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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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notamment quand il s’agissait d’officiers subalternes, de le laisser gagner sans que cela paraisse trop patent. Un vrai jeu, donc, qui ne permettait pas la flagornerie. Oskar, de toute façon, n’était pas d’humeur à perdre ce soir-là. Il graisserait suffisamment la patte d’Amon quand il s’agirait d’établir la liste.
    Le commandant débuta par des enjeux modestes, comme si les médecins lui avaient aussi ordonné de mettre la pédale douce de ce côté-là. Mais peu à peu, d’un commun accord, les deux adversaires firent monter la mise initiale jusqu’à cinq cents zlotys. Oskar tira le vingt et un – as et valet –, ce qui signifiait qu’Amon allait devoir payer le double de la mise.
    Manifestement, cela le mit de mauvaise humeur, mais il prit sur lui de ne pas trop le montrer. Helena Hirsch, déguisée comme à l’accoutumée en servante bien stylée, apporta du café. Elle avait l’œil droit complètement poché et paraissait si frêle et si petite qu’on se demandait comment Amon arrivait à la battre sans se plier en deux. La fille connaissait bien Oskar maintenant, mais elle ne lui adressa pas un regard. Il lui avait promis l’année passée de la sortir de là. C’est vrai que quand il venait à la villa, il s’arrangeait pour faire un saut à la cuisine et prendre de ses nouvelles. C’était mieux que rien, mais ça n’avait pas modifié sa vie d’une manière quelconque. Quelques semaines auparavant, par exemple, quand la soupe n’avait pas été servie à la température correcte – Amon était particulièrement pointilleux sur les problèmes de soupe, de chiures de mouche et de puces sur ses chiens –, le commandant avait appelé et Ivan et Petr et leur avait ordonné de l’emmener près du bouleau qui se trouvait dans le jardin pour la fusiller. Debout derrière ses fenêtres à la française, il semblait prendre un immense plaisir au spectacle de la fille trottant devant Petr armé d’un mauser et qui le suppliait.
    —  Petr, tu sais qui tu vas fusiller? C’est Helena. Helena qui te donne des gâteaux. Tu ne pourrais pas tuer Helena, n’est-ce pas ?
    —  Je sais bien, Helena. Je ne veux pas. Mais si je ne le fais pas, c’est moi qui serai fusillé, répondait Petr en serrant les dents.
    Elle appuya sa tête contre le tronc de l’arbre. Ayant si souvent demandé à Amon pourquoi il ne la tuait pas, elle ne voulait pas lui donner la dernière joie de la voir se débattre. Mais c’était presque impossible. Elle flageolait sur ses jambes et tremblait si fort qu’il devait s’en apercevoir. Et soudain, elle entendit Amon appeler de la fenêtre.
    —  Ramène-moi cette salope ! On aura tout le temps de la fusiller plus tard. En attendant, il y a peut-être encore quelque espoir de faire son éducation.
    Parfois, sans raison aucune, entre deux accès de sauvagerie, il se mettait à jouer les maîtres bienveillants. Il lui avait dit un matin :
    —  Vous êtes vraiment une servante bien stylée. Si vous avez besoin de références, après la guerre, je serai heureux de vous en donner.
    Cela ne voulait strictement rien dire et elle faisait la sourde oreille. D’ailleurs, n’était-elle pas à moitié sourde depuis qu’il lui avait crevé un tympan d’un coup de poing ? Tôt ou tard, elle le savait, il la tuerait dans un de ses accès de rage.
    Vu la vie qu’elle menait, le sourire d’un visiteur n’était qu’un maigre réconfort. Elle plaça l’énorme cafetière d’argent devant le commandant – il buvait encore son café, copieusement sucré, par pots entiers –, fit une petite révérence, et quitta la salle.
    En moins d’une heure, Amon avait accumulé des pertes d’un montant de trois mille sept cents zlotys. Il se plaignait amèrement de son manque de chance. Oskar proposa de varier les enjeux. Il aurait besoin d’une servante en Moravie, une fois qu’il se serait installé. Impossible de trouver là-bas des servantes aussi intelligentes et stylées que Helena Hirsch. Toutes des rustres. Oskar proposa un dernier tour, quitte ou double. Si Amon l’emportait, Oskar lui paierait sept mille quatre cents zlotys. S’il tirait un vingt et un, ce serait le double, quatorze mille huit cents zlotys.
    —  Mais si je gagne, ajouta Oskar, vous mettez Helena Hirsch sur ma liste.
    Amon voulait réfléchir à deux fois.
    —  De toute façon, lui dit Oskar, elle finira à Auschwitz.
    Mais Amon s’était en quelque sorte attaché à elle. Elle

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