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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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considérablement altérée depuis leur dernière rencontre.
    Oskar décida sur-le-champ que son père, après tout, n’était pas un monstre. Il posa ses mains sur les épaules du vieil homme et l’embrassa trois fois, sentant les larmes lui monter aux yeux tandis que ses anciens amis applaudissaient aux retrouvailles.

CHAPITRE 10
     
    Les conseillers du Judenrat d’Arthur Rosenzweig, qui se considéraient encore comme les garants de la vie, de la santé et de l’alimentation des habitants du ghetto, usèrent de toute l’autorité dont ils disposaient pour convaincre les policiers du ghetto qu’ils étaient d’abord au service de la population. Ils essayèrent d’enrôler dans la police auxiliaire juive (OD) des jeunes gens de haute moralité et de bonne éducation. Au quartier général des SS, on considérait les OD comme des suppléants qui exécuteraient les ordres sans broncher et feraient le boulot que toute police est censée faire. Ce n’était pas l’image que donnaient la plupart des OD au cours de l’été 1941.
    On ne peut pas nier cependant qu’au fur et à mesure que le temps s’écoulait, les OD devenaient de plus en plus suspects et furent même tenus pour des collaborateurs. Quelques-uns d’entre eux tentèrent de s’opposer au système et donnèrent des renseignements aux réseaux de Résistance, mais la plupart sentaient bien que leur existence et celle de leur famille reposaient sur la bonne volonté qu’ils mettaient à exécuter les ordres des SS. L’appartenance à l’OD allait très vite corrompre les gens honnêtes. Pour les escrocs, ça devint un filon.
    Mais dans les premiers mois de la vie du ghetto, on les considérait avec bienveillance. Au point que Leopold Pfefferberg lui-même put se permettre de devenir membre de l’OD. Quand toute forme d’éducation pour les juifs, même celle organisée par le Judenrat, fut interdite en décembre 1940, on offrit à Poldek un travail qui consistait à surveiller les files d’attente et à tenir le registre des rendez-vous de l’office du logement du Judenrat. C’était un travail à mi-temps qui lui permettait de se rendre en ville. En mars 1941, l’OD avait été créée dans le dessein de protéger les juifs du ghetto. Poldek avait accepté sans réticence de porter leur casquette. Il pensait comprendre le but de l’organisation : pas seulement veiller à ce que tout se passe bien à l’intérieur des murs, mais également faire en sorte que tous les juifs du ghetto, en tant que groupe, fonctionnent dans un système d’obéissance tribale, ce même système d’ailleurs qui, au cours de l’Histoire, avait permis aux juifs d’Europe de se faire tout petits, au point que leurs adversaires finissaient par les oublier.
    Pendant qu’il portait sa casquette d’OD, Pfefferberg pouvait faire passer des denrées interdites – articles de cuir, bijoux, fourrures, argent liquide – à l’intérieur ou à l’extérieur du ghetto. Il connaissait bien le Wachtmeister à l’entrée, Oswald Bosko, un policier adversaire du régime qui laissait passer à l’intérieur du ghetto des matières premières qu’on transformait en vêtements, en matériel de cuisine ou même en vin, et que des passeurs allaient revendre à Cracovie. Bosko ne prélevait même pas un petit droit de passage sur ce trafic.
    Une fois sorti du ghetto, Pfefferberg se planquait dans une allée déserte pour retirer son brassard avant de se rendre à Kazimierz ou au Centrum pour ses affaires.
    Il pouvait lire sur les murs de la ville ou dans les trolleys les affiches de publicité ou de propagande :  une lame de rasoir miracle, le dernier décret du gouverneur concernant ceux qui abritaient des bandits juifs, les slogans « Juifs = poux = typhus », ou encore un énorme panneau montrant une jeune et angélique Polonaise offrant un peu de nourriture à un juif au nez crochu dont l’ombre ressemblait au diable ; en dessous, un slogan: «Quiconque aide un juif aide Satan. » Sur les murs des magasins d’alimentation, on pouvait voir des photos de juifs décortiquant des rats pour en faire un ragoût, mettant de l’eau dans le lait, parsemant de poux la pâtisserie, ou encore pétrissant la pâte à pain avec des pieds crasseux. La naissance du ghetto était saluée par les forcenés de l’art mural et les valets de la plume au service du ministère de la Propagande sur tous les murs de Cracovie. Pfefferberg qui n’avait pas du tout le type juif

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