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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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propre peau face à une vingtaine de guisarmes dont les tranchants brillaient d’un bel éclat mortel.
    « Capitaine d’armes, veuillez sorçaindre ces chevaliers, jappa-t-il en me pointant du doigt ». Il s’était levé de son trône.
    « Le ci-devant chevalier est accusé de recel d’hérétiques. Enfermez-le en la tour de Justice ! » Un doute se lut sur le visage de l’officier. Onfroi et Guilbaud avaient mis la main à l’épée, prêts à desforer.
    « Nous ne pouvons ! Ces chevaliers appartiennent à la Noble Maison du Roi ! Ce serait crime de lèse-majesté ! Je refuse d’obéir tout de gob !
    — Peu me chaut », répondit-il avec un calme inquiétant. Une moue de dédain plissait sa bouche en lame de cotel. Les lèvres pincées, aussi fines que les lames d’un rasoir.
    « Les pouvoirs d’un Inquisiteur général, de par la décrétale Multorum querela, m’autorisent dans les dix-sept diocèses de Carcassonne, depuis le concile de Vienne, à instruire toute affaire d’hérésie, à l’encontre de toute personne, quels que soient son rang ou ses décorations.
    « Nous devons extirper l’hérésie qui rampe en nos provinces de Guyenne et de Languedoc.
    — Père Salvar, je comprends que vous soyez friand d’honorer les hautes fonctions de votre charge. Je crains cependant que vous ne puissiez faire mainmise sur ma personne. Ne relevez-vous pas du Saint-Office ? Voici une lettre qui m’absout de toute accusation de recel d’hérétiques qui pourraient être portées contre moi. »
    L’un de ses assesseurs la lui remit. Son dos se voussa. Il la relut plusieurs fois, puis, à l’officier sergentier :
    « Le chevalier Bertrand Brachet de Born est libre. Ad cautelam, seulement. Si je réunis d’autres preuves contre vous, je vous conduirai au bûcher ! cracha-t-il en levant ses nasches de sa cathèdre. Avez-vous bien ouï, messire ?
    — Mon Père, je comprends votre souci. Je crains cependant que vous n’ayiez que peu de blé à moudre. Sauf peut-être à vous intéresser à dame Philippa de Thémines… L’épouse d’un capitaine d’armes du baron Bozon de Beynac.
    — Greffier, veuillez enregistrer la délation du ci-devant chevalier.
    — Ce n’est point délation, mon Père, c’est une simple suggestion. Du blé à moudre pour votre tribunal de l’inquisition, en voie de désœuvrement ».
    Onfroi et Guilbaud pouffèrent de malencontreuse façon. Je levai la main dextre. Ils s’accoisèrent.
    « Mon père, veuillez ordonner que mon épouse et ma sœur soient desferrées incontinent de la tour de Justice et conduites par-devant moi. Voici leurs lettres de rémission sur lesquelles a été apposé le seing de son Éminence, le cardinal Guillaume d’Aigrefeuille, Grand pénitencier à la cour pontificale ».
    Cette fois, l’inquisiteur devint aussi blanc qu’un linceul. Sa superbe avait disparu.
    — Las, je ne le puis ! Vos protégées ont été remises au bras séculier hier. Je crains que le bûcher qui leur était réservé, place des Capitoules, en notre cité de Toulouse, ne soit déjà dressé ».
    Soudainement pris de panique, le visage tordu par l’inquiétude, l’inquisiteur général fut pris de vertigine. Il me supplia de m’y rendre par les plus courts chemins, afin d’éviter une… terrible méprise. Il était plus blanc qu’un chou-navet.
    Mon cœur cessa de battre. L’Inquisiteur général avait-il conscience de son erreur ou souhaitait-il protéger ses privilèges ? Je ne savais, mais nous sortîmes de la salle d’audience de la maison de l’inquisition, sans le saluer. Après lui avoir arraché des mains les trois lettres de rémission de la Pénitencerie.
     
    Jean de Grave, sénéchal du Languedoc, ordonna au connétable de la cité de mettre à l’arme la moitié de la garnison. Quarante archers et vingt sergentiers. Ils devaient seller leurs meilleures montures, se tenir le pied à l’étrier, dès matines, carquois bien garnis, lances à l’arrêt, bannière déployée.
    Question de quelques heures à présent. Avant que le brasier ne soit affoué.
    Assez curieusement, je restai serein. Sans aucune raison. Tout serait tenté pour sauver des flammes Marguerite et Isabeau.

    Place des Capitouls.
    Deux bûchers.
    Deux bûchers étaient dressés sur une estrade.
    Et trois potences aussi, à cinquante pas.
    Le temps était sec.
    Des fagots étaient empilés en dessus des bûches.
    La foule se pressait déjà. Pour assister

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