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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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membre de l’Abwehr à Breslau ; le troisième était celui de Franz Bosch, un ancien combattant porté sur la bouteille, directeur de l’Agence des textiles de l’Est qui avait écoulé illégalement pour Schindler quelques tonnes de marmites et de casseroles. Se penchant au-dessus de Klonowska, Oskar souligna le nom de Bosch : ce personnage influent connaissait et conseillait tous les gros bonnets de Cracovie qui s’approvisionnaient au marché noir. Oskar pensait bien que son arrestation avait quelque chose à voir avec le marché noir, un jeu dangereux dans la mesure où vous pouviez toujours trouver des personnes haut placées à qui refiler votre marchandise, mais qui vous mettait à la merci d’un employé jaloux.
    Le quatrième nom sur la liste était celui du président de Ferrum AG de Sosnowiec, le fournisseur d’acier de Schindler. Pendant que la Mercedes de la Gestapo l’emmenait vers la rue Pomorska, à environ un kilomètre à l’ouest du Centrum, Oskar réfléchissait que ces noms étaient une sérieuse garantie et qu’il n’allait pas disparaître sans laisser de trace. C’était un réconfort que ne connaîtraient jamais les quelque mille habitants du ghetto que Symche Spira avait mis sur sa liste noire et qui avaient été embarqués dans ces wagons à bestiaux à la gare de Proko-cim. Oskar, lui, connaissait quelques gros calibres.
    Le quartier général SS de Cracovie était situé dans un énorme immeuble moderne assez tristounet, mais quand même pas aussi sinistre que la prison de Montelupich. Pourtant, même si vous n’aviez jamais attaché trop de crédit aux rumeurs de tortures qui circulaient sur cet endroit, l’intérieur de l’immeuble avec ses couloirs kafkaïens et les plaques apposées sur chacune des portes des bureaux vous faisaient froid dans le dos. C’est là que se trouvaient le Bureau central des SS, le quartier général de la police et de la Gestapo, les services économiques et administratifs des SS, les services du personnel, des affaires juives, des transferts de population, les services juridiques des SS et le Reichskommissariat pour le renforcement de la suprématie germanique.
    C’est dans un bureau perdu au milieu de cette ruche qu’un gestapiste entre deux âges, qui semblait avoir, lui, quelques notions de comptabilité, commença à interroger Oskar. Le bonhomme paraissait à moitié amusé, un peu comme le douanier qui serait en train de fouiller un voyageur suspect et découvrirait que tout ce que l’autre rapportait en douce, c’étaient des oignons de tulipes pour une vieille tante. Il déclara à Oskar que toutes les entreprises qui contribuaient à l’effort de guerre étaient soumises à des vérifications comptables. Oskar n’en croyait pas un mot mais s’abstint de tout commentaire. Herr Schindler pouvait certainement comprendre, disait l’homme de la Gestapo, que les entreprises impliquées dans la fabrication de matériel de guerre avaient le devoir moral d’investir toutes leurs énergies dans ce noble effort et qu’elles ne devaient en aucun cas saper les ressources économiques du gouvernement général en se livrant à des opérations irrégulières.
    Oskar murmura avec cette voix en sourdine si particulière qu’il savait prendre quand il voulait se montrer à la fois bonhomme et un peu menaçant :
    —  Etes-vous en train de suggérer, Herr Wachtmeister, qu’il existe des rapports établissant que mon usine ne remplit pas ses quotas ?
    —  Vous menez un grand train de vie, dit son interlocuteur avec un petit sourire de connivence comme si, après tout, il était normal qu’un industriel important menât grand train. Et pour quiconque vit bien (il insistait sur « bien »), nous devons nous assurer que ses moyens d’existence découlent uniquement d’affaires légales.
    Oskar eut un large sourire à l’adresse du gestapiste.
    —  Quelle que soit la personne qui vous a donné mon nom, dit-il, c’est un imbécile et il vous fait perdre votre temps.
    —  Qui est le directeur de la fabrication à la DEF ? demanda l’homme de la Gestapo, ignorant la dernière remarque d’Oskar.
    —  Abraham Bankier.
    —  Un juif?
    —  Bien sûr. L’affaire appartenait à des membres de sa famille.
    L’homme lui dit que ses dossiers étaient peut-être en ordre, mais que s’il avait besoin de registres supplémentaires, il supposait que Herr Bankier pourrait les lui fournir.
    — Vous voulez dire que vous n’allez

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