quelque temps auparavant :
    — Quand, en fin de compte, nous finirons par gagner la guerre, vous pourrez faire de la chair à saucisses ou tout ce qu’il vous plaira avec les Polonais, les Ukrainiens et toute cette racaille de feignants.
    Frank, au moins, avait le courage de ses convictions. A Berlin, on fermait pieusement les yeux en parlant simplement de « regroupement ».
    Amon savait ce que cela voulait dire, et il le dit carrément à Oskar lorsque celui-ci vint lui rendre visite. Les hommes de Plaszow seraient envoyés à

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