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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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celui de son compain d’infortune méritait le châtiment qui lui était réservé ?
    Par mesure de précaution, ils furent brûlés vifs. Tous les deux. À l’intérieur de l’ancienne cuisine de l’évêché. Là où ils avaient trouvé grâce et pardon pour leurs fautes.
    La seule issue de cette pièce avait été soigneusement loquée et calfeutrée à l’aide de linges humides pour éviter que des miasmes ne se diffusent ailleurs et que les malheureux tentent de fuir leur destin.
     
    Deux autres condamnés à la pendaison, jusqu’à ce que mort s’ensuive, s’étaient portés volontaires pour garrotter le survivant, préparer le feu purificateur dans le foyer de la cheminée, et déposer les deux corps sur ce bûcher improvisé.
    Pendant les trois jours où ils furent confinés à leur tour, alors que d’épaisses fumées et des relents de cochon grillé s’échappaient du conduit, ils durent se demander quel sort leur serait réservé. Graciés ou exécutés ?
    Bien que l’époque où l’on tuait le cochon fût passée depuis six mois, les habitants de la ville ne semblèrent pas s’en alarmer : l’on cuisinait dans l’évêché, pour nourrir les pauvres hères. Et après ? N’était-ce point le devoir d’un homme d’Église de subvenir à leur détresse par ces temps de disette ?
     
    Pendant tout ce temps, Élie de Salignac me consigna, en sa présence, dans une petite chapelle attenante où l’on nous glissait, une fois par jour, de l’eau fraîche et une miche de pain blanc par une trappe. Nous y vécûmes à pot et à feu, mais sans feu. Nous faisions en quelque sorte pénitence, bien que la période de carême fut passée depuis plusieurs semaines.
    L’évêque plaça la dernière fiole, avec moult précautions, dans le tabernacle de l’autel. Il en verrouilla la serrure et lia la clef autour du col, sous sa chainse. Je lui sus gré de ne m’avoir alors, à aucun moment, fait endosser la responsabilité de cet espouvantable malheur.
    Grâce au Ciel, au Seigneur et à la Vierge Marie, nous sortîmes de notre réclusion de trois jours, sans contact direct avec le monde des vivants et des morts, un peu amaigris, mais sains de corps. L’esprit un peu chaffouré cependant. On l’aurait été pour moins.
    J’avais dû jurer sur les saintes écritures, de ne jamais faire la moindre allusion à ce dramatique événement ni au supplice des malheureux condamnés.
    Lorsque je sus, tout à fait par hasard, quelques semaines plus tard, que les deux bourreaux improvisés avaient été graciés, puis emmurés à vie, j’en vins à craindre pour la mienne.
    Un témoin mort ne parle pas. On redoute moins une langue morte qu’une langue qui pourrait se délier et clabauder à tout va…

    Marguerite était d’une beauté éblouissante, en ce jour des nones de juillet.
    Elle sauta de cheval, se précipita vers moi, les bras ouverts. Je la serrai sur ma poitrine, baisai son col, ses joues, ses lèvres, l’enlaçai tendrement et plaquai ma bouche sur la sienne en une longue patoune. Elle me rendit mon baiser par une étreinte charnelle d’une grande douceur. Nos deux corps en communion retrouvèrent incontinent des sensations que j’avais craintes oubliées.
    Lui prenant la tête à deux mains, je l’écartai de mon chef pour mieux mirer mes yeux dans les siens et jouir de leur pétulance. De sa joie, de l’amour que nous nous portions et que j’avais cru émoussé.
     
    Nos enfants s’agrippaient à sa robe et lui vantaient toutes les prouesses qu’ils avaient faites en son absence, passant sous silence leurs fredaines de galapians.
    Guillaume, notre puîné, était bercé par le chevalier de Lebestourac. Il serait prochainement plongé dans les fonds baptismaux par icelui. Nous avions décidé de lui donner même prénom. Sur l’heure, le bon chevalier, son futur compère, le tenait à bout de bras, l’initiait au pas, au trot et au galop pour leur plus grande joie à l’un et à l’autre.
    Il avait été mis au monde, non par une ventrière, mais par l’un des mires qui dispensaient leur docte enseignement à ma tendre épouse. Elle me conta son accouchement par le menu, selon une longue habitude qui était la sienne, en des termes bien savants qui dépassèrent mon entendement ; mais son bonheur, son rayonnement illuminaient les visages de toute notre mesnie.
     
    Je la vis déjà de toge et d’épitoge vêtue, un diplôme de miresse en main, portant le sceau de quelque

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