La lumière des parfaits
d’Acre.
Les trois ordres militaires unis dans un même esprit de chevalerie participèrent à la défense de la ville. Les Templiers et les Hospitaliers assuraient la défense du rempart de la ville entre la mer et la tour des Anglais. Le frère du roi, Henri deuxième du nom, et les chevaliers de Syrie et de Chypre défendaient avec les frères-chevaliers teutoniques la Tour Maudite et le château de Sainte-Marie des Allemands. Heinrich von Bouland fut mortellement blessé lors des premiers engagements.
Le maître allemand, Conrad von Feuchtwangen, se trouva finalement à la tête des chevaliers teutoniques lors de l’assaut final.
Après de furieux combats, la Tour Neuve, la porte Saint-Antoine furent prises par les Mameluks le 28 mai 1291, à quatre jours des calendes de juin, à l’aube. Le château des Templiers, dernier bastion d’une résistance héroïque, tomba à son tour au crépuscule sous les coups de boutoir du sultan Al-Ashraf.
Le maître de l’Hôpital, Jean de Villiers, grièvement blessé, put être embarqué sur une galée en partance pour Chypre avec le trésor de son Ordre.
Mais aucune information n’était donnée sur les dates ou les modalités du transfert des trésors des deux autres ordres. Ni celui des Templiers ni celui Teutoniques…
Alors, où était passé le chilindre ? Contenait-il vraiment un document si précieux, au point de ne plus être mentionné dans la mémoire écrite de l’Ordre des chevaliers à la croix de sable ? Pourquoi le grand maître Burchard von Schwangen avait-il renoncé à sa charge et confié le commandement des armées teutoniques au maître provincial Heinrich von Bouland ?
La réponse me parut évidente : il avait pris connaissance du parchemin contenu dans le précieux chilindre templier. Pour le mettre en sûreté, il l’aurait soustrait avec le trésor de l’Ordre teutonique avant la fin des combats et l’avait déposé au siège de l’Ordre à Venise. À moins que cette mission extraordinaire n’ait été confiée à Konrad von Feuchtwangen, dont le courage et la bravoure avait fait l’admiration de tous lors des derniers combats et qui fut élu au magistère suprême à Venise, au mois d’avril 1292.
Quel qu’ait été le dignitaire en charge de son transport, le trésor de l’Ordre teutonique avait certainement transité par l’île de Chypre, puis par les villes de Barleta en Italie du sud, de Palerme en Sicile, en Grèce peut-être, dans le sud du Péloponnèse, avant d’être acheminé définitivement en l’an 1309 vers leur nouvelle forteresse de Marienburg.
Or donc, si mes déductions étaient fondées, l’inestimable relique, la vraie Parole de Dieu devait se trouver sous haute protection au siège de l’Ordre, sous la garde du frère-trésorier, ou mieux, sous celle de l’actuel grand maître, Winrich von Kniprode lui-même... Mais comment, dans ces conditions, en prendre connaissance ? Ce parchemin, j’en étais de plus en plus convaincu, était au cœur de mon enquête et m’ouvrirait les portes d’insondables mystères.
En parler au grand maître ? Dans le meilleur des cas, il nierait son existence ou me rirait au nez. Dans le pire, je finirai accidentellement dans les sables mouvants d’un marécage.
Un parchemin portant le sceau du premier grand maître du Temple… Un chilindre de cuivre et de plomb… Une serrure…
Qui dit serrure dit clef… Autant chercher une aiguille dans une meule de foin, me dis-je, la tête entre les mains. Une quête inaccessible, un secret bien gardé. Le secret de la Vie et de la Mort. Comment un simple chevalier banneret pouvait-il prétendre prendre connaissance d’un document que n’avaient pas réussi à s’approprier, depuis cent cinquante ans, grands feudataires et prélats, hauts dignitaires de l’Église et de la couronne de France ?
Les lignes du parchemin que j’avais sous les yeux ne furent bientôt plus qu’une succession d’images floues et de sillons de caractères qui dansaient une ronde étonnante à la lumière vacillante des bougies.
De violentes pulsations commencèrent à me marteler les tempes. Je fus à deux doigts de perdre la connaissance des choses qui m’entouraient et de mon esprit qui s’égarait vers des cimes inconnues. Le sang bourdonnait à mes oreilles. Je me levai et parcourus la salle de long en large, sous le regard inquiet de frère Ludwig.
Je tournai en rond comme un hamster dans sa cage, lorsque tout à coup je
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