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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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du thé. Oskar répondit par quelques grognements.
    Dans la soirée Oskar, dîna chez lui avec Emilie. Elle était tout émoustillée à l’idée de l’avoir avec elle pendant les fêtes de Pâques. Ils pourraient assister ensemble aux diverses cérémonies comme un vieux couple rangé. Ce furent, en effet, des cérémonies. Ils dansèrent ensemble cérémonieusement et se firent à table mille politesses. Oskar, comme Emilie, était profondément perturbé par cette étrange incapacité à vivre comme mari et femme.
    Le vrai problème entre eux était de savoir si Emilie devrait venir le rejoindre à Cracovie. Si elle quittait l’appartement de Zwittau pour le louer, elle serait coincée à Cracovie. Elle estimait de son devoir d’être avec Oskar. La morale chrétienne lui avait appris que l’absence du foyer pouvait être occasion de pécher. Mais vivre avec lui dans une ville étrangère ne serait tolérable que s’il se montrait à la fois prudent et respectueux des sentiments de son épouse. L’ennui avec Oskar, c’est qu’il ne pouvait pas garder ses fredaines pour lui tout seul. Il fallait qu’il communique sa joie aux autres. Quand il était un peu parti, que tous ses soucis semblaient s’être évaporés, eh bien, s’il était tombé amoureux d’une nouvelle femme, il fallait que vous aussi vous l’aimiez.
    Emilie irait-elle à Cracovie ou pas ? Le problème pesait tellement lourd sur les épaules de l’un comme de l’autre que sitôt le dîner terminé, Oskar pria sa femme de l’excuser et s’en alla dans le café de la place centrale. C’était un endroit que fréquentaient des ingénieurs, des commerçants, des représentants devenus officiers. Oskar fut heureux de retrouver certains de ses anciens amis, la plupart portant l’uniforme de la Wehrmacht. Il se mit à boire du cognac avec eux. Quelques-uns exprimèrent leur surprise de voir qu’un garçon taillé en athlète comme Oskar n’était pas en uniforme.
    —  Industrie nécessaire à l’effort de guerre, grogna-t-il.
    Ils évoquèrent l’époque des motos, plaisantèrent à propos du ramdam qu’il faisait dans les rues avec ces engins… Et la grosse Galloni cinq cents centimètres cubes, le monstre… La conversation s’animait. Chacun y allait de sa tournée de cognac. D’autres vieux amis d’école sortirent de la salle du restaurant pour voir ce qui se passait :
    —  Mais c’est pas vrai…
    Eh bien si, c’était ce vieil Oskar. L’un d’entre eux finit par retrouver son sérieux.
    —  Oskar, écoute ! Ton père est en train de dîner là, tout seul à sa table.
    Oskar regarda son verre. Il avait accusé le coup, mais il finit par hausser les épaules.
    —  Tu devrais aller lui parler, dit quelqu’un. Ce n’est plus qu’une ombre, le pauvre vieux.
    Oskar dit qu’il devait rentrer à la maison. Il commença à se lever, mais les autres le forcèrent à se rasseoir.
    — Il sait que tu es là, dirent-ils.
    Deux d’entre eux s’étaient rendus dans la salle du restaurant pour tenter de persuader Hans Schindler de faire un geste. Oskar, comme pris de panique, était déjà debout en train de demander l’addition quand son père, le visage grave, apparut sur le seuil de la porte, gentiment poussé par les deux hommes qui étaient allés le chercher. Oskar s’immobilisa. Malgré tout le ressentiment qu’il éprouvait, il avait toujours pensé que si quelqu’un devait faire le premier pas, ce serait lui. Le vieil homme était trop fier. Et pourtant, il s’était laissé entraîner vers son fils.
    Comme on les poussait l’un vers l’autre, le vieillard ne put que hausser les sourcils et laisser apparaître un sourire mi-figue, mi-raisin, comme s’il voulait s’excuser. L’expression était si familière qu’Oskar se sentit mollir. « Je n’y pouvais rien, semblait dire Hans. Le mariage et tout, ta mère et moi, tout cela nous dépassait. » L’expression sur le visage de son père n’avait rien d’extraordinaire, sauf qu’elle rappelait quelque chose à Oskar – sa propre expression, ce jour même quand il s’était regardé dans la glace accrochée dans l’entrée de l’appartement d’Emilie. « Le mariage et tout, tout cela nous dépassait. » Cette mimique, la sienne, il la revoyait sur le visage de son père quelques heures plus tard.
    — Comment vas-tu, Oskar ? demanda Hans Schindler.
    Il y avait une sorte de râle dans sa voix. La santé de son père s’était

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