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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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équipée sauvage, Jean d’Armagnac et le maréchal de Clermont, appuyés par le connétable de Bourbon, ont bien tenté de lever des troupes dans la sénéchaussée de Beaucaire.
    « Mais, dans l’ignorance des voies qu’il leur aurait fallu barrer, dès lors qu’il leur était impossible de fortifier en quelques jours tout le Languedoc et de garnir toutes les places d’hommes d’armes en quantité suffisante pour soutenir un siège, ils n’ont réussi qu’à harceler l’Anglais et le Gascon sur leurs arrières et les obliger à lever le siège des villes dont les enceintes n’auraient pu repousser les assaillants que durant quelques jours, au mieux.
    « Lorsque le prince de Galles a tourné bride, les faubourgs de Carcassonne ont brûlé derechef. Du côté de Gimont, sa bride a percé et mis en vaudéroute une bataille française.
    — Et la ville de Montpellier ? m’étais-je enquis alors, le cœur serré.
    — Les villes de Montpellier, de Nîmes, de Béziers n’étant point sur leur parcours, elles ont été épargnées, rassurez-vous messire Bertrand. Il n’en a pas été de même des cités de Clairac, de Tonneins, ni de la bastide royale de Montréal qui a été prise elle aussi.
    « Déjà nos troubadours chantent les louanges du roi Édouard et de son fils que le chroniqueur Froissart a rapportées après le pillage de la ville de Castelnaudary :
     
    “Là eut grand occision et persécution d’hommes et de bidauts. Ainsi la ville toute courue, pillée et robée, et tous les bons avoirs pris et levés.
    Les Anglais ne faisaient compte ni des draps ni des pennes, fors de vaisselle d’argent ou de bons florins.
    Et quand ils tenaient un homme, un bourgeois ou un paysan, ils le retenaient prisonnier et le rançonnaient, ou ils lui faisaient meschief du corps s’il ne se voulait rançonner…
    Ainsi trouvaient les Anglais et les Gascons le pays plein et dru, les chambres parées de coutres et de draps, les écrins et les coffres pleins de bons joyaux. Mais rien ne demeurait de bon devant ces pillards, et par espécial Gascons qui sont moult convoiteux” , avait-il déploré en reposant le parchemin dont il nous avait donné lecture.
    « De telles vendanges, nous en avons déjà connues, mes beaux sires, depuis dix ans. Il est beaucoup plus inquiétant de savoir qu’à Bordeaux, l’un de leurs ateliers connaît un formidable regain d’activités : celui qui frappe monnaie. Voyez ces pièces, mes beaux seigneurs, des léopards d’or et des gros d’argent ! » lâcha-t-il en lançant sur la table plusieurs d’icelles. Elles cliquetèrent, tournoyèrent et se couchèrent en projetant des reflets chatoyants.
    « Elles envahissent déjà notre comté ! Une monnaie aux armes d’Angleterre ! L’Anglais est riche, alors que les finances royales sont exangues. Le prince de Galles se joue de nous, nous humilie. Il presse sa marque sur notre vieux duché d’Aquitaine, après l’avoir pareillement gravée sur la Normandie.
    — Cela est-il si grave, Baron ? s’enquit Mareuil. Le commerce de nos bourgeois n’en profitera-t-il pas ? Ne renflouera-t-il pas le trésor royal ? Sols et deniers n’ont-ils pas perdu les 8/10 e de leur valeur en poids d’argent depuis un an, à en croire Pierre de la Forêt, chancelier de France, qui a exposé au Parlement la détresse financière du royaume ?
    — Si fait, et la solde des chevaliers, des écuyers et des gens de pied pourrait bien s’en ressentir, si le roi Jean n’obtenait pas de nouveaux subsides des états généraux, s’ils ne votent point une aide au roi ; notre service d’ost n’est que de quarante jours, s’inquièta le baron de Bourdeilles.
    — Peu nous chaut, le coupa Bozon de Beynac. Lors de la réunion des états, en la grand’salle du palais de la cité, le deuxième jour du mois de décembre dernier, le prévôt des marchands de Paris, Étienne Marcel, s’est porté fort, avec ses échevins, de lever un impôt de huit deniers pour livre, sur toutes les ventes. À la charge du vendeur : le blanc au châtel sera frappée dans les jours prochains en les ateliers royaux. Orné de fleurs de lys, il pèsera plus de 4 grammes d’argent à 333 millièmes !
    — Une monnaie trop forte pour tenir sur le marché », s’indigna le baron de Biron. Cette remarque mit heureusement fin à une controverse sans grand intérêt pour la suite des décisions.
     
    L’exception majeure à notre relative quiétude se

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